Je vais à présent faire un long thread (je sais pas trop faire court, désolé) sur ma rencontre avec #Jaenada. Je l'ai déjà raconté sur mon blog, mais c'était il y a 10 ans, et quelque chose me dit que mon lectorat s'est quelque peu renouvelé.





J'ai lu Le chameau sauvage il y a 20 ans. A l'époque, j'avais 20 ans et je ne connaissais pas grand chose en littérature en dehors de polars et de Stephen King et de ce qu'on m'avait (forcé) fait lire à l'école. Mais il faut croire que je savais être curieux.
Un couple d'amis (coucou) Rennais, alors que j'étais de passage pour Les Transmusicales, me l'a mis dans les mains. J'étais circonspect, car la littérature française, je connaissais pas, mais ma foi, autant s'occuper entre deux journées de concert, fonçons.
Je crois que dès la première page, j'ai su.
J'ai su que je ne percevrais plus la littérature de la même manière. Je ne savais pas qu'on pouvait écrire comme ça. Qu'on avait le droit. Des parenthèses de partout, des digressions, de l'humour en veux-tu en voilà
J'ai su que je ne percevrais plus la littérature de la même manière. Je ne savais pas qu'on pouvait écrire comme ça. Qu'on avait le droit. Des parenthèses de partout, des digressions, de l'humour en veux-tu en voilà
Et surtout, une voix, une écriture uniques. L'histoire n'est pas un page turner, mais toutes les situations (largement autobiographiques) sont drôles et vivantes. J'ai souri. Souvent. Ri parfois (et je ne ris jamais en lisant). J'ai ralenti la lecture pour la savourer
Et j'ai laissé mûrir sans le savoir, tout en lisant la suite de sa production (Le chameau sauvage est sorti en 97, et il en sortait un en moyenne tous les 2 ans)
5 ans après cette révélation, j'avais du temps devant moi et l'envie de tenter d'écrire un truc. Je ne savais pas quoi. Je voulais juste voir si je pouvais écrire autre chose que des chroniques de disques ou des mails. Et je me suis lancé. J'écrivais tous les jours
C'était l'histoire d'un type qui voulait écrire et qui ne savait pas sur quoi (Larcenet m'a tout piqué). Le roman éponyme, je l'ai appelé.
C'était objectivement nul (je ne suis pas exactement un génie).
Mais je me suis bien amusé à l'écrire.
C'était objectivement nul (je ne suis pas exactement un génie).
Mais je me suis bien amusé à l'écrire.
En me baladant sur Internet (nous sommes en 2005), je vais sur le site de Jaenada, et je me rends compte qu'il a une adresse mail d'affichée.
Je ne comprenais pas comment un tel homme pouvait être aussi accessible (c'etait avant Alexandre Jardin, avant twitter),mais allez,tentons
Je ne comprenais pas comment un tel homme pouvait être aussi accessible (c'etait avant Alexandre Jardin, avant twitter),mais allez,tentons
Blablabla j'aime beaucoup ce que vous faites blablabla moi-même je suis un peu écrivain, vous voyez blablabla vous voudriez pas lire et me dire ce que vous en pensez ? Hein ?
Le fan boy relou typique naïf, en gros, mais terriblement sympathique.
Le fan boy relou typique naïf, en gros, mais terriblement sympathique.
Tout comme si j'avais envoyé un courrier à Nagui pour lui demander une photo dédicacée, je ne m'attendais pas à ce qu'il me réponde, à vrai dire.
Et 5 mois après, pif paf puf, un mail.
De Jaenada.
En vrai, ça fait un peu quelque chose
Et 5 mois après, pif paf puf, un mail.
De Jaenada.
En vrai, ça fait un peu quelque chose
C'est un peu comme si maintenant Bill Watterson m'envoyait un DM pour me souhaiter un joyeux anniversaire. J'ai la chance d'échanger, voire de bosser avec des gens que j'admire profondément (coucou), mais là c'était autre chose.
Il me dit que ohlala pardon ton mail s'est perdu dans mes mails, mais oui bien sûr envoie-moi ça.
