Chers collègues, au-delà des blagues, je pense qu’on peut éviter de comparer la reprise/réouverture « progressive » le 11 mai à « l’abattoir » et au « sacrifice ». C’est juste insultant pour ceux qui continuent à travailler, en particulier les soignants. 1/
Personne pour l’instant ne connaît les conditions de cette reprise progressive. Les appels à la grève, au droit de retrait, voire au chantage ALORS QU’ON NE SAIT RIEN, c’est ça qui nous détruit. Nous croire une profession trop singulière pour justifier l’injustifiable. 2/
Nous sommes fonctionnaires, c’est notre droit, notre statut et pour ma part mon honneur. Je sais le mot peu consensuel. Et bien notre honneur est d’attendre ici. Avec de la pondération et nos capacités à faire de cet immense bordel un truc organisé. On doit en être capable ? 3/
Les questions sont le plus impératif des devoirs, pour préparer cette reprise PROGRESSIVE dans les meilleures conditions. Mais les outrances en période de crise sont souvent des outrages à nos semblables. Ne pas le comprendre, c’est préparer les haines de demain. 4/
Je voudrais juste dire qu’un mois pour se préparer, à quelque chose qui se dessine forcément adapté et pas un « retour à la normale », c’est un délai « long » en période de crise. Dans un temps où certains de nos collègues fonctionnaires, ont 24h pour créer l’impossible. 5/
Bon allez hein, suite aux réponses sous ces tweets, addendum :
a) Non, je ne souhaite pas de 2e vague.
b) Non, je ne veux pas me sacrifier comme "Péguy ou un Saint-Cyrien en 14" (trop d'honneur).
c) Non, je ne veux pas la reprise économique "à tout prix" comme le MEDEF.
d) Non, je ne veux pas la mort des collègues fragiles/+60 ans/aidants QUI NE SERONT PAS DE RETOUR LE 11 MAI PARCE QUE C'EST DU BON SENS.
e) Non, je ne veux pas un poste au ministère et c'est mal me connaître.
f) Non, je ne crois pas qu'on puisse rouvrir sans conditions strictes.
g) Non, je ne crois pas le gouvernement sur parole.
h) Non, je n'ai pas de certitude.
i) Non, je ne souhaite pas aux soignants d'être en tension à cause de nous ou d'un retour de vague.
Avoir besoin de le préciser est assez déstabilisant. Si le 11 mai, on peut accueillir PROGRESSIVEMENT avec des masques, du matériel, etc. des gamins perdus, enfermés chez eux, parfois dans un huis clos, isolés. Alors oui, je serai parmi ces professeurs.
Pas pour que leurs parents aillent au boulot faire tourner la machine. Pas pour soulager Jean-Victor, cadre sup qui en a marre de ses trois ados. Mais faire ce que l'on fait déjà pour des enfants de soignants, c'est à dire rendre un service en tant que SERVICE PUBLIC.
Professeur sans enfant, sans parents dépendants à gérer, sans problèmes de santé majeurs (je crois), j'irai si on me le demande. Parce que j'ai cette situation. Je ne veux pas qu'on y aille tous, je ne demande pas de reprise. Ce n'est pas du courage, c'est mon métier.
Je ne sais pas si le gouvernement a de "mauvaises intentions". Je ne sais pas. Ce que je sais, c'est qu'à force de croire qu'on ne peut pas agir comme un service public, un service de la Nation, on finira par devenir la caricature de nous-mêmes.
Ben oui, il y a aussi des raisons à la réouverture des écoles. Ce n'est pas parce qu'un Président de la République, à l'opposé de mes idées politiques, à l'opposé de ma conception de l’État, dont je réprouve la politique éducative, les posent que ces raisons ne sont pas justes.
Nous n'aurons pas les internes, pas de cantine, pas de sport, pas toutes nos salles, pas tous nos collègues, pas tous les services. On fera (peut-être) un mode dégradé avec quelques personnes. Ou alors, on ne fera pas si ce n'est pas possible.
Je ne sais pas à l'heure actuelle si ça sera possible. Je ne sais pas à l'heure actuelle si ça sera mon cas. Mais jamais je n'estimerai qu'on me demande un "sacrifice" si les conditions font que je peux assurer ma mission de fonctionnaire, en limitant les risques au maximum.
Avoir des questions, demander de la nuance, ce n'est pas par goût de la posture. C'est juste une supplique pour que nous nous appliquions à nous-mêmes, professeurs, comme corps et entité sociale la même rigueur intellectuelle que nous professons et demandons à d'autres.
Si, ce que je crois être un principe, le service de l'Etat et de la société, est possible avec du matériel et des conditions sanitaires : alors oui, le 11 mai sera une bonne nouvelle. Pas pour faire tourner la machine économique, pas pour apprendre à tout prix, mais pour aider.
Naïveté consternante sans doute. Je la revendique. Merci de votre attention. Je m'éloigne.
Bon puis les LREM qui retweetez en croyant trouver un argument : 1/ LISEZ CE QUE J'AI ÉCRIT HEIN. 2/ Vous vous êtes trompés de gazier. Pour ma part, je n'oublie rien et j'ai hérité d'un côté très rancunier de ma grand-mère polonaise. A côté, la vendetta, c'est du petit lait.
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