THREAD sur Fabio Capello 🇮🇹

15 titres remportés avec 4 clubs différents, 3 finales de Ligue des champions dont une gagnée.
Sa philosophie, son parcours, ses succès, ses échecs, son management.

Analyse du « Maestro » sur les trois décennies !

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On fait souvent la distinction entre pragmatique et dogmatique. Même si je n’aime pas trop coller des étiquettes, le curseur est plus du côté du pragmatisme lorsqu’on évoque Fabio Capello. Davantage dans l’adaptation que dans le romantisme.
« Chaque fois que je reçois de nouveaux joueurs, j’évolue. Il faut regarder de près les joueurs que l’on a, les analyser et savoir tirer le meilleur d’eux. Comment y parvenir ? En trouvant un style de jeu, un système qui permette aux joueurs de produire le meilleur d’eux-mêmes »
Pour Capello, la tactique prend sens dans l’organisation sans ballon et la progression jusqu’au 25 derniers mètres « Ma philosophie c’est qu’il faut être organisé jusqu’au 25 derniers mètres. Et après c’est le talent et la fantaisie qui s’expriment. »
Des principes de jeu qu’il va d’abord construire pendant sa carrière de joueur. Milieu terrain un peu trapu mais doté d’un bon QI foot, il va connaître une belle carrière dans les années 60-70 baigné par le Catenaccio sous le maillot de la Spal, l’AS Rome, la Juve et le Milan AC
Il va même connaître les joies de la Squadra Azzura (32 sélections, 8 buts). Le fait d’avoir été entraîné par Helenio Herrera ou Ferruccio Valcareggi, (des fervents militants du Catenaccio) durant sa carrière a forcément forgé sa vision du foot.
Une vision du foot qu’il va continuer à structurer après sa carrière en formant les jeunes du Milan AC, en devenant l’assistant de Nils Liedholm dans le Milan des années 80 et en devant même le directeur de la Polisportiva Mediolanum (organisation omnisports du Milan)
« Au Hockey ce sont des guerriers, le rugby c’est le sport du respect et le base-ball celui de la tension et de l’attente. J’ai retenu plusieurs choses de ces observations : l’importance du groupe, la patience et l’esprit de combativité. »
Sa carrière d’entraîneur commence en 1991. Fabio Capello est choisi pour devenir le successeur d’Arrigo Sacchi (considéré par certains comme le plus grand entraineur de tous les temps). L’équipe est déjà au sommet, il va devoir faire en sorte qu’elle y reste.
Entre 91 et 93, Capello surfe sur ce qui a fait le succès de son prédécesseur : 4-4-2, pressing constant, marquage de zone, ailiers considérés comme des attaquants, tout ça autour du trio hollandais : Rijkaard, Gullit et Van Basten.

Ce but de Van Basten vs Goteborg 😍 https://twitter.com/championsleague/status/1189851943226744832
L’équipe est monstrueuse ! Un scudetto en étant invaincu en 91/92, un autre scudetto en 92/93, une finale de LDC perdue en 93. Et le plus impressionnant, une série de 58 matches consécutifs sans défaite (record dans les 5 grands championnats) entre Mai 91 et Mars 93
Avec la blessure de Van Basten, les départs de Gullit pour la Sampdoria et celui de Rijkaard pour son club formateur l’Ajax, l’été 93 marque la fin du trio hollandais. Certains pensent que c’est même la fin du grand Milan AC mais c’est sans compter sur le pragmatisme de Capello !
La saison 93/94 marque un tournant dans le jeu du Milan AC. Capello mise davantage sur la force défensive de l’équipe. L’animation change : le pressing est plus bas, les lignes resserrées, la contre attaque est de mise. L’intégration de Desailly au milieu illustre ce changement.
Le Milan AC habitué à marquer plus de 60 buts par an remporte le Scudetto avec seulement 36 buts marqués pour 15 buts concédés. Huit 0-0, neuf 1-0 et 21 clean-sheet sur la saison, le Milan est un monstre défensif et mise sur les contres.