Ce que j'ai fait.
Et il a lu.
Ce que j'ai fait.
Et il a lu.
Enfin, je pense qu'il en a lu 3 pages, plutôt (ce qui est bien, déjà).
Il m'a donné 2 conseils essentiels:
-Ce que tu penses, les gens s'en foutent
-Raconte des histoires, ça tu sais faire
Il m'a donné 2 conseils essentiels:
-Ce que tu penses, les gens s'en foutent
-Raconte des histoires, ça tu sais faire
Après quelques échanges, nous avons convenu de nous voir dans son bar fétiche, le fameux Metro Bar (j'ai retrouvé, l'autre jour, le carnet dans lequel j'avais fébrilement noté l'heure et l'adresse du rdv).
Je l'ai tout de suite reconnu car il est très ressemblant.
Je l'ai tout de suite reconnu car il est très ressemblant.
Et lui m'a tout de suite mis à l'aise.
Il était pile poil comme on peut s'y attendre: ouvert, à l'aise, occupant l'espace, curieux et naturel. C'était clairement l'habitué de tous les habitués et il aimait rencontrer ses lecteurices et discuter (et boire)
Il était pile poil comme on peut s'y attendre: ouvert, à l'aise, occupant l'espace, curieux et naturel. C'était clairement l'habitué de tous les habitués et il aimait rencontrer ses lecteurices et discuter (et boire)
J'ai rencontré sa femme (la fameuse, aussi, si vous avez lu ses livres. Et oui, elle est exactement comme décrite) et il est parti d'un coup d'un seul avec son sac matelot signature car Ouhla mon cher Kevin (ça c'est moi) il faut que j'aille chercher mon fils à l'école !
Et me voilà rentrant chez moi, en banlieue, des étoiles plein le cerveau d'une mémoire qui n'effacera jamais ce moment.
Il m'a fait promettre de continuer à écrire.
Ce que j'ai plus ou moins fait.
"laisse ton blog, c'est la facilité", me disait-il
Ce qui n'était pas faux.
Il m'a fait promettre de continuer à écrire.
Ce que j'ai plus ou moins fait.
"laisse ton blog, c'est la facilité", me disait-il
Ce qui n'était pas faux.
Je l'ai revu quelques fois, de ci de là, à titre personnel, mais moi de mon côté j'ai un peu arrêté de me déplacer vers Paris, et lui avait une vie de famille bien fournie, loin du Metro Bar
Il y a, en face de la mienne, une librairie généraliste positivement formidable. Dès qu'il sort un roman, Jaenada vient le présenter là-bas, ce qui me permet de le croiser, de rattraper le temps perdu et de baigner dans ses encouragements
Au moment où je me suis lancé dans l'écriture d'un roman, il y a 4 ans, je lui ai dit que ça y'est, j'ai l'idée, j'ai eu le déclic, je suis prêt.
Il a mis sa main sur mon épaule et m'a dit 'je compte sur toi, fiston'
Même à quasi 40 balais, ça a fait son petit effet
Il a mis sa main sur mon épaule et m'a dit 'je compte sur toi, fiston'
Même à quasi 40 balais, ça a fait son petit effet
Je l'ai terminé, ce roman.
Il ne veut le lire que si je suis publié (la feinte), mais m'a donné le contact de son éditrice. Qui a refusé avec peu de pincettes le manuscrit (mais au moins elle l'a lu et m'a fait un retour détaillé)
Il faudrait que je le reprenne, ce manuscrit
Il ne veut le lire que si je suis publié (la feinte), mais m'a donné le contact de son éditrice. Qui a refusé avec peu de pincettes le manuscrit (mais au moins elle l'a lu et m'a fait un retour détaillé)
Il faudrait que je le reprenne, ce manuscrit
Tout ça pour dire que je vous encourage à lire ses romans et, dernièrement, ses enquêtes. Tout est absolument brillant. Et si vous le croisez sur un festival, prenez le temps de vous arrêter pour l'entendre parler ou pour échanger avec lui. Ce sont des sourires garantis