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En ce jour #YomHaShoah
j'ai une histoire à vous raconter, celle d'Esther, née à Paris le 29 janvier 1926, fille de Maurice et Yachette Finkelstein.
J'ai découvert Esther en janvier quand l' @uejf a affiché sur les immeubles parisiens le nom des enfants juifs morts en déportation.
j'ai une histoire à vous raconter, celle d'Esther, née à Paris le 29 janvier 1926, fille de Maurice et Yachette Finkelstein.
J'ai découvert Esther en janvier quand l' @uejf a affiché sur les immeubles parisiens le nom des enfants juifs morts en déportation.
Esther est née à Paris dans le 13ème arrondissement de parents polonais ayant fui l'antisémitisme de leur pays.Tomaszow en Pologne n'était guère accueillante en ce début du 20ème siècle, même pour ceux dont la famille y vivait depuis des siècles.
Esther passe son enfance dans cet immeuble parisien où je vis aujourd'hui, jusqu'à sa déportation à 16 ans. 16 ans, c'est l'âge de nos premiers émois, de notre transition vers l'âge adulte, on est encore enfant, surtout à cette époque; c'est l'âge de l'insouciance et des rêves.
Arrêtée pendant la rafle du Vel d'Hiv le 16 juillet 1942, Esther est ensuite parquée à Drancy pour être envoyée le 24 août 1942 à Auschwitz, convoi 23, train 901. Sur les 1000 déportés du convoi, seules 3 personnes survivront
Initialement, les enfants de moins de 16 ans révolus ne devaient pas être arrêtés et déportés. Mais le zèle de René Bousquet envers l'occupant nazi eut raison de cette relative limite.
Esther, elle, ne reviendra pas.
Esther, elle, ne reviendra pas.
Le 27 janvier 2020, à l'occasion de la Journée internationale en mémoire de la Shoah, l' UEJF à donc rendu hommage aux enfants juifs victimes de la barbarie nazie. Hommage à Esther en apposant une affiche sur l'immeuble où elle a grandi, mon immeuble.
Mon immeuble du 11ème est un immeuble populaire dans les années 40, dans un arrondissement où le mélange des nationalités et des confessions se ressent encore aujourd'hui. A lire d'ailleurs, cet article du Monde https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/04/30/paris-11e-une-histoire-juive_5292448_3224.html
Très vite, en moins de 24 h, cette affiche est arrachée. La seule arrachée parmi toutes celles de ma rue, ce qui laisse supposer que cela vient de quelqu'un d'ici . Une voisine décide alors de la réimprimer. Rebelote: impression, arrachage, impression, arrachage. 4 ou 5 fois.
Pourquoi arracher la mémoire d'une gamine de 16 ans qui a habité là où nous avons la chance de vivre en 2020? Doit-on qualifier cet acte d'antisémite? Quelle réaction adopter: la colère ou l'envie de trouver cet.te habitant.e et d'en discuter? De lui raconter l'histoire d'Esther.
Je suis alors allée au @Shoah_Memorial. Il y a là des archivistes géniales, qui m'ont permis d'en apprendre plus sur Esther. Car restaient des zones d'ombre. Était-elle seule pour partir vers la mort, où étaient ses parents ? Nulle trace d'eux dans les registres.
Alors, il a fallu fouiller dans le recensement de 1936 (1942 n'a pas eu lieu, 1946 est clairement obsolète):
150 personnes vivaient ici, dont beaucoup d'étrangers, venant principalement de Pologne. On peut imaginer, au vu de leur origine et de leurs noms, qu'ils étaient juifs.
150 personnes vivaient ici, dont beaucoup d'étrangers, venant principalement de Pologne. On peut imaginer, au vu de leur origine et de leurs noms, qu'ils étaient juifs.
Dans mon immeuble, hormis Esther, seule mineure, 12 adultes furent déportés, en juillet 42 ou à une autre date. 13 personnes déportées donc, trop mais peu en comparaison du nombre de juifs résidant là (on peut supposer des déménagements entre 1936 et 1942, mais rares à l'époque).
Mais dans le recensement, aucun Finkelstein. Esther vivait-elle seule ? peu probable. Grâce aux archivistes du Mémorial, je trouve le nom de jeune fille de sa mère, et je peux recouper: elle est enregistrée sous le nom de Katz. Avec 4 autres personnes portant ce même patronyme.
En revanche, nulle trace de son père. Mais en creusant les archives, un Maurice Finkelstein apparaît. La ville de naissance est juste mal orthographiée. Il semble qu'il se soit séparée de Jachet, se soit remarié et ait eu un enfant. Lui et sa famille seront déportés sans retour.
Dans la liste des déportés du Mémorial, je découvre enfin le nom de la mère d'Esther, mais son prénom a été orthographié différemment, Jachet au lieu de Yachette (sur l'acte de naissance d'Esther, l'état civil français avait francisé son prénom, idem pour le recensement).
Nouvelle recherche dans les archives, verdict: Jachet Katz à été déportée en même temps que sa fille, même convoi n°23 du 24 août 1942 à destination d' Auschwitz, même mort. Triste consolation, la jeune Esther était avec sa Maman, elle n'était pas seule à affronter l'horreur.
Je n'ai pas de photo d'Esther, sa famille était sans doute trop pauvre pour se payer ce luxe, mais son nom se trouve inscrit sur le Mur des Noms du Mémorial, dalle n°28, colonne 10, rangée 1
#nejamaisoublier
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