ROUVRIR LES ECOLES LE 11 MAI. FAISONS LE POINT CALMEMENT

Le ministre : Bon, vous avez entendu le Président comme moi ; On rouvre les écoles à partir du 11 mai. Messieurs, madame, j’attends vos idées.
Le directeur de cabinet : Madame ?
Le ministre : Oui, je manque à tous mes devoirs. J’ai omis de vous présenter mademoiselle Blandine Croupetard de Solignac qui renforce notre équipe à la demande de madame la Présidente.
Le directeur de cabinet : Et elle s’y connait en éducation nationale ?
Le ministre : Autant que vous. Mais madame Croupetard de Solignac a réalisé un parcours scolaire sans faute qu’elle peut nous rappeler.
Blandine : Bac S 21,2 de moyenne. Master de droit, Sciences-Po, ENA, Ecole des chartes, Supaéro et spécialisation en chirurgie buccodentaire.
Le ministre : Vous oubliez votre agrégation d’histoire dont vous avez fini major.
Blandine : Oui, mais ça me gêne d’en parler. Je ne l’ai travaillée que parce que je me suis retrouvée immobilisée pendant trois semaines suite à une chute en ski à Gstaad.
Le ministre : Donc, pour cette réouverture ?...
Le conseiller 1 : Ben, on est contents puisqu’on ne voulait pas les fermer.
Le ministre : Ce n’est pas le sujet.
Blandine : Mais je ne comprends pas. Vous n’étiez pas au courant que le Président allait annoncer ça ?
Le directeur de cabinet : Ben non… Comme tout le monde, on avait lu les fuites dans la presse. On croyait qu’on devait préparer septembre.
Le ministre : Ce n’est pas le sujet.
Le conseiller 2 : Résumons-nous. On rouvre les écoles, les profs sont déjà en train de gueuler partout.
Le directeur de cabinet : Ca, on savait que ça arriverait. Nos services de désinf… de communication ont déjà commencé à rappeler que c’est une attitude scandaleuse de privilégiés qui veulent être payés à rien faire.
Le ministre : Ce n’est donc pas le sujet.
Le conseiller 1 : Mais ils disent quoi les profs ?
Le conseiller 2 : Ben, comme d’habitude, ils pinaillent. Ils disent qu’il va être impossible de se protéger, que les établissements scolaires sont des nids à virus, que c’est dangereux.
Le conseiller 3 : Vous allez voir que si on les laisse continuer, ils vont oser dire qu’il fait trop chaud dans les classes à partir de juin.
Blandine : Mais il y a la clim dans les classes quand même ?!
Le directeur de cabinet : Pas toujours, il paraît.
Blandine : Ah parce que dans mon lycée, à Sainte-Marie-des-Yeux-qui-Piquent, on l’avait…
Le conseiller 3 : Il est où ce lycée Sainte-Marie-des-Yeux-qui-Piquent ?
Blandine : A Paris, entre République et Nation.
Le ministre : Ce n’est pas le sujet.
Le conseiller 2 : Donc, les profs veulent des masques, du gel hydroalcoolique, des distances de sécurité…
Le directeur de cabinet : Et puis quoi encore ? Ils veulent pas une augmentation et une prime de risques tant qu’ils y sont.
Le conseiller 1 : Déjà qu’on leur a supprimé plein de copies à corriger en fin d’année à ces feignasses. Ils pourraient avoir la reconnaissance du stylo rouge, ces flemmards !
Blandine : Mais il y a quand même la continuité pédagogique…
Le conseiller 3 : Ah, on voit bien que vous arrivez, vous… La continuité pédagogique ça ne veut rien dire. Si le prof n’est pas en classe et ne met pas des notes, ça marche pas.
Le conseiller 2 : Donc, il faut remettre les profs dans les classes.
Le ministre : Voilà, ça c’est le sujet. Comment on fait ?... Je vous laisse un moment, je dois passer en duplex dans la matinale de RMC/BFMTV.
Le directeur de cabinet : Bien, en attendant le retour de monsieur le ministre, j’attends vos idées.
Blandine : Mais on est sûr que le 11 mai ?...
Le directeur de cabinet : Bien sûr que non. C’est pour ça que le Président a dit « à partir de » et « provisoirement ». Mais tout le monde a retenu la date et que la date. Et c’est pour ça que maintenant, il faut trouver une solution.
Le conseiller 1 : Déjà est-ce qu’on peut faire rentrer tous les élèves en même temps ?
Le conseiller 3 : Non, c’est compliqué. Si c’est pour reconstituer les couloirs du métro dans les couloirs des écoles, ça ne sert à rien.
