1. Il est étrange d'appeler à la #grevegenerale APRES le déconfinement, alors que le confinement lui-même est synonyme d'un arrêt presque total et jamais vu de l'activité, tel qu'aucune grève portée par les syndicats a jamais été capable d'obtenir.

2. Il y a là une fétichisation des formes anciennes de la grève : défilés, banderoles et autres sociabilités telles que meetings et réunions, bref des formes datant des XIXe et XXe siècles, alors que le confinement lui-même est la forme effective de l'arrêt de l'activité.

3. Si c'est bien le but de la convocation de cet imaginaire révolutionnaire, il suffirait de rester chez nous pour mettre à genoux les capitalistes. On tient là une occasion historique sans précédent, et qui ne reviendra pas de sitôt.

4. Le confinement fait disparaître la superstition théorique selon laquelle c'est la société qui doit faire la révolution contre le capital : lorsque la société s'arrête, le capital s'écroule. Apparaît la terrible vérité : le capital, c'est ce qu'on fait. Le capital c'est nous.

5. La vénération des gauchistes vis à vis des formes sociabilisantes de l'activité révolutionnaire trahit le fait que ce qu'ils veulent, c'est moins la révolution que le fait d'être des révolutionnaires, et l'activité proprement sociale que cela implique.

6. Peut-être est-ce pour cela qu'ils ne se sont pas emparés de la possibilité pratique de précipiter l'effondrement qu'ils appellent de leurs vœux à longueur d'année : ce qu'ils ne supportent pas, c'est l'idée de ne pas être les acteurs - les héros - de cet effondrement.

7. Envisager la révolution comme un procès impersonnel, sans héros, dont l'efficacité réside hors de nous, dans les contradictions même du mode de production qui nous embarque et que nous reproduisons sans cesse, c'est aussi l'enjeu de la compréhension de cette crise.

8. Ce petit exercice de politique-fiction n'avait pas d'autre but.

@threadreaderapp unroll

Je précise à toutes fins utiles : ce thread était une sorte de plaisanterie destinée à faire apparaître des problèmes. Je ne pense en aucun cas que cette crise sanitaire soit une opportunité pour quoi ce soit.