THREAD SUR LA RÉVOLUTION DES OEILLETS: En ce 25 Avril 2020, j’ai preparé un petit résumé de cette révolution qui a eu lieu au Portugal en 1974 et de son importance dans l’esprit du peuple portugais.

Le 28 mai 1926, le général Gomes da Costa commet un énième coup d'État, mettant fin au régime parlementaire et instaurant une dictature militaire. Celle-ci se consolide avec l'arrivée en 1928 d'Antonio de Oliveira Salazar, prof d'économie politique, comme ministre des Finances.

En exigeant que son ministère puisse seul autoriser les dépenses, Salazar redresse rapidement le déficit du pays depuis plus d'un siècle. Suite à cela il est nommé président du Conseil en 1932, charge qu'il occupera jusqu'à sa mort en 1968.

Il met en place l’ « Estado Novo » (État Nouveau), un régime autoritaire, conservateur, catholique et nationaliste. Il a pour devise « Dieu, Patrie et Famille ».

Ses principes, inspirés du régime de Mussolini, résident dans le rejet de la souveraineté populaire, une forte autorité de l'État au service de la nation, le corporatisme (le peuple représenté par des élus provenants des métiers), le refus de la lutte de classes, du socialisme..

Le droit de vote existe mais de manière restreinte. Les partis de l’opposition sont illicites et seuls les candidats officiels ont droit à des aides pour leurs campagne électorale.

Seul les hommes ayant plus de 21 ans et sachant lire et écrire ainsi que les femmes ayant une licence ou une maîtrise peuvent voter

Salazar met en place une Police d’Intervention et de Défense de l’État (PIDE) qui emprisonne, tue et torture les opposants politiques. Certains sont mis en exils. Pas très fair-play le monsieur..

Mais les problèmes pour Salazar et l’Estado Novo commencent à s’amplifier à partir des années 1950. Quand La plupart des pays européens doivent accorder l’indépendance à leurs colonies, Salazar, lui, adopte une position contraire.

Les colonies sont une source d'approvisionnement bon marché et une terre de peuplement pour le Portugal qui est alors un pays pauvre par rapport à ses voisins européens.

Pour suivre cette lancée, il mène la guerre contre les mouvements anti-colonialistes qui luttent pour l'indépendance en Angola et au Mozambique reçoit l'appui de l’Afrique du Sud pays voisin dirigé par un gouvernement pratiquant l'apartheid contre les minorités non-blanches.

De 1961 à 1974, près de 8 000 jeunes Portugais meurent dans les combats en Afrique et des milliers d'autres quittent clandestinement le Portugal, vers la France en particulier, pour échapper au service militaire obligatoire. Cette guerre est un gouffre financier pour le Portugal.

En 1968, Salazar meurt d'un accident vasculaire cérébral. Diminué intellectuellement et physiquement, il est écarté du pouvoir tout en étant nommé «  Président du Conseil à vie ».

Son successeur est alors Marcelo Caetano, un ancien responsable du mouvement de jeunesse salazariste.

Alors que La dictature mise en place par Salazar dure depuis les années 30. En 1974, Marcelo Caetano est au pouvoir et gouverne le pays d'une main de fer, aidé par la police secrète et la police militaire. Les colonies portugaises sont en révolte depuis le début des années 60.

Le commandant des Forces Armées en Guinée, António de Spínola tente de convaincre Marcelo Caetano, de trouver une solution politique aux guerres coloniales qu'il considère comme perdues car les pertes en hommes sont énormes et le moral des troupes très affecté.
Caetano refuse.

Dès 1973, des officiers d'extrême gauche conspirent contre le pouvoir en place et une partie des officiers commence a tourner le dos au régime créant ainsi le Mouvement des Forces Armées (MFA)

Le 16 Mars 1974, une première tentative de Coup D’état a lieu, mais elle echoue.. 200 militaires se font arrêtés.

