Aujourd'hui, on va parler de "drogues dures", et de "drogues douces".
On va voir pourquoi ces formulations sont dérisoires et en quoi elles sont contre-productives dans l'objectif d'éduquer les gens aux problématiques des drogues ainsi que de leurs usages.
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Tout d'abord, d'où viennent ces terminologies ?
En fait, on ne sait pas précisément. Cependant, ces terminologies étaient prévalentes dans les années 60 aux années 90. Elles sont vivement critiquées car la ligne qui les divise est floue, et sans critère de catégorisation fixe.
C'est notamment à la suite des travaux en France des professeurs Philippe-Jean Parquet et @Pr_Reynaud dans les années 2000 que se sont substituées ces deux notions par "usage doux/ usage dur". Ainsi, on peut très bien observer des "usages durs de drogues douces", et son inverse.
Cette notion est très importante, car elle remet le pouvoir là où il se trouve ; non pas dans la remise de son destin à une divinité, non pas dans une quête (qui échoue bien souvent) de sevrage brutal, mais plutôt dans les mains du consommateurs de drogues.
C'est ce même consommateur qui aurait un usage "dur" ou "doux". Le spectre est très large : du consommateur régulier de cannabis qui a un usage problématique au consommateur ponctuel de MDMA. Ces notions nous permettent de faire le distinguo entre la drogue et le contexte de qqun
Pourtant, suivant la classification "drogues dures/douces" on ne fait aucune distinction selon la personne.
Il est cependant important de préciser que toutes les drogues n'ont pas les mêmes effets. Ce qui remet d'ailleurs en cause la classification drogues douces/dures.
Ce classement Ddure/Ddouce a été établi en prenant comme seul critère les effets négatifs que les drogues peuvent avoir sur l'organisme, or il y a d'autres critères à prendre en compte : certaines drogues sont + faciles d'accès et moins chères. C'est pourtant un critère essentiel
De plus, il est très loin de prendre compte des effets positifs ressentis pendant une consommation, qui est pourtant une composante essentielle de pourquoi tel consommateur consomme tel produit psychoactif.
Alors, pourquoi ça pose problème, ces dénominations ? Parce que ça perpétue l'infantilisation du consommateur, comme si, d'un coup d'un seul, en ayant testé telle ou telle molécule une personne passait du "côté obscure". Pourtant, tout n'est pas tout noir ou tout blanc.
Il est normal pour le cerveau humain d'aimer les cases, d'aimer catégoriser les choses. C'est quelque chose qui paraît totalement intuitif, de vouloir caser telle ou telle drogue dans une catégorie.
Cependant, ces notions de "Ddures/Ddouces ne font que se contredire et il semblerait qu'à l'heure actuelle ce classement soit plutôt un mobile pour permettre de dire ce que l'on veut sur telle ou telle molécule avec pour seule distinction : les convictions personnelles.
Un exemple : Un chercheur Slovaque Peter Janik a essayé de quantifier la perception de "dureté" de telle ou telle drogue. Résultat, sur les 132 recherches "peer-reviewed" qu'il a utilisé, les résultats semblent quelques fois faire consensus, d'autres fois non.
L'alcool, par exemple, a été listé comme une "drogue douce" 42 fois, contre 3 fois en tant que "drogue dure". Le cannabis, 63 fois comme "drogue douce", mais 4 fois en tant que "drogue dure". Qu'est-ce que cela traduit donc ?
Cela traduit l'impacte du langage, de la répression ainsi que des convictions des uns et des autres sur l'usage de drogues, récréatif ou non. Peter Janik note qu'en terme de toxicité et d'addiction potentielle, l'alcool bat indubitablement un certains nombre de drogues "dures".
Il semblerait que son statut légal ainsi que son usage très répandu puissent êtres à l'origine de cette classification.
On a donc là une classification plus que bancale et vivement critiquée dans la littérature scientifique : ces notions ne font pas consensus.
Parler de "dureté" d'un usage avec telle ou telle drogue semble donc déjà une piste plus claire et plus stable en vue d'éduquer les gens, ainsi que de faire pérenniser la réduction des risques dans l'usage des drogues.
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