Je voulais le faire depuis longtemps, voici un thread sur la thèse que j'ai soutenue il y a peu.

On va parler financement par projets, «néolibéralisation» de l'Union européenne et de ce que la politique culturelle peut nous dire de tout ça (avec des vrais bouts de thèse dedans)!
L'objectif de mon travail c'est de montrer que l'étude de la politique culturelle permet de comprendre pas mal de choses sur l'évolution des politiques publiques en générale, notamment parce qu'elles ont été envahies par le financement par projets.
La période historique que j'analyse va des années 1990 à nos jours. Une période qui constitue en Europe un moment de réforme des politiques culturelles que de nombreux chercheurs ont depuis baptisé le « tournant créatif des politiques culturelles ».
Le tournant créatif, c'est l'idée d'une redéfinition des politiques culturelles au nom de la « créativité », par la généralisation du financement par projets, d’un lexique entrepreneurial et d’outils de calcul « d'impact » pour encadrer le subventionnement de la culture.
Au niveau de l'Union européenne, ce « tournant » apparaît plutôt explicitement, puisqu'en 2013, la Commission européenne met en place un programme intitulé « Europe Créative », venant remplacer le programme de financement historique intitulé « Culture ».
La plupart des travaux qui s’intéressent à ces réformes se restreignent trop souvent à se disputer théoriquement entre 2 positions : soit en faveur de ce « tournant créatif », soit en sa défaveur - il est alors qualifié de « tournant néolibéral » par les auteurs critiques.
J'ai tenté de dépasser le cadre de cette dispute académique, en ne m’arrêtant pas à une analyse strictement conceptuelle du « tournant », pour prendre en compte la façon dont les réformes de la politique culturelle européenne sont concrètement mises en pratique.
Je vous propose, pour simplifier, de résumer la thèse en 4 résultats principaux. Je vous les mets dans des threads séparés juste ci-dessous, c'est parti !
https://twitter.com/libidosciendi/status/1253745523137396736?s=19
https://twitter.com/libidosciendi/status/1253746242686980103?s=19
https://twitter.com/libidosciendi/status/1253747553914499073?s=19
https://twitter.com/libidosciendi/status/1253748075602104329?s=19
Ce que mon enquête montre pour conclure, c’est qu’il est possible de dépasser une vision du tournant « néolibéral » comme un phénomène surplombant, homogène et uniforme, grâce à l’étude de la mise en application pratique des réformes observées.
Une telle approche permet de comprendre comment la modernisation agit aux interstices, de façon contradictoire et incertaine, entre plusieurs conceptions et par le biais de groupes d’acteurs très divers.
En mobilisant le terme de modernisation plutôt que néolibéralisation, j’ai mis en avant le rôle joué par ce qui représente le non-moderne/l’archaïque au cours d'une réforme, mais aussi souligné le rôle de la critique dans poursuite du projet néolibéral.
Ce regard porté sur la réforme des politiques culturelles européennes peut être transposé à des transformations similaires visibles au sein d’autres domaines, à commencer par celui de la recherche, où les injonctions à l’innovation et à la créativité sont de plus en plus fortes.
Voilà ! Merci à celles et ceux qui ont lu jusqu'au bout.
Si vous voulez en savoir davantage, sans nécessairement lire toute la thèse, j'ai mis en ligne un résumé en 15 pages ici : http://mehdi.arfaoui.net/R%C3%A9sum%C3%A910pages.pdf
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