#Thread Avec le #Confinementotal, les #ViolencesConjugales explosent. Sur les premières semaines, une augmentation de 36% a été enregistrée en région parisienne, 30% sur l'ensemble du territoire.



#StopViolences #Police #Policiers #Team22 #Flic #PoliceSecours

C'est déjà un fléau en temps normal, mais en temps de #COVID19 et de #restezalamaison , ça explose. Je ne compte plus le nombre d'interventions que j'ai pu faire depuis mes débuts à #Paris. Souvent des instants très frustrants. Parfois de franches réussites.

Et le sentiment du travail bien fait et du devoir accompli. Je dis toujours que le chemin de la libération de l'emprise commence le jour où l'on décide d'arrêter d'être victime. Je ne suis pas psychologue. Je ne suis pas spécialiste de la question des violences.

Je ne suis pas assistante sociale. Je suis flic. Je fais comme je peux, avec les outils que j'ai, pour aider ces femmes & ces hommes. Mais notre rôle ne se résume pas qu'à l'assistance, il implique aussi la mise hors d'état de nuire de l'auteur. Là est toute notre difficulté.

Cette dualité des casquettes. On aide. On réprime. Nos cœurs nous disent d'assister et de protéger la victime. Nos tripes nous disent de passer les menottes à cette ordure. Alors parfois, on est maladroits. On n'a pas les bons mots. On s'agace. On ne comprend pas.

On s'impatiente. On est frustrés. On lève les yeux au ciel. Parce que l'on se sent impuissants. Parce que l'on ne supporte pas/plus de vous voir maltraité.e, humilié.e, emprisonné.e, battu.e, laissé.e pour mort.e. On ne sait plus quoi faire pour vous convaincre de partir.

On ne sait plus quoi faire pour que vous preniez conscience que l'on a besoin de vous pour commencer à pouvoir vous aider. On a besoin que vous vouliez vous sauver, pour vous sauver. On ne sait plus quoi vous dire pour vous convaincre de déposer plainte.

Il nous arrive dès lors de ne pas être comme vous l'auriez espéré, il nous arrive d'être con et de dire de la merde. Tout simplement parce que l'on meurt de vouloir vous sortir de là. Et que notre affect prend parfois le dessus sur ce genre d'intervention.

On perd notre sang froid, notre neutralité, notre mesure. On panique, on se fait violence pour essayer de vous apporter des solutions adaptées alors même que vous n'en voulez pas toujours, on réfléchit. Trop. On a juste envie de vous attraper à pleines mains.

Vous attraper et vous arracher de là, de gré ou de force. "Il/Elle comprendra plus tard, tant pis ! Je le/la laisse pas là dedans, rien à battre de la procédure". Sauf que non. Ça ne fonctionne pas comme ça. On ne peut pas vous forcer à vouloir. Ce tiraillement est 1 torture.

Je n'ai jamais appliqué la même approche sur des #ViolencesConjugales. Chaque intervention était différente, chacune de mes approches l'était tout autant. Il n'y a pas de "bonne manière de faire", juste des #Flics qui essayent de faire au mieux. N'en doutez jamais.

Je crois que ma plus grande fierté de ces 5 dernières années est les quelques fois où j'aurais contribué à réveiller ces personnes de leur cauchemar éveillé. Ça vaut tout l'or du monde. Ça vaut toutes les interpel du monde. Ce regard de reconnaissance éternelle...

Ça n'a pas de prix. Dans #VisMaVieDeFlic, je vous parle de Lucie. Cette jeune femme victime d'une emprise extrême de son compagnon, chez qui j'avais l'habitude d'intervenir régulièrement. Très régulièrement. La période actuelle m'y fait penser souvent. Comme un espoir.

Parce que Lucie, elle s'en est sortie. Et c'est mon plus beau souvenir. Ce n'est pas l'interpellation d'un auteur de tentative d'homicide par arme blanche, ni l'interpellation d'un conducteur dont le coffre est rempli de shit, ni le refus d'ob qui finit en tenaille.

C'est Lucie. Une vie innocente brisée mais sauvée. Vous êtes nos plus belles victoires. Sachez le. Alors s'il-vous-plaît, AIDEZ-NOUS, aidez-nous à vous aider. Aidez-nous à vous sauvez. Acceptez d'ouvrir la porte. Franchissez le pas de la porte des commissariats. Faites le 17.

Je sais que je vais avoir une série de commentaires sous ce #Thread qui vont dénoncer le mauvais accueil des victimes dans les commissariats ou casernes, le fait que l'on ne se déplace pas, que l'on ferme les yeux et/ou que l'on ne fait rien.

Je vous demanderai de calmer les passions & de lire ce thread tel qu'il est. Le mien. Pas celui de tous mes collègues. En 5ans, je n'ai jamais été témoin, à titre personnel, d'un shootage de plainte pour #ViolencesConjugales et je n'ai jamais assisté à un refus d'intervention.

Je ne dis pas que cela n'existe pas. Je ne dis pas qu'il n'y a que de bons #Policiers ou de bons #Gendarmes. Nous souffrons de mauvais éléments, de cons, d'antipathiques, de feignants. Comme partout. Nous sommes à l'image de la société. Dans les bons côtés comme les travers.

Mais la quasi totalité des 240 000 forces de l'ordre françaises font leur boulot avec conscience, rigueur et professionnalisme. Nous nous devons de ne pas prendre partie et de garder une certaine neutralité. En apparence. Pour ne pas nous laisser emporter par nos émotions.

Ne prenez pas cela pour de l'indifférence ou un manque d'empathie. Voyez plutôt l'abnégation dont nous sommes capable de faire preuve et le self control qu'il nous faut avoir pour ne pas mettre la gueule dans le mur d'un homme ou femme violent.e.

Nous faisons au mieux. Avec le peu de temps que nous avons, le peu de formation notamment continue qu'il nous est offert, le peu de suites judiciaires ou en tout cas de suites satisfaisantes. Mais avec tout notre engagement. Alors bien sûr que le système est perfectible.

Et nous ne demandons qu'à être plus efficaces, plus formés, plus préparés. Mais, pour l'instant, et quoiqu'il arrive, nous devons continuer malgré tout. Alors faites le premier pas. Nous serons là.

IL EST DÉCONSEILLÉ DE SORTIR, IL N'EST PAS INTERDIT DE FUIR !