A l’image de ce but vs le PSG en 94/95 https://twitter.com/gippu1/status/1246729391931080704
Paradoxalement, le Milan AC remporte la LDC sur le score de 4-0 contre le grand Barça. Donadoni et Boban resserrent énormément dans l’axe pour empêcher le Barça de passer dans cette zone. Les carrés défensifs de Capello l’emporte face aux triangles offensifs de Cruyff.
Le résumé de cette finale avec la leçon de Capello. Un plan millimétré, des erreurs provoquées, des 1 vs 1 remportés, le magnifique lob de Savićević. Le Milan AC remporte sa 6ème Ligue des champions ! https://twitter.com/PsgAlger/status/946837948871401478
Les deux dernières saisons de Capello au Milan ac voient l’émergence du jeune Panucci dans la défense de fer des Rossoneri, Eranio s’impose dans le onze mais c’est surtout la doublette Baggio (Ballon d’Or 93) - Weah (Ballon d’Or 95) arrivé à l’été 95 qui fait rêver tout le monde
Baggio en meneur, Weah en finisseur avec sur les côtés deux ailiers qui aiment déborder et centrer, sur le papier le Milan avait tout pour effacer la saison 94-95 catastrophique sur le plan national. Le 4-4–2 reste de vigueur, même si Capello tente par moment un 4-3-3
Le Milan AC remporte le scudetto mais connaît une élimination qui fait tâche en quart de la Coupe de l’UEFA contre Bordeaux. Weah devient le fer de lance de l’équipe, tandis que Baggio peine à retrouver son niveau de jeu qu’il avait à la Juve.

On en parle de ce but de Weah ?! https://twitter.com/dailymercato/status/649539029495640064
Après 5 saisons passées du côté du Milan, Capello s’en va avec 4 Scudetti et une Ligue des champions. Plus que des titres, il a eu l’intelligence de s’adapter aux moyens qu’il avait à sa disposition en changeant peu à peu le style de l’équipe.

L’évolution en chiffre !
A l’été 96, Fabio Capello s’en va au Real Madrid. Le club madrilène sort d’une saison calamiteuse (6ème de Liga). L’effectif connaît un grand chamboulement et 4 joueurs d’envergure rejoignent le club : R.Carlos (Inter), Seedorf (Sampdoria), Suker (Seville) et Mijatovic (Valence)
Capello applique une recette qu’il connaît. Son 4-4-2 sur le même modèle qu’au Milan. Au milieu il tient toujours à avoir un milieu à vocation offensive (Seedorf) et un à vocation défensive (Redondo) pour l’équilibre. Le Real concèdera en moyenne moins d’un but par match.
Raul qui sort d’une saison à 19 buts à 18 ans seulement repique souvent dans l’axe permettant à R.Carlos de s’exprimer librement. Le duo Suker - Mijatovic qu’avait déjà joué ensemble pour la Yougoslavie en championnat du monde des jeunes en 87 s’entendent à merveille
Le Real Madrid remporte la Liga avec 3 pts d’avance sur le Barça. « Au prix qu’ils ont payé Ronaldo, nous avons signé Mijatovic, Šuker et Seedorf » aiment se vanter les dirigeants du Real. Capello vient de poser les bases d’une équipe qui deviendra championne d’Europe
Malheureusement l’aventure entre Capello et le Real dure seulement une saison. L’Italien accepte la proposition de Berlusconi et décide de retourner au Milan AC. Sa relation avec le président du Real Lorenzo Sanz se dégrade, les deux hommes ne se quittent pas en bon termes !
Après un retour raté du côté du Milan AC (10ème de Série A), Fabio Capello rejoint l’AS Rome. Une équipe qui n’a plus rien gagné depuis 8 ans... La 1ère saison est vécu comme un round d’observation pour Capello, une 6ème place qui va permettre d’identifier les besoins de l’équipe
A l’été 2000, Franco Sensi le président de la Roma sort le chéquier. Walter Samuel (Boca Juniors), Zébina (Cagliari), Emerson (Bayer Leverkusen) mais surtout le meilleur buteur Argentin de l’histoire a l’époque, Gabriel Batistuta (Fiorentina) viennent renforcer l’effectif
Pour s’adapter à ses joueurs, Capello met de côté son 4-4-2. Place à un 3-4-2-1, un système qui met dans les meilleures conditions Totti au sommet de sa forme, Cafu et Candela plus à l’aise dans ce rôle de piston et une défense à 3 menée par « Le Mur » Walter Samuel !
Cette équipe Romaine conserve la puissance de feu apportée par Zeman (97-99) et apprend l’art défensif de Capello. Le Maître préfére par exemple un Delvecchio moins buteur qu’un Montella mais plus devoué défensivement
Cette saison là restera celle du sacre, 18 ans après le dernier titre de champion d’Italie, la Roma termine avec deux pts d’avance sur la Juventus d’Ancelotti. Un moment historique.

