Là dessus, mon opinion.

Il m'est arrivé d'être interrogé par des journalistes sur des sujets en dehors de mon domaine de compétence parce qu'ils étaient tombés sur des propos légers échangés sur des réseaux sociaux ou des blogs. https://twitter.com/econoclaste/status/1254000134209318912

Par "propos légers" je ne veux pas dire que je disais n'importe quoi, mais que je tenais une "conversation de machine à café", par opposition à l'écriture d'un article scientifique (un article prend des mois à préparer…).

Par exemple, j'ai été interrogé sur la consommation des panneaux publicitaires, parce que j'avais un jour posté quelques remarques consistant essentiellement en l'application de formules d'électricité niveau… lycée ? (calculer les kWh d'après la puissance consommée et le temps)

J'ai été interrogé sur une histoire de loi de Moore appliqué à la biologie, où tout ce que j'ai pu dire c'est que je n'y connaissais rien à la biologie, mais que la loi de Moore c'est une prophétie autoréalisatrice sur une loi exponentielle (niveau lycée, ça aussi).

Cela m'a donné l'impression qu'en matières de sciences et techniques, les journalistes ne savent souvent pas qui interroger, et vont demander à des gens qui semblent avoir un titre ronflant (professeur, directeur de recherche) et qui ont parlé du sujet.
Je peux me tromper.

Or des professeurs et des directeurs de recherche (sans parler des maîtres de conférences et des chargés de recherche) il y en a une pelletée, et tous ne sont pas pertinents.
[mettez ce tweet en inclusif dans votre tête]

Par exemple, j'ai vu pas mal de collègues avec des connaissances plus ou moins avancées en mathématiques faire tourner des modèles épidémiologiques (SIR etc.).

Pourquoi pas pour se stimuler intellectuellement, pour voir si ce que les politiciens nous racontent est plausible…

Moi-même j'ai fait remarquer ici qu'il n'est pas surprenant qu'une croissance exponentielle explose, ou qu'on aurait 300000 morts en France sans confinement en "immunité de groupe" si les modèles et leurs paramètres sont corrects.

(Ici petite remarque: ceci est une prédiction sur un modèle très simple, qui suppose certaines hypothèses sur la maladie et sa propagation. Toutefois, une fois admises ces hypothèses, il n'y a pas lieu d'être surpris du résultat, de se tordre les mains ou d'accuser les chiffres)

Le problème est si ces remarques, tenues dans des conversations informelles entre non spécialistes (pas des épidémiologistes; juste des gens qui savent ce qu'est une équation différentielle ordinaire) sont reprises par des journalistes comme des avis scientifiques.

Pire: apparemment des collègues (physiciens etc.) non spécialistes d'épidémiologie font tourner des modèles simplistes et envoient des preprint…

Je comprends donc que dans ces circonstances, les services de presse des grands organismes proposent des listes de personnes qui connaissent vraiment les sujets évoqués.

Au passage, je vous rappelle qu'on a en ce moment même des discussions sanglantes sur les applications de "traçage" de l'épidémie via les smartphones…