En fait, c& #39;est pas que les gens de droite soient bêtes ou méchants, c& #39;est qu& #39;il y a un moment, choisi arbitrairement par eux, où leur chaine causale s& #39;arrête et où une situation n& #39;a pas d& #39;origine : c& #39;est une vision essentialiste du monde. #thread
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Un flic pourchasse un délinquant ? C& #39;est normal, c& #39;est son job et le délinquant l& #39;a cherché. Pourquoi il est délinquant ? Ben euh... Il est délinquant quoi, surement un gêne de délinquance ou un truc du genre (je caricature, mais pas tant que ça). Pis le flic, c& #39;est l& #39;ordre.
Puisque les causes de ce qu& #39;ils observent ne sont plus recherchées à partir d& #39;un certain moment (qui correspond à une vision du monde qui leur est favorable, et c& #39;est la défense de cette vision qui fait d& #39;eux des conservateurs), ils invoquent des éléments surgis du néant.
Se demanderont-ils d& #39;où provient cette délinquance, ce qui la nourrit ? Si oui ce sera une cause innée (la race, la culture, la décadence), pas une cause externe (pauvreté, stigmatisation, etc, qui ont elles-mêmes des causes dont l& #39;origine historique et sociale est documentée).
De la même façon, se demanderont-ils d& #39;où vient l& #39;ordre ? Qui le décrète, le construit, comment, sur quelles bases historiques, par quels mécanismes ? À nouveau, on entre dans une vision essentialiste où l& #39;ordre actuel des choses, ici et maintenant, est perçu comme "naturel".
Et s& #39;il est naturel, il ne peut être changé. La structure est figée, sans espoir d& #39;évolution (cette vision est héritée du divin, puis s& #39;est transmise dans les notions de libre-arbitre ou de mérite, par exemple).
Cette vision a (au moins) trois conséquences :
Cette vision a (au moins) trois conséquences :
1) Répression : les individus ne pouvant être changés (ou très à la marge), il faut que l& #39;ordre soit respecté au cas où les "mauvaises" personnes se mettent à aller trop loin. L& #39;ordre naturel est celui-ci, pas un autre. La question de la construction de cet ordre est évacuée.
2) On l& #39;entrevoit dans le point 1 : puisque l& #39;ordre est figé, les gens sont classés de façon morale entre les bons et les méchants, selon s& #39;ils le respectent ou non. Leur morale basée sur le constat présent devient alors morale universelle, le reste étant des degrés de déviance.
2b) C& #39;est ainsi que la droite qualifie ironiquement la gauche de "camp du bien", pas parce qu& #39;elle est effectivement dans ce camp-là, mais parce qu& #39;elle ne perçoit pas que l& #39;on puisse défendre des gens qui bafouent l& #39;ordre "naturel".
Cela renvoie à la droite sa propre position comme celle de "méchants" à vouloir faire rentrer les gens dans l& #39;ordre qu& #39;elle a elle-même établi comme étant figé. D& #39;où des positions caricaturales de type "mais moi je suis un homme blanc donc je suis un méchant on a compris !!!".
3) Les conservateurs d& #39;une époque donnée n& #39;ont pas pour but d& #39;améliorer les choses (puisque ces choses-là sont naturelles, figées). Toute tentative d& #39;explication des mécanismes et de critique de leur maintien est donc très mal perçue, voire combattue, puisque c& #39;est impossible.
C& #39;est ainsi qu& #39;on comprend les attaques récurrentes contre les sciences sociales par exemple ("culture de l& #39;excuse", "grievance studies"), contre le postmodernisme, intersectionnalité ou le décolonialisme, présentés avec force hommes de paille dans le débat public.
Face à l& #39;absence d& #39;ancrage historique des rapports sociaux actuels, il est très facile de cadrer un événement de façon à renvoyer deux protagonistes dos à dos, sans interroger les causes. C& #39;est ce qu& #39;a fait Trump après le rally néonazi de Charlottesville, par exemple.
Ce cadre arbitrairement restreint permet d& #39;affirmer n& #39;importe quoi, puisqu& #39;on coupe ras toute construction, ainsi : "les féministes sont les vrais sexistes, car elles traitent différemment les hommes", "les antiracistes sont les vrais racistes car ils parlent de race", etc.