L’ambiance à l’Olimpico le jour du titre lors de la victoire face à Parme... les frissons ! https://twitter.com/asromaespanol/status/1008441889924829186
Pendant cette campagne, Capello montre sa capacité à lire et faire basculer un match. Face à la Juve (J29), son équipe est menée 2-0, Capello fait rentrer Nakata et Montella. Dans le dernier quart d’heure, les deux joueurs marquent (2-2). Un gros tournant dans la saison ! https://twitter.com/FootballRemind/status/951508704905580544
Les années qui suivent installent l’AS Roma comme un vrai favori (dauphin en 2002 et 2004) mais ce n’est pas suffisant pour remporter des titres. Capello utilisera plusieurs systèmes pour donner un 2nd souffle à son équipe (3-5-2, 4-4-2 losange, 4-4-2 à plat) mais rien n’y fait
« Le problème de la Roma c’est qu’on continue à fêter, on continue à parler de la victoire. À Turin, Milan ou Madrid, ou gagne et on passe à la suite. » Ces mots de Capello résument un peu le déclin que connaîtra la Roma après son départ
7 Février 2004 - Fabio Capello « Moi a la Juve ? Non, je n’irais jamais la bas ! » 4 mois plus tard, Fabio Capello rejoint la Juventus !
Un geste considéré comme une trahison par les supporters de la Roma qui n’hésiteront pas à le faire entendre à l’Olimpico
Mais finalement qui d’autres que Capello pouvait remplacer Marcello Lippi. Les idées du professeur Capello était tellement en adéquation avec celle de la Juve que le mariage paraissait évident. Le même cynisme, la même froideur mais surtout cette même obsession pour la victoire
Un Scudetto lors de la première saison, un autre lors de la seconde avec seulement une défaite et 24 buts concédés. La Juve survole tout le monde sur le plan national mais cale en LDC. A chaque fois éliminé en quart par Liverpool et Arsenal en 2005 et 2006.
Capello aligne toujours son 4-4-2 a vocation défensive. Le trio Buffon - Cannavaro - Thuram c’est ce qui se fait de mieux où presque, Vieira-Emerson gage de qualité et devant Capello préfère Zlatan au Capitano Del Piero ce qui provoquera la colère des tifosis !
Le duo Trezeguet - Ibrahimović est pas tant complémentaire, le rendement du Suédois baisse drastiquement d’ailleurs d’une saison à l’autre (16 buts puis 7) mais malgré ça la Juve était capable d’infliger des raclées comme ce 1-4 à l’Olimpico contre Rome https://twitter.com/juventusfc/status/799922690408607745
Sur les deux saisons, la Juve est premier (sans compter le goal-average) lors des 76 journées (sur 76), une performance remarquable pour Capello et les siens. Toutefois, l’affaire du CalcioPoli et le désamour avec les supporters va venir tachée la fin de l’aventure Turinoise !
10 ans après sa première expérience Madrilène, Capello est de retour à Madrid. L’objectif est simple : redonner au Real Madrid qui n’a plus rien gagné depuis 4 ans, le goût de la victoire. Pour ça, Capello qui a gagné partout où il est passé semble être la recrue parfaite
Capello amène avec lui Cannavaro fraîchement champion du monde, Emerson son gars sûr associé à Mahamadou Diarra au milieu pour réformer un duo proche de celui à la Juve en termes de profils et Van Nistelrooy devient l’attaquant du Real
Capello reconduit son 4-4-2 rigide avec sur les côtes d’excellents joueurs de 1 vs 1 Robinho et Reyes capable d’alimenter en ballon le duo Raúl - Van Nistelrooy, Diarra, Emerson et Cannavaro peinent cependant à retrouver leurs meilleurs niveaux.
Le technicien Italien réalise des choix forts, Beckham, Ronaldo, Guti sur le banc, Emerson qui conserve sa place de titulaire malgré un niveau en dessous des autres. Une situation qui créera encore un fossé entre les supporters et Capello qui ne comprennent pas ses choix.
Dans le contenu c’est pauvre... Le Real produit peu de jeu, l’équipe passe par les côtés et s’en remet souvent à des centres pour son attaquant très prolifique Van Nistelrooy (25 buts en championnat, 33 TCC)

Ce triplé de Van Nistelrooy au Real illustre bien cela https://twitter.com/TaylorRMCF/status/906941187369644035
Porté par le Néerlandais, le Real Madrid remporte la Liga grâce aux confrontations directes avec le Barça (2-0 / 3-3) qui totalise le meme nombre de points. Capello a réussi sa mission, redonner des titres au Real Madrid. Il peut s’en aller le sentiment du devoir accompli
Cette saison la d’ailleurs, il fait connaissance avec un certain Lionel Messi. Alors que le Real mène 3-2 au Camp Nou, Messi égalise à la 90ème (quel but !) et inscrit le premier triplé de sa carrière, après une performance phénoménale. Match à voir ou à revoir ! https://twitter.com/sozcuskor/status/1207316367348846593
Malgré le titre, Capello se fait beaucoup critiquer pour la méforme de l’équipe à domicile, pour le jeu produit, pour les titularisations par défaut avec un vestiaire au bord de l’implosion. Même Cannavaro son fidèle lieutenant est critiqué par la presse « Cannamauvais »
A l’été 2007, Capello est licencié. Le Real Madrid met en place une politique de rajeunissement de l’effectif (Higuain, Marcelo, Robben, Sneijder, Drenthe), le club ne veut plus de Capello qui ne fait pas l’unanimité ni chez les supporters ni chez les joueurs
S’ensuit un parcours de sélectionneur national pour Capello. D’abord du côté de l’Angleterre (2007-2012) puis de la Russie (2012-2015). Deux échecs cuisants que ce soit dans le contenu ou les résultats. Un autre métier qui lui convient bien moins.
Un management à l’ancienne moins adapté à la nouvelle génération. Avec Capello pas d’états d’âme il n’a pas hésité à mettre sur le banc au cours de sa carrière des joueurs comme Di Canio, Montella, Del Piero, Ronaldo ou encore Beckham. Ce qui prime c’est l’équilibre de l’équipe.
Capello n’était pas proche de ses joueurs, il s’en tenait à une relation strictement professionnelle. Italo Galbiati son fidèle adjoint (depuis l’époque du Milan AC) était lui plus attentif et conciliant avec les joueurs. Le bon et le mauvais flic.
« Je n’ai pas besoin de ce style Hollandais. Une-deux, une-deux, dribbler toute l’équipe etc Je peux m’en sortir sans ça, j’ai besoin de buts, j’ai besoin de faire entrer en vous l’esprit Italien. L’instinct du tueur. » Voilà ce que disait Capello à Zlatan à son arrivée à la Juve
Capello c’était avant tout la discipline que ce soit au niveau tactique avec une vision plutôt défensive du foot mais aussi au niveau du management ou dans sa relation avec les médias. Entraînement et préparation des matches voilà à quoi il s’en tenait.
Au milieu, il insistait pour toujours avoir un joueur de devoir capable de ratisser des ballons. Emerson, Desailly, Dacourt, Diarra, Barry. Des joueurs indispensables pour pouvoir mettre en lumière des créatifs comme Cafu, Roberto Carlos, Gullit, ou Nedved.
Mise à part au Milan AC, Capello n’aura pas laissé une image très positive dans les clubs dans lesquelles il est passé. Ses aventures se sont souvent mal terminées avec les dirigeants, les supporters et certains joueurs mais une chose est sure il aura laissé des trophées partout.
Pour terminer voici le onze de Capello avec les joueurs qu’il a entraîné. Une preuve encore qu’il a entraîné les meilleurs joueurs de la planète. L’équipe est ouf !
Pour vous, où se place Capello dans le classement des meilleurs entraîneurs de l’histoire ?
Merci d’ailleurs au grand @Salim_Dib pour sa contribution sur le passage de Capello à la Juve 👌
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