THREAD sur le légendaire duo Gang Starr : @REALDJPREMIER x Guru

#RIPGURU

Le groupe Gang Starr n’a pas vu le jour sous sa forme la plus célèbre. Guru est originaire de Boston et non de NY. Il forme donc dans un 1er temps le groupe avec plusieurs amis de sa ville. Ils commencent à faire des démo en 86 et sortiront quelques singles les années qui suivent

Néanmoins, la formation se sépare très rapidement et Guru va migrer vers Brooklyn. Il fait la découverte de Christopher Edward Martin, plus connu en tant que DJ Premier, via une beat tape. Le rappeur est très rapidement séduit par le potentiel du producteur.

Guru invite donc Preemo, en 1989, à le rejoindre du côté de NY et à relancer Gang Starr sous forme de duo. Ils ne pouvait pas encore le savoir mais ils s’apprêtaient à marquer le rap underground pour l’éternité. Une fois réunis, ils vont se mettre directement au boulot.

Ils dévoilent leur premier single « Words I Manifest », en 1989, qui sera suivi peu de temps après de leur premier album « No More Mr. Nice Guy ».

Ce projet est de très bonne facture pour un rookie album mais se fera souvent oublié en raison du run incroyable que réalisera le duo après. On retiendra des morceaux tels que “Manifest”, “Conscious Be Free”, “DJ Premier In Deep Concentration”, “Positivity” & “Jazz Music”.

Ce premier album ne passe pas inaperçu dans l’industrie et permettra au duo de signer chez Chrysalis records. Le label leur offre notamment une visibilité sans frontière avec une distribution dans le monde entier. Un luxe qui ne se refuse pas pour un groupe à vocation underground

Gang Starr dévoile son second album en 1991 « Step In The Arena ». Un projet très important dans l’histoire du groupe de NY pour notamment deux raisons :
_ Ils trouvent leurs propres sonorités à partir de cet album
_ Premier véritable classic du duo

Pour la première raison, c’est assez évident à l’écoute. Le rythme calme et lent de Guru, et sa voix monotone, se détache totalement de ce qu’on pouvait entendre. DJ Premier trouve également définitivement son univers qui va mettre les rimes de Guru parfaitement en valeur.

Pour la deuxième raison, c’est également très simple. L’album n’a pas de skip, les amateurs de l’underground New-Yorkais ne peuvent que se régaler

Guru montre déjà la richesse de ses textes dans le story-telling de « Just To Get a Rep » ou avec l’aspect politique de « Who’s Gonna Take the Weight? »
« And for my people out there I got a question
Can we be the sole controllers of our fate?
Now who's gonna take the weight? »

L’année qui suit, le duo confirme son nouveau statut avec son troisième album studio « Daily Operation ». Deuxième classic underground de suite pour Guru & Preemo. Ils perfectionnent leurs sonorités à travers ce projet et affirment un peu plus leurs grandeurs.

Cet album est également rempli de perles. Inutile de faire une sélection, bien trop de bijoux : “Take It Personal”, “Soliloquy Of Chaos” “Ex Girl To Next Girl”...

Lyricalement, le message de Soliloquy of Chaos m’a marqué :
« This can happen often and it's really fucked up
So I'll ask you to your face, homeboy what's up?
Did you come to see my show or to the stupid nigga playoffs?
Killing you and killing me, it's the soliloquy of chaos »

Guru et Preemo savourent leurs nouvelles notoriétés et tournent à travers le monde entier. Cette photo collector date de 1992 et nous montre le duo avant de monter sur scène à Paris. DJ Premier était bien malade ce jour là, une belle occasion d’immortaliser la scène pour Guru.

La « touche » Gang Starr fait fureur dans l’underground. Les productions de DJ Premier à la fois orientées Jazz & Boom Rap sont sublimes. Guru est lui couvert de louanges pour la profondeur de son rap qu’on aime qualifier de « conscient » en + de son flow très posé.

Les deux reviennent en 1994 avec un troisième classic « Hard to Earn ». Plus sombre que leurs œuvres précédentes, ce projet ne peinera pas à rejoindre, lui aussi, le panthéon du rap new-yorkais. L’introduction nous fait ressentir directement une sorte de pression.

Encore et toujours une bonne dose de grands titres dont leur légendaire classic « Mass Appeal » mais aussi d’autres excellents tracks tels que “Code Of The Streets”,”Suckas Need Bodyguards”, “DWYCK”, “Tonz ‘O’ Gunz”...
Les deux se montrent toujours au top de leurs formes.

Dans Mass Appeal, le duo répondent aux accusions de « perte d’authenticité » :
« But I'm so real, to them it's scary
And with my unique skills, nah, you can't compare me
And no, we don't make wack tracks
And all the suckers get pushed back when I'm kickin' real facts »

Le duo va s’offrir un break de quelques années après ce quatrième album. Cette pause va chacun leur permettre de s’affirmer séparément. Gang Starr bénéficie désormais d’un respect ultime dans le monde du rap et, forcément, les deux commencent à attirer.

DJ Premier ne s’est pas arrêter à « Hard To Earn » en 1994. Il a, notamment » travaillé avec Nas sur le légendaire Illmatic et produit intégralement l’album de Jeru The Damaja (souvent présent sur les albums de Gang Starr) "The Sun Rises In The East".

Deux ans après, il remet ça avec Jeru sur "Wrath Of The Math", encore un excellent album. Preemo s’est désormais établi bien au delà de Gang Starr et s’élève littéralement au rang d’icône du domaine de la production.

Guru lui poursuit sa discographie solo qu’il avait lancé en 1993 avec l’excellent « Jazzmatazz Volume 1 ». Le rappeur s’enfonce encore un peu plus dans l’expérience les Jazz en repoussant les frontières de ce genre et du hip hop.

Un projet grandement salué par la critique sur lequel on retrouve d’ailleurs le français MC Solaar. En 1995, il dévoile le second volume qui est également d’excellente qualité.

C’est finalement en 1998 que Gang Starr signera son grand retour avec son album le plus populaire « Moment Of Truth ». Cependant, les temps ont changé, l’âge d’or du rap new-yorkais s’éloigne progressivement. Le public se demande si le duo peut revenir à son grand niveau.

Des doutes rapidement balayés par cet immense classic qui permettra même d’agrandir considérablement le public. Une pluie de singles légendaires : « Work », « Above the Clouds », « Moment of Truth »... On découvre un niveau de sensibilité supérieure.