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pourquoi Hayti fut exclue du Congrès de Panama en 1826 alors que c'était le seul pays qui aida la Grande Colombie pour son indépendance?
INTRODUCTION :

le Président A. Pétion avait accueilli sur le sol haïtien les chefs insurgés F. de Miranda en 1806 et S. Bolívar (par deux fois en 1815-16) et les avait aidés très concrètement. Cette ingratitude reste difficile à expliquer.
1.

Dans le temps où l’indépendance des États de l’Amérique méridionale venait de se consolider, par la reconnaissance formelle qu’en fit la Grande-Bretagne, ainsi que les États-Unis de l’Amérique septentrionale ;...….
......se ressouvenant, d’ailleurs, de la conduite tenue par Bolivar envers Haïti, qu’il avait exclu du congrès de Panama, Boyer crut devoir faire une démarche ostensible auprès du gouvernement de la Colombie pour lui proposer « une alliance purement défensive » avec Haïti.
Jean-Pierre Boyer (président d'Hayti à l'époque) fonda cette proposition sur ce que la République croyait son indépendance menacée par la France.
Au fait, il ne s’abusait point sur le résultat probable de cette démarche, d’après le précédent de 1821 ; et, dans cette pensée, son envoyé fut chargé d'aller au près du gouvernement Colombien.
en cas de refus, de réclamer le montant intégral de la valeur de toutes les armes et munitions, de tous autres objets de guerre que la République avait fournis à Bolivar en 1816 (Pétion), pour lui donner les moyens de reconquérir sa patrie sur les Espagnols.
À cet effet, il expédia le citoyen F. Desrivières Chanlatte, directeur de l’imprimerie nationale du Port-au-Prince, muni de ses pleins-pouvoirs, pour se rendre à Santa-Fé de Bogota, alors capitale de la Colombie, où siégeait le gouvernement.
À cette époque, Bolivar se trouvait au Pérou, et le général Santander, Vice-Président, dirigeait cette République.
Il accueillit l’envoyé haïtien avec beaucoup d’égards, mais il déclina la proposition de l’alliance, par la raison, disait-il, que les traités faits avec d’autres États s’y opposaient.
Alors, Chanlatte lui présenta la réclamation dont il était chargé. Santander n’y fit aucune difficulté ;......
mais, comme le trésor colombien ne pouvait disposer de la somme à payer, et que l’envoyé d’Haïti en eût même été fort embarrassé, le ministre des finances lui remit des traites sur un banquier de Londres,.....
au payement desquelles le plénipotentiaire de la Colombie, en Angleterre, devait d’ailleurs concourir. Elles furent acquittées, en effet ; et cette somme fut employée à payer des armes, des munitions, des objets d’équipement et d’habillement.
La réclamation qu’il fit valoir fut l’objet de quelque critique en Haïti : on prétendit que c’était enlever à la mémoire de Pétion le mérite qu’il avait eu en secourant Bolivar et ses compagnons dans le refuge qu’ils vinrent y chercher.
Mais, à quelle condition principale Pétion avait-il accordé ces secours ? À la condition de l’émancipation réelle des esclaves de la Côte-Ferme.
Si Bolivar avait déclaré la liberté générale de ces infortunés, pour être fidèle à sa promesse, n’avait-il pas dû souscrire ensuite à l’opposition qu’il rencontra parmi ses concitoyens ? Était-ce à lui seul que Pétion entendait donner ces secours ?
Ces armés, ces munitions, etc., ne profitèrent-elles pas à la cause des Indépendances qui, par ces moyens généreusement fournis, réussirent à expulser les Espagnols de leurs territoires ?
Du moment que, dans leur égoïsme, ils refusèrent de reconnaître les droits des milliers d’hommes qu’ils tenaient sous l’esclavage, qu’ils oublièrent la condition des secours qui leur furent accordés au nom d’Haïti, Haïti avait le droit de réclamer la valeur de ses objets qu’elle.
Et Bolivar lui-même, d’accord avec ses concitoyens, n’avait-il pas montré envers Haïti l’influence des préjugés de couleur, en ne la convoquant pas à son congrès de de Panama ? Quel aurait été le but de tous les États de l’Amérique représentés à ce congrès ?
De s’unir pour s’opposer aux prétentions exorbitantes de la Sainte-Alliance des potentats de l’Europe. Et dans le cas d’une agression seulement de la part de l’Espagne contre une de ses colonies émancipées, est-ce que toutes les autres ne prêteraient pas à celle-ci leur appui ?
Ce n’était donc qu’un prétexte de la part du Vice-Président de la Colombie, quand il refusait une alliance avec Haïti, pour la secourir à son tour d’une manière quelconque, en cas qu’elle eût été attaquée par la France.
Son refus entraînait la restitution de la valeur des objets fournis par la République d’Haïti ; Boyer eut donc raison de la faire demander.
2. LA VÉRITÉ

