Il m'a semblé lundi qu'un certain partage dans ma TL s'organisait par raport à l'intervention du Président de la République, avec une espèce de tableau à double entrée.
Qu'on pourrait grossièrement réusmer ainsi:
Non-macroniste / Non-convaincu
Non-macroniste / Convaincu ou estimant que ce n'est pas le moment de critiquer
Macroniste / Convaincu
Macroniste / Non-convaincu
(Je mets "Macroniste" pour aller vite, mais il faudrait plutôt dire: "Susceptible de soutenir, en temps ordinairs, certaines des positions du gouvernement")
(De même, je mets "Convaincu" / "Non-convaincu", mais je ne doute pas que vous êtes tous des êtres nuancés; que nombre d'entre vous peuvent adhérer vaguement sans être emporté, où disconvenir dans l'ensemble et agréer tel ou tel point, etc.)
Je suis dans la dernière catégorie ("macronocompatible", disons - vous pouvez m'unfollower !, je ne vous en voudrai pas !), mais comme je l'avais dit précédemment, les discours de l'actuel Président de la République ont d'ordinaire le don de m'agacer prodigieusement.
Celui de lundi m'ayant particulièrement énervé, je me demandais pourquoi. Ce n'est pas réellement une question de fond (aucune idée de la pertinence des mesures proposées, je ne suis pas du tout compétent sur la question).
Et soudain, cela m'a frappé: le point de forme qui m'insupporte chez Macron - et chez bien d'autre, il est loin d'être le seul à avoir ce défaut -, c'est le besoin qu'il a *d'incarner* la fonction.
Nous sommes quelques uns, qui nous revendiquons du libéralisme politique, à estimer que Macron n'est pas vraiment un libéral. On peut se gausser sur notre gauche, bien sûr - ne ressemblons nous pas à ceux pour qui "pays X n'est pas *vraiment* du communisme" ?
Mais il me semble que le coeur du libéralisme politique c'est précisément le refus de l'incarnation; attribuer une telle importance aux droits des individus qu'aucune instituion, aucun individu, aucun suffrage, ne peut incarner leur totalité.
Evidemment, on en arrive bien vite à la question constitutionnelle, et deux interventions de followers qui aiment aller plus vite que la musique m'y amènent. Il me semble qu'il y a deux grandes options.
- Ou bien on estime que la Ve République est biaisée dans sa nature, et qu'elle est "incarnationniste" par les pouvoirs et le mode du suffrage du Président;
- Ou bien on estime que la lettre d'un texte n'impose pas l'esprit avec lequel on l'interprète et les moeurs politiques.
La lecture de Guy Carcassonne m'a beaucoup poussé dans le deuxième camp et m'a amené à ne pas placer mes espoirs dans une nouvelle constitution. Mais ce quinquennat me fait désespérer de voir un changement des moeurs politiques.
Certains diront que le moment est mal choisi pour faire ce genre de critiques, ou que, en période d'exception, un pouvoir incarné n'est pas nécessairement une mauvaise chose, que cela répond aux inquiétudes de la population, etc.
Ce à quoi je vous répondrai que je vous concède volontiers le point, mais accordez-moi le droit d'être inquiet moi aussi, et qu'y puis-je vraiment si mon inquiétude prend cette forme ?
(Je dois travailler aujourd'hui, donc je vais m'arrêter là pour le moment, mais sur l'incarnation, les symboles, etc., je raconterai une anecdote tout à l'heure).
You can follow @Raveline.
Tip: mention @twtextapp on a Twitter thread with the keyword “unroll” to get a link to it.

Latest Threads Unrolled: