{THREAD} Histoire 🎺✊🏿🇭🇹

Comment les haytiens ont contribué à la construction de la Nouvelle Orléans?
Introduction :

En 1804, l’île de Saint-Domingue connaît une révolution. Les esclaves se soulèvent et réussissent à prendre le pouvoir, fondant Haïti : première république noire, libre et indépendante du monde moderne.
Environ 10 000 personnes fuient vers La Nouvelle-Orléans, doublant la population locale, et introduisant une cohabitation ethnique et culturelle inédite en Amérique du Nord.
L’histoire et la culture de la Nouvelle-Orléans sont inséparables de celles de Saint-Domingue et d’Haïti.

FIN DE L’INTRODUCTION.
1.

L'une des migrations essentielles des Antilles vers le Sud des États-Unis et la colonie de Louisiane provint de Saint-Domingue entre 1791 et 1815.
Cette migration, due aux convulsions de l'histoire, et qui comporta trois grandes vagues - dans les années 1790, en 1803 et 1804, et en 1809 et 1810 -
Elle amena quelque vingt-cinq mille habitants de Saint-Domingue, Blancs, Noirs libres ou esclaves (dans des proportions à peu près équivalentes) en Louisiane, et plus particulièrement à la Nouvelle-Orléans1.
2.

À la fin du xvnr siècle, la colonie française de Saint-Domingue fut le
théâtre d'extraordinaires convulsions politiques.
En 1791, alors que la France révolutionnaire hésitait encore à accorder le statut de citoyens aux Noirs libres des colonies antillaises, une révolte servile secoua l'île, portant au
un esclave, Pierre Dominique Toussaint Louverture.
Pendant les mois de cette révolte, de nombreux habitants de l'île fuirent, vers la France pour quelques-uns, vers les États-Unis pour un grand nombre, vers l'île espagnole de Cuba et l'île anglaise de la Jamaïque pour les autres.
Toutefois, dès l'établissement du gouvernement de Toussaint, les départs devinrent moins nombreux, et on assista même à quelques rares retours, en raison de la relative stabilité politique ainsi rétablie et de la volonté de Toussaint de protéger les Blancs.
En effet, conscient qu'il était que l'économie de l'île
avait besoin de leur savoir-faire.
Une deuxième grosse vague migratoire se produisit en 1803 et 1804,
après que Jean-Jacques Dessalines, un lieutenant de Toussaint, eut pris le pouvoir et proclamé, fin 1803, l'indépendance de l'île, rebaptisée Haïti.
Cet épisode fit suite aux efforts de Bonaparte pour reprendre le contrôle de Saint- Domingue, tentative avortée mais au cours de laquelle le général Charles Leclerc captura et déporta Toussaint, qui mourut en 1803 dans une prison française.
Lorsque le corps expéditionnaire français, vaincu par l’armée de Dessalines, se retira, Dessalines prit le pouvoir.
À l'inverse de Toussaint, il lança une série d'expéditions meurtrières contre les Blancs, ainsi
ceux qui le pouvaient (environ dix mille à l'aube de l'année 1804) fuyaient précipitamment.
Ces circonstances provoquèrent une nouvelle migration, en général vers Cuba (environ trente mille réfugiés) et vers le Sud des États-Unis, en particulier la Louisiane (environ dix mille) (Hunt 40).
Une troisième et dernière vague migratoire déferla sur le Sud des États- Unis à partir de 1803. Elle se composait des habitants de Saint-Domingue qui avaient trouvé refuge dans d'autres îles de la Caraïbe, à savoir Cuba et la Jamaïque.
Les hostilités entre la France et l'Angleterre conduisirent les
anglaises à expulser les Français de Jamaïque en 1803 et 1804.
Après l'invasion de l'Espagne par les armées de Napoléon en 1808, les autorités espagnoles agirent de même, expulsant de Cuba tous les Français, qui
alors souvent refuge dans le Sud des États-Unis.
En 1809 et 1810, plus de dix mille réfugiés arrivèrent ainsi en Louisiane
Les réfugiés s'établirent pour la plupart dans les régions où il y avait déjà quelques colons français - réfugiés de Saint-Domingue, mais aussi
migrants venus de France. Ils furent bien accueillis.
Le gouvernement fédéral et les États débloquèrent des crédits, et de nombreuses associations caritatives se mobilisèrent pour venir en aide à ces gens qui avaient tout perdu.
En 1794, par ex, le gouvernement fédéral accorda quinze mille dollars de secours d'urgence aux réfugiés et, pour ne prendre l'exemple que d'un seul État, l'assemblée de Caroline du Sud débloqua 12500 dollars à leur intention et leur offrit des logements temporaires (Hunt 43).
3.

Toutefois, à partir du milieu des années 1890 (sous le gouvernement de Toussaint, les colons quittèrent l'île en très petit nombre), les États du Sud virent arriver les réfugiés avec plus de méfiance, car il redoutaient, parmi eux, les Noirs libres et les esclaves...
à qui ils prêtaient des idées subversives. À la fin de la décennie certains États interdirent carrément l'installation des immigrants noirs (Dunn 234)
L’INTÉGRATION POLITIQUE ET CULTURELLE DES HAÏTIENS

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...
Cependant malgré un racisme et la crainte d’une révolution de ces nouveaux noirs sur les esclaves afro-américains, ces derniers seront à un certain degré intégrer dans la politique par les blancs américains.
Mais seul le cas des hommes sera envisagé, puisqu'à l'époque seuls les habitants de sexe masculin avaient le droit de vote et la possibilité d'avoir un rôle politique.
De tous les migrants, ce sont, on l'a vu, les esclaves qui constituèrent le groupe le plus nombreux. Leur cas est rapide à examiner, puisqu'ils n'y avait pour eux aucune forme d'intégration politique possible.
Quels qu'aient été leur date d'arrivée et le statut politique de la Louisiane à ce moment-là, ils ne purent acquérir un statut supérieur à celui qu'ils avaient à Saint-Domingue: ils restèrent des esclaves, privés de tout droit politique.
En revanche, forts de l'expérience révolutionnaire des Noirs de Saint-Domingue, ils jouèrent, semble-t-il, un rôle souvent important dans les complots d'esclaves, ce qui explique la réticence de nombreux États à les accueillir.
Parmi les esclaves, les Antillais, souvent plus qualifiés et instruits, apparaissaient fréquemment. comme des meneurs. Leur rôle politique fut donc réel, même s'il se limitait à leur propre sphère, au monde restreint de la plantation.
Plus complexe, en revanche, est le cas des gens de couleur libres. Si, à Saint-Domingue, ils n'étaient pas citoyens français, ils y avaient un statut économique et social particulier.
ils bénéficiaient de la liberté d'exercer un métier et d'être propriétaires, et ils étaient souvent instruits. C'est là qu'ils firent leurs premières armes politiques, puisque les troubles commencèrent lorsqu'ils réclamèrent la citoyenneté.
Nombreux sont ceux qui durent quitter la colonie lorsque les anciens esclaves prirent le pouvoir, parce que l'alliance qu'ils avaient contractée avec les planteurs mettait leur statut et même leur vie en péril.
4.

Mais ce qui distingue peut-être le plus La Nouvelle-Orléans des autres villes des États-Unis, c’est que dès le début on y voit apparaître un petit groupe d’Africains libres.
Ce sont des Noirs qui travaillent pour la Compagnie des Indes. Ils sont parfois venus du Sénégal, où la Compagnie a un comptoir. « Certains seront impliqués dans le trafic d’esclaves, dit Emily Clark.
D’autres ont conquis leur liberté en défendant les Français contre les Natchez. »
« Ce sont pour la plupart ces Noirs libres qui parlaient français qui ont construit les maisons du Quartier français dans le style colonial des Antilles de l’époque, dit Howard Margot, de la Historic New Orleans Collection.
Leur marque est partout. Ils ont été les vrais bâtisseurs de cette ville. Ils sont devenus charpentiers, commerçants, musiciens, écrivains. Ça explique beaucoup de choses dans l’histoire de la ville. »
L’HÉRITAGE DES HAÏTIENS
Lolis Eric Elie après avoir visité Haïti en 1999 déclarait :

« Il y a tant d’haïtiens qui sont arrivés ici par vagues avant les années 1900, que j’ose affirmer que la majorité des New-Orléanais ont quelques gouttes de sang haïtien dans les veines.
La culture haïtienne a été créée à partir des mêmes ingrédients que la notre- les natifs d’Amérique, les Espagnols, les Africains de l’ouest et les Français.
. Il est difficile de déterminer ce qui nous est venu d’eux. Mais, en visitant l’île, j’ai vu les signes évidents, à la fois subtils et profonds, que nous avons beaucoup de choses en commun avec les Haïtiens.
La persistance du Français et de la langue Créole à la Nouvelle-Orléans ainsi que la force des traits non-américains de notre culture sont le résultat, non seulement de l’influence  française, mais de celle d’Haïti également. »
Quand aux esclaves venus de Saint-domingue, lors du fameux exode de 1810, ils étaient au nombre de 3.226.
Ils y apportèrent leurs danses : kalinda, bamboula, jouba, karabiyié (cette dernière, dénommée tumba à Cuba et à la Nouvelle Orléans, apparut en Haïti en 1806, 2 ans après l’indépendance, au cours de la campagne de la partie de l’est de l’île par Jean-Jacques Dessalines), etc.
Ces noirs saint-dominguois animèrent les festivités du Congo square avec les nouvelles danses venues de Saint-Domingue et renforcèrent considérablement les cultes Vodou, le créole, les arts et apportèrent la culture des masses saint-dominguoises
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