Bon j'ai déserté twitter ces dernières semaines. On ne peut pas dire que j'étais très active auparavant à par pour le shitpost, mais je mets un point d'honneur à prioriser et à évacuer toute dépense d'énergie non indispensable, qui mettrait en péril le reste de mon travail.

Voyez vous, la com, c'est un travail à part entière, d'autant plus que c'est une profession qui s'est bcp développée. Et moi, bah c'est pas ce que j'ai envie de faire, dc même si le modèle youtubesque le veut, je ne le fais pas, sauf qd ça me prend 2sec et que ça me fait rire.

Je pourrais tweeter plein de réf et organiser de la vulga comme mais HELL WHAT c'est aussi du taf et je passe mes journées entières à lire de la doc précise et écrire des scripts, à faire semblant que ça va un jour me rapporter trois sous quand des gens voudront payer pour

mon expertise documentaire pointue et mes qualités rédactionnelles et pédagogiques (hum) Du coup vous pensez bien que ça demande un poil de réseautage. Mais comme je suis un âne bâté misanthrope, je fais des efforts très mous - imaginez en plus qu'on veuille me payer pour qqch

que je n'aurais pas envie de faire parce que je trouve ça nul... Ok pq je vous raconte tout ça? Parce que les règles du jeu auquel je suis sensée jouer, comme pour bcp de gens, exigent de l'abnégation et un travail démentiel, où on sacrifie chaque seconde de son temps

pour réussir à faire ce qu'on aime, et puis sinon on n'est pas méritant, on ferait probablement mieux de crever la bouche ouverte d'être aussi feignant fjdkckjdjfHAAAAAAA.
Aller on reprend. RIEN ne mérite qu'on sacrifie sa santé et son bien être. R I E N.

J'ai passé plusieurs années de ma vie à m'esclavagiser, jusqu'à ce que ça ne soit plus possible. J'ai de la chance: ça n'a plus été possible AVANT que je meurs de fatigue. Mais il y a des choses irréversibles désormais. Je ne supporte plus la fatigue, la frustration, l'anxiété

Ça a l'air bête dit comme ça, mais quand on ne s'est pas brisé, il y a des limites qui sont plus longues à être atteintes. Je fini dans une colère noire quand j'essaie travailler un tout petit peu plus que prévu, ou quand qqn exige mon attention

à un moment où je ne suis pas disposée à la donner. Maintenant j'ai besoin d'avoir des weekends de deux jours, des vacances où il ne se passe rien d'autre que moi, un roman et mon pouf. J'ai besoin d'avoir le droit de m'en battre les steaks d'un truc que je suis sensée savoir.

J'ai la chance de pouvoir avoir tout ça. C'est un immense privilège. Mais je sais que si je ne l'avais pas eu, les séquelles auraient été bien plus graves - si tant est que la situation de précarité aurait pu se terminer véritablement, avec une vraie satisfaction personnelle.

Alors, si vous vous sentez coupables d'avoir la flemme et que vous êtes en mesure matériellement, mon conseil: aimez votre flemme, chérissez la, faites en priorité ce que vous avez envie de faire, là, maintenant, aussi insignifiante que puisse être cette activité socialement.

C'est vous qui vivez votre vie, personne d'autre. Et elle a une fin, alors tant que vous l'avez et sans la niquer à écouter des injonctions sorties de la tête de je ne sais quel bourreau moralisateur: do the shit you want, même si ça froisse Claudine ou Jean-Michel.

Et quand vous aurez fait vos machins tout votre saoul, vous aurez peut-être envie de retourner au turbin, et vous allez aimer ça de nouveau, parce que vous ne serez plus au bout du rouleau. Pis si vous avez pas envie, c'est pas grave, c'est la vie, on change ffsake.

J'ai eu une autre chance, en plus de la chance matérielle de pouvoir m'effondrer en tte sécurité: avoir avec de moi qqn pour me répéter inlassablement, pendant des années: le dodo c cool, si tu veux pas faire tu fais pas, prend un plaid et pleure, on va manger devant un film.

Comme c'est important, je vous passe le message. Si vous avez envie de pleurer à ce stade c'est que vous avez clairement besoin de repos, de plaid et de do the shit you want. Si vous en avez les moyens matériels, faites, le monde continuera de tourner, et vous irez mieux après

quand l'idée de repos ne vous transformera plus arrosoir tellement vous en manquez. La chance que j'ai est un droit vital, et s'il n'est pas respecté .
Pour finir, un chaton.