La presse fleurit d’articles relatant l’attrait accru des consommateurs pour le local. C’est l’effet #COVID19. Certains en appellent à profiter de l’occasion pour rebâtir un système agricole différent, plus local. C'est le #thread du mercredi ! 


Le #COVID19 Covid modifie beaucoup nos comportements alimentaires. Les confinés mangent plus à domicile et, c’est mécanique, une partie du budget consacré à se nourrir à l’extérieur n’a plus lieu d’être. https://www.linkedin.com/pulse/covid-19-et-micro%25C3%25A9conomie-de-la-consommation-quentin-mathieu/
Alors peut-être aussi qu'avec plus de temps on regarde les produits alimentaires différemment ? La question est posée. Mais nous n'y répondrons pas aujourd'hui.
Sur le terrain, la fermeture de certains circuits, ceux qui alimentent par exemple la restauration collective et commerciale ou les marchés de plein vent, a contraint les agriculteurs à trouver de nouveaux débouchés en grattant la clientèle dans leur hinterland
On ne compte plus les initiatives en ce sens, regroupements d’agriculture, drive dans les fermes, les chambres d’agricultures s’y mettent aussi et certains start-up profitent de l’aubaine pour élargir leur base de clientèle en surfant sur le local. https://www.lsa-conso.fr/proteger-l-agriculture-locale-pour-securiser-l-autosuffisance-alimentaire-nationale-tribune,345675
Vous me direz, la tendance n’est pas nouvelle. Certes mais elle se trouve amplifiée aujourd’hui, à cause de la contrainte d'immobilité qui nous est imposée. C’est valable en France mais aussi dans la plupart des pays confinés ! https://www.statnews.com/2020/04/18/modify-farmers-markets-but-keep-them-open-covid-19-lockdowns/
Alors il est tentant, cette vertu du local retrouvée, de se dire qu’on pourrait peut-être en profiter pour changer de système, abandonner l’agriculture moderne pour adopter un modèle plus vertueux, plus local, plus résilient.
C’est en particulier la proposition des seize académiciens qui voient dans les systèmes alimentaires territoriaux une réponse aux défis qui nous font face. http://www.agrobiosciences.org/agriculture-115/article/16-academiciens-lancent-un-appel-a-reterritorialiser-nos-systemes-alimentaires#.XqBZAZbVKuU
En Belgique la question est aussi mise sur la table… Elle se pose d'ailleurs partout dans le monde touché par la crise sanitaire https://www.lalibre.be/debats/opinions/face-a-la-crise-historique-engendree-par-la-pandemie-de-coronavirus-organisons-notre-securite-alimentaire-5e8aeeb6d8ad581631c03f18
En attendant, la crise a fait resurgir (ou ravivé) le protectionnisme des cartons dans de nombreux pays, dont la France. http://www.foodnavigator.com/Article/2020/04/15/Coronavirus-protectionism-and-food-security
C’est là qu’on se rend compte que la vocation exportatrice de certains pays, si souvent décriée pour son absence de vertu, est pourtant indispensable à la bonne marche du monde. Pas tant pour les pays producteurs que pour leurs clients ! https://www.ft.com/content/5c8cbc60-aec0-4f3d-b0e2-a5e44f0c6f74
D’ailleurs, dans ce papier vous aurez une vision un peu complète de qui exporte quoi. Histoire de savoir de quoi on parle. https://www.courrierinternational.com/grand-format/carte-quels-sont-les-pays-qui-nourrissent-les-autres
La meilleure illustration qu’on puisse en trouver nous est donnée avec les interdictions prises par certains pays producteurs d’exporter des céréales. Russie, Kazakhstan, Ukraine et Vietnam ont pris ce genre de mesures pour garantir leur marché intérieur https://www.reuters.com/article/us-health-coronavirus-trade-food-factbox/trade-restrictions-on-food-exports-due-to-the-coronavirus-pandemic-idUSKBN21D2TU
Ces mesures de précautions, partiellement levée une fois la panique dissipée, ont fait resurgir le spectre de la famine, en particulier en Afrique de l’Est déjà aux prises avec les criquets. https://www.theguardian.com/global-development/2020/mar/26/coronavirus-measures-could-cause-global-food-shortage-un-warns
D'ailleurs, sur le court terme, la situation semble se détendre un peu. http://www.rfi.fr/fr/podcasts/20200422-le-commerce-riz-normalise-mais-le-pouvoir-dachat-en-afrique-inquiète
Heureusement, les stocks sont là mais ces emballements ont fait bondir les prix. https://foreignpolicy.com/2020/04/14/how-to-stop-food-crisis-coronavirus-economy-trade/
Mais l’inquiétude porte maintenant sur le moyen terme… https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/04/21/coronavirus-50-millions-de-personnes-menacees-par-la-faim-en-afrique-de-l-ouest-d-ici-quelques-mois_6037244_3212.html
La pression sera donc, peut-être, forte dans les semaines et mois à venir en faveur de la relocalisation d’une partie des productions agricoles. Le débat est déjà ouvert. Mais ce n’est pas facile. https://www.challenges.fr/economie/agriculture/agriculture-le-coronavirus-relance-le-debat-sur-l-autonomie-alimentaire-de-la-france_706540
D’ailleurs des chercheurs ont montré que le local n’est pas forcément la panacée. Seul un tiers de la population mondiale peut trouver tous les produits de base dans un rayon de 100 km. https://www.nature.com/articles/s43016-020-0060-7
Relocaliser c’est juste un peu plus compliqué de que créer des Amap et des jardins familiaux comme l’explique Philippe Baret : « si on veut la vertu tout de suite, on ne sera que cinq et on mourra de faim. »
https://etopia.be/covid-19-philippe-baret-il-faut-reflechir-a-une-souverainete-alimentaire-qui-evite-lidentitaire-et-le-repli-sur-soi/
https://etopia.be/covid-19-philippe-baret-il-faut-reflechir-a-une-souverainete-alimentaire-qui-evite-lidentitaire-et-le-repli-sur-soi/
Il faudra mettre de l’intelligence dans ces remodelages, savoir être patient, faire des concessions et être ingénieux, parce que le modèle n’existe pas forcément encore. Il ne suffira pas d'acheter des hectares comme pensait le faire Paris il y a quelques semaines
Mais peut-être que le contexte permettra aux projets alimentaires territoriaux existant en France de prendre un nouveau départ ? http://rnpat.fr//les-projets-alimentaires-territoriaux-pat/carte-interactive/
Reste la question des aires urbaines, grandes villes et mégapoles… Il n’est pas inintéressant de se plonger dans le cas de Baltimore dont le crash test fut les émeutes que connu la ville en 2005. https://urbanfoodfutures.com/2017/11/23/votre-systeme-alimentaire-est-il-resilient/
D’ailleurs, la stratégie de la ville est disponible en ligne.
http://planning.baltimorecity.gov/sites/default/files/Baltimore%20City%20Food%20Resilience.pdf
http://planning.baltimorecity.gov/sites/default/files/Baltimore%20City%20Food%20Resilience.pdf
Peut-être alors faudra-t-il écrire dans quelques années un nouveau chapitre à ce passionnant papier qui brosse l’histoire des échanges agricoles ? Une bonne base pour réfléchir à ce qui nous arrive. https://www.cairn.info/revue-herodote-2015-1-page-108.htm
et d’ici là, on va beaucoup parler d’indépendance alimentaire ! Sachiez-le ! https://www.laprovence.com/article/edition-marseille/5966576/guillaume-lindependance-alimentaire-cest-lhorizon.html