Le conseiller 2 : Enfin, si, il y a des études qui disent que les élèves n’ont aucun symptôme donc qu’on peut les regrouper sans problème.
Blandine : Mais quand ils vont rentrer chez eux, ils vont contaminer leur famille…
Le conseiller 1 : Mais ça ce n’est plus le problème de l’Education Nationale.
Le conseiller 3 : Oui, ce n’est pas de notre faute si les familles ne respectent pas les gestes-barrière.
Le conseiller 2 : Ce qu’on pourrait faire pour éviter le problème, c’est les 3-8…
Le directeur de cabinet : Les 3-8, c’est quoi ?
Blandine : 3 fois 8 ça fait 24… Mettre 24 élèves par classe mais c’est trop !... Dans mon lycée, on était 15-16 maximum.
Le conseiller 2 : Mais non, les 3-8, c’est mon grand-père qui était vice-président chez Peugeot qui m’avait expliqué ça. Sur une journée de 24 heures, il y a 3 équipes qui se succèdent et font chacune huit heures de travail.
Le directeur de cabinet : Et alors ?
Le conseiller 2 : On ne fait venir qu’un tiers des élèves de chaque classe. Donc, ils sont moins nombreux dans les salles et on a la distanciation sociale.
Le conseiller 1 : Génial !
Le conseiller 3 : C’est une solution tellement simple !
Le directeur de cabinet : Je contacte la rectrice de Versailles pour savoir si c’est possible.
Blandine : Pourquoi celle de Versailles ?
Le conseiller 2 : Parce qu’on est sûr qu’elle est toujours d’accord.
Le directeur de cabinet : Voilà l’idée chère amie. Qu’en pensez-vous ?
La rectrice : On va mettre ça en place sans problème. Nous serons prêts !
Le directeur de cabinet : Merci. Je savais que nous pouvions compter sur vous.
Blandine : Mais, dans cette idée, les profs vont travailler 24 heures sur 24.
Le conseiller 3 : Et alors ? Où est le problème ? Ils se reposeront pendant les vacances apprenantes.
Le conseiller 2 : C’est vrai qu’il faudra peut-être engager quelques vacataires en plus.
Le directeur de cabinet : Engager des vacataires ?! Et pourquoi pas les payer tant que vous y êtes ?! Non, mais il faut être responsable quand même. C'est vos impôts… Enfin, si vous n'avez pas réussi à défiscaliser.
Le ministre : Alors ?! Où en est-on ?... Bourdin a été pénible, il m’a posé deux questions qui n’étaient pas prévues. J’ai dû dire que la rentrée se ferait peut-être de manière étalée et qu’on allait réfléchir pendant 15 jours aux meilleures solutions.
Le conseiller 1 : Ah bon… Mais alors, on n’a plus besoin de réfléchir aujourd’hui alors ?! On a le temps.
Le ministre : Si… Je veux pouvoir dire demain matin sur LCI que nous sommes prêts. Sinon la Martichoux, elle va encore se moquer de moi.
Le directeur de cabinet : Nous en étions à l’idée d’un roulement. 1/3 de classe vient de 7h à 15h, un autre tiers de 15 à 23h et le dernier tiers de 23h à 7h.
Le ministre : Mais vous êtes fous ?! Vous avez pensé à la cantine ?!...
Le conseiller 1 : La cantine ?
Le ministre : Ce sont les régions qui payent les agents dans les cantines. Elles vont jamais vouloir payer des heures supplémentaires. Déjà qu’elles n’arrivent pas à rembourser les emprunts pour la construction de leurs beaux hôtels de région.
Le conseiller 3 : Mais il n’y aura pas besoin de cantine entre 23h et 7h.
Le ministre : C’est une idée à la con. Trouvez autre chose.
La secrétaire : Monsieur le ministre, une délégation syndicale est là.
Le ministre : Ils ont leur autorisation dérogatoire de sortie en règle.
La secrétaire : Oui.
Le ministre : Zut !... Alors, dites-leur que la porte de mon bureau est ouverte mais que je vais les recevoir dans la grande salle de cérémonie. Moi sur l’estrade et eux tout au fond.
La secrétaire : Bien, monsieur le ministre.
Le ministre : Je vous préviens… Quand je reviens, je veux une idée qui se tienne. Sinon, je vous fais muter chez Castaner et vous irez expliquer à la presse comment des yeux ont agressé des LBD sans défense.

(à suivre)
You can follow @tolosamedia2.
Tip: mention @twtextapp on a Twitter thread with the keyword “unroll” to get a link to it.

Latest Threads Unrolled: