Pourquoi il faut aider plus largement les habitants de quartiers populaires si on ne veut pas assister a une véritable désintégration sociale qui risquerait d’évoluer en révoltes ?

Thread.
(Je m'excuse pour la longueur, mais tachons d'être didactique)
Depuis le debut du confinement, des familles qui jusque là, vivaient sur la crête, ont basculé dans la précarité. Les cantines ont ferme, et c’était pour beaucoup d’enfants, le seul repas complet de la journée.
Là, il faut fournir 3 repas par jour, plus un gouter, avec un revenu qui est, au mieux, le même, au pire, a fondu, voire, aucun revenu.
Les marchés alimentaires d’extérieurs ont majoritairement fermés en quartier populaires, ou ont rouvert au compte goutte
à la discretion des préfets. Or, ce sont ces marchés qui permettent d’écouler des marchandises à bas prix type 1kg=1€. S’alimenter via les circuits de distributions classiques est insoutenable pour la plupart des familles.
Les revenus se sont asséchés: Intérim, travailleurs des secteurs uberisés, travail au noir, économie de la débrouille, économie parallèle. Si les habitants des QP sont en première ligne des essentiels dans cette crise, beaucoup sont aussi fauchés par l’arrêt de notre économie.
Focus sur l’économie parallèle : Ne nous voilons pas la face. L’assèchement du deal engendre des situations sociales explosives. Une partie de ces sommes permettent à des familles de subsister et on voit, à l’aune du Covid, que ces mannes sont réinjectées dans l’économie blanche.
Alors, on revient au discours sur la légalisation, lutte contre la drogue : Serions nous prêts à payer, compenser, le manque à gagner de cette disparition de l’économie parallèle ? On voit que... attention spoiler : NON.
Aussi, les loyers des mois de confinement doivent absolument etre annulés. Si les mesures d’urgence économique permettent aux entreprises et salariés de garder la tete hors de l’eau (et encore, pour combien de temps)...
Que dire pour les auto entrepreneurs et autres journaliers/non salariés/etc des QP ? Il faut desserrer l’étau sur leur finance pour leur permettre de ne pas sombrer, et les loyers sont leur plus grosse charge.
Beaucoup d’associations présentes sur le terrain ont du faire face à des demandes d’aides inédites, et ne sont pas toujours dimensionnées pour accompagner les habitants et l’augmentation de leurs besoins (Denrées, santé, précarité numérique, continuité pédago, accès aux droits..)
Les grosses structures à dimension nationale, semble avoir des difficulté à repérer les familles en difficulté dans leurs radars. Une coopération entre grosses et petites structures doit s’opérer pour cartographier les besoins et faire de la dentelle, au plus près des usagers.
La raquette à encore d’immenses trous.
Ainsi, il n’est pas possible d’attendre le 15 mai pour recevoir quelques centaines d’euros de la CAF ou d'autres services comme annoncé par les autorités. Les besoins sont immédiats et la situation est d’ores et déjà explosive.
Enfin, certaines associations qui pallient les manquements de l’Etat providence opèrent via des petits dons/cagnottes et ne sont pas dans les radars des Ministères, ou ne bénéficient d'aucune ligne de crédit exceptionnelles dans un moment comme celui ci.
Pourquoi ce thread ? Nous avons vu quelques quartiers s’embraser ces derniers jours. Ne croyez pas que les habitants des QP n’ont aucun sens politique. Même chez les plus jeunes, ils ont pleinement conscience d’être les invisibles, les perdants, les oubliés du système.
Et cette crise le prouve à nouveau. Alors si vous ajoutez à cela des étincelles (au hasard, violences policières)… La colère ne demande qu’à s’exprimer et le risque de révoltes est à prendre au sérieux.
Si la crise dure, alors, ceux qui appelaient à une convergence des révoltes entre habitants de QP et Gilets Jaunes seront peut être exaucés. Car combien de temps ces mesures d’urgence indispensables de l’Etat providence feront elles tenir le pacte social ?
Des QP aux ronds points… La défiance et le sentiment d’abandon ne sont pas des alliés dans cette crise.

Note de bas de page : D’où je parle ? Je suis journaliste mais aussi militante sur ces questions depuis toujours.
Je continue, en parallèle de mon métier, d’assurer des ateliers en bas d’immeubles, en prison, en QP, en périphérie, à la campagne… J’entends ces discours depuis des années, ou que j’aille, et croyez moi, c’est de pire en pire.

Voila. Fin du thread. Merci de votre attention.
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