Si on se fait harceler à ce point sur le sujet des troubles mentaux et du handicap, c'est probablement parce qu'on représente ce que les gens normaux détestent.
Nous inversons le stigmate et nous en faisons un objet de fierté, et c'est vrai pour toutes les minorités opprimées.
C'est toujours le même argument qui revient. Pourquoi vous affichez votre identité de femme ? votre orientation sexuelle ? votre transidentité ? votre couleur de peau/vos pays d'origine ? votre religion ?
L'inversion du stigmate n'est jamais interprétée comme telle.
Les privilégié.e.s n'ont pas de stigmate à inverser. Iels ne comprennent ni la Gay Pride, ni la Trans Pride, ni la Black Pride, ni la Mad Pride, ni la Disability Pride.
Les privilégié.e.s ne peuvent comprendre qu'un stigmate peut s'inverser. Un stigmate est tjs source de honte.
C'est une insulte. Le lieu favori de leur humour. "Pédé", "malade mental", "retourne dans ton pays", "t'es handicapé ou quoi ?", "fais pas ta gonzesse" (liste non exhaustive)
Comment peut-on tirer de la fierté de ça ?
Comment, après toute une vie passée à ne pas sortir des clous, à justifier les normes de toutes les façons possibles pour se légitimer leur adhésion, peut-on concevoir que des gens soient fier.e.s d'être ce qui est détestable ?
L'inversion du stigmate n'est jamais reconnue comme telle. Elle est au contraire interprétée comme exhibition du stigmate. Comme objet de pitié.
Nous chercherions à susciter leur aptoitement. Nous querrions l'aumône de leur attention. Nous voudrions être plaint.e.s.
Et voilà comment des gens qui n'ont rien d'autre qu'un profond besoin d'attention en arrivent à s'attribuer de faux stigmates. Ces gens, dont on dénie les troubles/maladies/handicaps tout en réclamant leur internement, s'achèteraient de l'attention et de la fierté à bas prix.
Mais on ne peut pas être fier.e de choses comme ça.
Parce que ça n'a pas de sens d'être fier.e d'être un homme, d'être blanc, d'être cis, hétéro, valide.
Et c'est pour ça que des hordes de harceleurs reviennent sans cesse avec l'argument "vous vous victimisez".
Notre condition est une honte. L'afficher est victimaire. Les "vrai.e.s malades", pour reprendre un exemple tant de fois ressassé, ne s'affichent pas. Iels font tout pour se cacher, se faire oublier. Parce que c'est là qu'est leur place.
Parce que nous nous exprimons, nous ne pouvons pas être ce que nous prétendons être. Car les conditions diverses auxquelles nous affirmons notre appartenance sont, par essence, celle des sans-voix.
Nous ne voulons pas de votre pitié.
Nous ne voulons pas de votre attention.
Nous ne voulons pas de votre malveillance.
Nous ne voulons pas de vous. Nous nous moquons éperdument de vous.

Nous voulons pouvoir nous reconnaître. Nous entraider. Tisser des liens entre nous.
Accéder à des contenus qui nous concernent. Apprendre. Nous imprégner de l'existence des autres.

Nous pouvons très bien nous passer de vous. Seriez-vous capables de vous passer de nous ?
Nous sommes fier.e.s de ce que nous sommes car le monde entier a honte de nous et nous a appris à avoir honte de nous.
Et nous ne nous laisserons pas faire.
Nous sommes tout, tout sauf des victimes.
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