ELAM
1. L’Elam est un pays situé à l’origine sur le Plateau iranien qui a longtemps été confondu avec la Susiane. Il est désigné par l’idéogramme NIM (qui signifie «haut élevé») dans les sources suméro-akkadiennes et par Ha(l)tamti (« pays seigneur ») dans les textes élamites.

2. Ses limites sont souvent difficiles à préciser. Une première image de l’Elam nous est fourni par la carte des sites ayant fourni des tablettes proto-élamites à une époque où Suse appartient à la civilisation du Plateau.

3. Ce type de document a été retrouvé à l’est jusqu’à la frontière de l’Iran et du Pakistan, à Shahr-i Sokhte, au nord à Sialk et à Godin Tepe, à l’ouest à Suse et à Choga Mish, au sud à Ansan (Tell-i Malyan) et à Shahdad (ancien Simaski).

4. Ces différents sites sont reliés entre eux pas des liens économiques et culturels mais rien ne permet actuellement de démontrer l’unité politique de cet ensemble.
C’est grâce aux inscriptions des rois d’Akkad qu’on peut dessiner la carte géographique de l’Elam.

5. Un texte, en particulier est riche en informations, il s’agit de la copie récente d’un original ancien connu sous le nom de la Géographie de Sargon, dans le quel le roi d’Akkad expose l’immensité de ses conquêtes.

6. Les distances calculées de Meluhha (Baluchistan pakistanais) vers le coeur de l’empire permettent d’établir un premier axe est-ouest commençant par Marhasi (Baluchistan iranien), Tukris (dans le Kerman), Elam (dans le Fars) jusqu’à Agade.

7. Un itinéraire inverse de l’époque paléo-babylonienne mentionne successivement Ansan, Marhasi, Meluhha et l’Inde. Ce texte permet également d’identifier Bâzu avec le détroit d’Ormuz sur le golfe Persique alors que le pays de Megan peut être localisé sur sa rive arabique.

8.On doit une autre indication importante à Isbi-Ferra qui donne les limites de l’empire de Kindattu à la veille de la chute de la 3e dynastie d’Ur (2004 av JC):« de Basime sur le bord de la mer, jusqu’à la frontière de Zabsali, d’Arawa, le verrou de l’Elam, jusqu’à la frontière+

9. de Marhasi ». Pour l’axe sud-nord, Basime est de localisation assurée sur les rives du golfe Persique et la localisation de Zabsali nous est fournie par un texte de Su-Sin parfaitement clair: « les pays de Zabsali s’étendent de la frontière d’antan à la Mer supérieure. »

10. Ici la Mer supérieure désigne la Capsienne et non la Méditerranée, car cette description est fournie à l’occasion d’une campagne orientale du roi.

11. L’axe ouest-est confirme que Marhasi est bien la limite orientale de l’empire. Quant à Arawa, il vaut mieux la situer entre la Mésopotamie et Suse plutôt qu’entre Suse et Ansan, même si l’épithète « verrou Elam » avait été attribué à Huhnur dans les textes, plus anciens.

12. Il semble, en effet qu’à la fin de l’époque d'Ur III, les Mésopotamiens ne sont plus capables de maintenir sous leur autorité une région aussi éloignée que Huhnur (Arrajan). À peine peuvent-ils alors y lancer un raid ou une razzia.

13. Il importe de souligner que Suse se trouve alors dans la mouvance mésopotamienne.Ce n’est qu’à la fin de l’époque d’Ur III que les Simaskéens l’occupent et c’est à la chute de l’Empire mésopotamien qu’elle peut être considérée comme un élément constitutif de la confédération

14. élamite. Ainsi, à l’époque paléo-élamite (I et II) l’ensemble élamite est d’abord sous la coupe des dynasties d’Awan, pays dont la localisation n’est pas assurée mais qui devait se trouver largement au nord de Suse, dans le Luristan et encore plus au nord.

15. La royauté passe ensuite aux rois de Simaski, qui peut être situé avec plus de précision dans l’actuelle province du Kerman et peut-être à Shahdad (cette ville vient être découverte après qu’on eut retrouvé son cimetière).

16. Les limites de l’Elam à l’epoque des sukkalmah et pendant celle des souverains méso-élamites sont plus difficiles à déterminer car les incursions mésopotamiennes en territoire élamite sont beaucoup plus rares et les informations textuelles sont quasi muettes.

17. Il est cependant assuré que les provinces actuelles du Khuzistan, du Fars, du Luristan, du Larestan et du Kerman constituaient le coeur de l’empire mais il est également possible que les limites orientales et septentrionales se situaient bien au-delà de ces quelques provinces

18. Au Ier millénaire, l’arrivée massive de tribus indo-européennes vient bouleverser l’ordre ancien et de nombreux autochtones élamites du Fars se replient vers Suse, qui a été si longtemps unie à Ansan comme capitale de l’Elam.

19. Pendant l’époque néo-élamite (743-685), Elam est étroitement associé aux conflits qui opposent les Babyloniens et Assyriens, événements narrés aussi bien dans la chronique babylonienne que dans les annales assyriennes.

20. Et c’est en particulier, la narration par Assurbanipal de ces campagnes d’Elam qui permet de constater que le pays est alors réduit essentiellement à la Susiane jusqu’au golfe Persique (Basime) au sud et aux premiers contreforts du Zagros (Huhnur) à l’est.

21. Mais au gré des circonstances, Suse perd sa primauté absolue aux dépens de deux nouvelles capitales éphémères, Hidalu dans la région de Behbahan et Madaktu à l’ouest de la Susiane.

22. À l’époque achémenide, le terme d’Elam est réservé à la seule Susiane comme l’indiquent les inscriptions de Darius et de ces successeurs.

23. Il est dès lors appelé NIM dans les textes akkadiens et Ha(l)tamti en élamite, selon l’ancienne tradition mais Ujâ en vieux perse, mot qui signifie Susiane.

24. Ainsi Elam ne désigne la Susiane qu'au Ier millénaire et c'est à cette situation tardive que font allusion les textes bibliques, les inscriptions d'Assurbanipal ou celles de Darius et de ces successeurs.

25. Les territoires de l'ancien Elam sont alors repartis entre la Perse, la Susiane (Elam) et la Médie, les trois provinces toujours citées en tête des listes des provinces achéménides.

FIN

Bibliographie:
F. Vallat, avec collaboration de B. GRONEBERG et du Groupe de recherches élamites, "Les Noms géographiques des sources Suso-élamites", Wiesbaden, 1993
F. Vallat, "The History of Elam", Encylopedia Iranica, vol.VIII, 3, p. 301-312