Lors du Conseil extraordinaire du gouvernement du jeudi 8 juillet 1824, Pedro Gual, secrétaire des Relations extérieures de la république de Colombie, lit une lettre de Jean Desrivières Chanlatte qui, avec le titre d’Envoyé du gouvernement haïtien.
Éduqué en France, et après avoir été le secrétaire de Pétion,cet agent faisait office à l’époque de directeur de l’imprimerie de l’État . L’intention du diplomate est de négocier une alliance offensive et défensive,mais aussi d’organiser les relations commerciales.
Lors de sa prise de contact avec les autorités colombiennes, Desrivières Chanlatte avait cru pertinent de présenter divers documents qui montraient que Simón Bolívar, en tant que chef suprême du Venezuela, avait cherché déjà à contracter des traités d’amitié et l’alliance.
La question est jugée par le Conseil du gouvernement comme « très délicate », dès lors que la proposition de l’envoyé haïtien ne pouvait être rejetée sans faire preuve d’une claire démonstration d’ingratitude, en raison de l’aide que Pétion.
Cependant, la signature de traités diplomatiques avec le gouvernement haïtien implique un risque grave pour la sécurité de la république de Colombie.
En effet, en franchissant un tel pas, les autorités de Bogotá, s’attireraient inévitablement « la haine et la mauvaise volonté de la France », au moment même où elles s’efforçaient d’obtenir la reconnaissance de l’indépendance de la part des puissances européennes.
il ne faut pas oublier qu’aucune d’elles n’avaient alors établi des relations officielles avec la Colombie et qu’à cette date la possibilité que la Sainte-Alliance participe activement à la guerre mettant aux prises l’Espagne et ses anciennes colonies, inquiétait le gouvernement.
Par conséquent, le Conseil de gouvernement décide qu’il soit répondu à l’envoyé haïtien « avec civilité et en lui indiquant que la Colombie ayant des alliances et des liens confédéraux avec les autres États indépendants de l’Amérique anciennement espagnole…...
elle ne pouvait pas, sans leur consentement, contracter une alliance avec Haïti, car cela ne ferait qu’attirer à la confédération américaine un ennemi de plus comme la France ».
C’est ainsi que dans sa réponse, Pedro Gual devait inclure une invitation pour que l’envoyé demande à son gouvernement de réitérer sa demande d’alliance offensive et défensive auprès du congrès des plénipotentiaires, qui devait se réunir l’année suivante dans l’isthme de Panamá.
Dans le même temps,Gual devait rappeler dans ce document que la conduite adoptée par la Colombie était,dans son essence,identique à celle suivie par Haïti jusqu’en 1816,période ou elle s’était abstenue de s’engager en faveur des États américains afin de ne pas irriter l’Espagne.
La Colombie espérait, in fine, que cette stratégie bénéficierait à Haïti, dès lors qu’en intégrant la communauté des nations, les autorités de Bogotá pouvaient éventuellement faire office de médiatrices avec la cour parisienne.
En vertu de cette ligne de conduite, Pedro Gual présente devant le Conseil de Gouvernement, le 12 juillet 1824 un projet de réponse qui est adopté moyennant quelques modifications, et envoyé à Desrivières Chanlatte trois jours plus tard.
Le ministre colombien des Relations extérieures communique immédiatement à son agent, à Londres, la décision prise de différer l’établissement de relations diplomatiques avec la République haïtienne.
Cette décision a pour double objectif de ne pas déclencher de la part de la République haïtienne de la « méfiance ou des rivalités » et d’éviter de faire des « avancées démesurées et prématurées » à un gouvernement qui n’était reconnu par aucun autre pays.
Le ministre confie, en outre, que la copie de la réponse donnée par les autorités colombiennes à Desrivières Chanlatte pouvait s’avérer utile à leur représentant à Londres et faciliter les négociations en Europe.
Ainsi, le refus d’établir des relations officielles avec les Haïtiens vise à montrer la modération du gouvernement de Bogotá et son souci de l’éloigner de toute manœuvre susceptible de lui attirer l’inimitié des puissances européennes.
Un tel positionnement explique également l’exclusion d’Haïti du Congrès de Panamá. Car la présence de représentants du gouvernement de Portau-Prince à l’assemblée invitante amènerait immanquablement les États-Unis à s’abstenir d’y participer.
Grâce à la correspondance du ministre des Relations extérieures de la république de Colombie avec ses agents en Europe, on sait que la décision de ne pas souscrire de traités d’alliance et de commerce a été reçue de façon très désagréable par les autorités haïtiennes.
En effet, en septembre 1826, Seguy Villevaleix, missionné par le gouvernement d’Haïti auprès de la cour parisienne, se plaint avec amertume à José Fernández Madrid de cette situation, sans manquer de rappeler une nouvelle fois les services rendus par Pétion à Bolivar.
….et de signaler l’incongruité d’une telle mesure après les propositions en vue de nouer des relations d’amitié entre les deux pays faites par ce dernier quelques années auparavant.
Fernández Madrid explique de nouveau les raisons qui ont fondé la décision de la Colombie, mettant en exergue sa position délicate vis-à-vis de la France.
Il mentionne, ensuite, la prudence que les nouveaux États américains doivent observer en ce qui concerne leurs relations avec Haïti dans la mesure où il existe en leur sein un grand nombre d’esclaves.
Le commissaire haïtien assure alors que son gouvernement est disposé à se conformer à toute restriction imposée par la Colombie dans leurs relations, en s’abstenant, par exemple, d’envoyer des agents ou des consuls en des lieux où leur présence pourrait sembler dangereuse.
Villevaleix savait naturellement que cette restriction ne pouvait s’appliquer à la ville de Bogotá où le nombre d’esclaves était insignifiant.
Le discours de Fernández Madrid révèle que la peur d’agitations raciales est l’une des raisons ayant motivé la décision de la Colombie de ne pas souscrire des traités d’alliance avec Haïti en 1824.
Deux documents des archives du Congrès confirment cette hypothèse. Le premier est l’acte de la session privée du Sénat, correspondant au 21 mai 1824.
Haïti était perçue par la l'Amérique comme une menace. N'étant pas reconnu et gouvernée par des noirs, les préjugés s'ajoutaient sur ce pays.
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