Dans le même temps, Spínola tente de plus en plus d’influencer le MFA sur les préparatifs du coup d'État mais aussi sur son programme.

Grâce à un effet de surprise, les capitaines du MFA ont immédiatement pris possession des moyens de communication et obtenu le soutien actif de la population, le Coup d’État est en place.

Le 25 avril 1974, à 0h25, la radio nationale diffuse une chanson révolutionnaire interdite par le régime « Grandola Vila Morena » de Zeca Alfonso. C'est le signal de l'insurrection.

Le Mouvement des Forces Armées s'empare des points stratégiques militaires et politiques et force Caetano à la capitulation.

Malgré l’appel des capitaines a la radio incitant la population à rester chez elle, ce sont des milliers de portugais descendent dans les rues, au mépris des consignes militaires.

L'un des points centraux de ce rassemblement est le marché aux fleurs de Lisbonne richement fourni en œillets. Celeste Caeiro, fleuriste, en donne à plusieurs militaires. Certains militaires insurgés mettront cette fleur dans le canon de leur fusil, d’où le nom de la Révolution

Pendant ce temps, Marcelo Caetano, réfugié dans la caserne principale de la gendarmerie de Lisbonne, est encerclé par le capitaine Salgueiro Maia et ses hommes, tous membres du MFA.

Voulant à tout prix éviter que le pouvoir ne tombe dans la rue, il accepte de se rendre à condition de remettre le pouvoir au général Spínola, ce qui sera fait après accord du MFA. Caetano est alors emmené sous escorte et mis en exil au Brésil.

Seule la PIDE, police politique oppose une résistance armée (qui ne durera pas) et tire sur la foule occasionnant ainsi la mort de 6 personnes. Il est à noter que ce furent les seules victimes de la révolution.

Les prisonniers politiques sont libérés. Les dirigeants des partis politiques en exil peuvent dès lors rentrer triomphalement au Portugal : dont le socialiste Mário Soares et le communiste Alvaro Cunhal

Pendant les mois qui suivent, Lisbonne bouillonne d'effervescence révolutionnaire. On refait le monde dans les bars de la capitale.

Les années qui suivent le 25 avril sont marquées par la démocratisation du pays et la décolonisation. Par conséquent, le 10 décembre 1974 la Guinée-Bissau déclare son indépendance, suivie du Mozambique, du Cap-Vert, de Sao Tomé-et-Principe et de l'Angola et de Cabinda (en 1975)

Une nouvelle Constitution, sociale et démocratique, voit le jour le 2 avril 1976 et les élections législatives du 25 avril suivant consacrent le triomphe de la démocratie parlementaire.

Mais la situation politique, économique et sociale du pays ne se normalisera vraiment qu'avec l'entrée du Portugal dans l'Union européenne en 1986.

Depuis, Le 25 avril est un jour férié au Portugal, appelé « Fête de la liberté ».

En mémoire de la révolution du 25 avril 1974, le grand pont suspendu qui enjambe le Tage à Lisbonne, jusque-là nommé « pont Salazar », a été rebaptisé « pont du 25 Avril ».

De nombreuses rues portugaises portent depuis le nom Avenida da Liberdade (« avenue de la Liberté ») ou Avenida 25 de Abril (avenue du 25 avril).

Le Portugal, malgré d’autres crises survenues par la suite, est depuis devenu un des pays les plus libres et sûrs en Europe et dans le Monde

Voilà c’est la fin de ce Thread un peu long, mais j’espère qu’il vous aura plu et que j’aurais fait découvrir ce moment historique de mon pays d’origine, dont on ne parle pas très souvent ! Comme quoi il est possible de changer un pays de façon « pacifique »

PS: j’allais oublier, pour ceux que ça intéresse il y a un film super intéressant sur la révolution qui s’appelle « Capitaines d’avril » (Capitaes de Abril) dont j’ai tiré certains extraits et photos dans mon thread !