Le thread sur les violences conjugales :
Alors pour planter le décor, j'étais premier à marcher (PAM) avec 2 collègues. On était en patrouille de nuit, 23h-3h de mémoire.
Ça faisait à peine 6 mois que j'étais sorti d'école de Gendarmerie et affecté à mon unité.
Alors pour planter le décor, j'étais premier à marcher (PAM) avec 2 collègues. On était en patrouille de nuit, 23h-3h de mémoire.
Ça faisait à peine 6 mois que j'étais sorti d'école de Gendarmerie et affecté à mon unité.

On est appelé par le Centre Opérationnel (le 17) pour un homme qui les a contacté, complètement bourré, et qui leur a dit "venez tout de suite ou je vais la tuer".
Heureusement, on était dans la commune où se passaient les violences (vous comprendrez pourquoi après).
Heureusement, on était dans la commune où se passaient les violences (vous comprendrez pourquoi après).

On arrive donc sur les lieux en quelques minutes, 3 ou 4.
C'était au fond d'un lotissement en cul de sac, peu éclairé.
C'était au fond d'un lotissement en cul de sac, peu éclairé.

Dans les phares de notre voiture, on aperçoit un homme debout, une fille par terre au milieu de la route, le visage en sang et l'homme au dessus d'elle près à lui mettre une droite.

J'étais passager avant dans la voiture. Mon collègue s'arrête, je descends, sors immédiatement le taser et fais les injonctions au gars.

Il nous regarde d'un air bête, les yeux brillants et d'obtempère pas. Il se retourne, avance déterminé vers mon collègue.
Je range le taser et le saisi pour le mettre au sol.
Mes 2 autres collègues m'aident mais c'est très compliqué tant il se débat.
Je range le taser et le saisi pour le mettre au sol.
Mes 2 autres collègues m'aident mais c'est très compliqué tant il se débat.

On parvient tant bien que mal à le menotter. Je lui maintien les coudes pour ne pas qu'il se relève. Sa garde à vue lui est notifiée.
Je vous passe toutes les insultes qu'on reçoit (d'ailleurs maman, si tu passes par là, tes oreilles ont du siffler ce soir là).
Je vous passe toutes les insultes qu'on reçoit (d'ailleurs maman, si tu passes par là, tes oreilles ont du siffler ce soir là).

1 de mes collègues appelle les pompiers et s'occupe des différents comptes-rendus à faire (parquet, hiérarchie, etc) et mon autre collègue s'occupe de la jeune femme.

Le temps me paraît une éternité à ce moment là tant le gars se débat, hurle, crache des insultes. Il ira même jusqu'à ordonner à son chien de m'attaquer. Le gentil toutou, plus apeuré qu'autre chose, rentre dans la maison.

Pendant que je le maintien au sol, il essaye à de multiples reprises de se retourner, de me mettre des coups de pieds mais je le maintien tant que je peux et j'évite les coups.

Les pompiers arrivent, prennent en charge la victime et nous on passe par le bureau pour faire tous les papiers pour la garde à vue et le médecin (VM à suivre à l'hôpital pour la compatibilité avec la garde à vue).

Un collègue s'occupe de ça et moi je suis avec un autre collègue à essayer de faire souffler le gars à l'éthylomètre. Il refuse, nous provoque à de multiples reprise, nous insulte, nous menace de mort nous et nos famille et essaye une nouvelle fois de nous frapper.

On prend la route pour l'hôpital. Je suis assis derrière avec lui, mes 2 collègues à l'avant.
Il met des coups de genoux dans le siège devant lui (passager). Mon collègue va pour essayer de reculer au max et le bloquer.
Il met des coups de genoux dans le siège devant lui (passager). Mon collègue va pour essayer de reculer au max et le bloquer.

Mais, quand il appuie sur la barre pour bouger le siège, le type met un grand coup de genoux, fait avancer le siège et met un coup de pied dans le bras du conducteur.
On a failli aller au tas.
On a failli aller au tas.

On s'arrête sur la route, on couche le gars dans la bagnole et je le maîtrise pour ne pas qu'il se relève le temps du trajet.
Durant le reste de la route, il crache où il peut dans la voiture tente de se débattre.
Durant le reste de la route, il crache où il peut dans la voiture tente de se débattre.

On arrive enfin à l'hôpital. Il est pris en charge par les infirmiers qui l'examinent et il est visité par le médecin de garde. La garde à vue peut se poursuivre.
Dans le même temps, le collègue qui a reçu le coup de pieds en voiture se fait examiner : 3 jours d'ITT.
Dans le même temps, le collègue qui a reçu le coup de pieds en voiture se fait examiner : 3 jours d'ITT.

On rentre à la brigade, on met le type en cellule. Il est encore excité et tambourine sur la porte. Il fini par se calmer en s'endort.
La victime est convoquée le lendemain matin pour déposer plainte.
La victime est convoquée le lendemain matin pour déposer plainte.

On rentre se coucher après avoir fais tous les papiers pour la garde à vue, les pièces de procédures qui vont bien et avoir écrit les consignes pour ceux du lendemain.
On doit rentrer vers 5h du matin.
On doit rentrer vers 5h du matin.

Vers 9h, je reçois un appel d'un de mes collègues m'informant que la Brigade des Recherches avait repris l'enquête, parce que bien évidemment on a déposé plainte contre lui.
Et le type voulait aussi déposer plainte contre nous.
Et le type voulait aussi déposer plainte contre nous.

L'après-midi on va donc au groupement pour êtres auditionnés par la BR.
Le mec avait décuvé et était bien plus cool (ah bon ?
).
Le mec avait décuvé et était bien plus cool (ah bon ?


Il n'a pas déposé plainte, a été déféré au Parquet à l'issue de sa garde à vue et à écopé (de mémoire) de 12 mois de prison dont 6 avec sursis (plus des amendes et un stage de sensibilisation sur les violences conjugales).

On a aussi appris que la victime a déposé plainte, qu'elle était vraiment défigurée et qu'elle nous a remercié de lui avoir sauvé la vie.

Dans son audition, elle a raconté qu'il lui avait tapé la tête contre le comptoir de la cuisine, il lui a fait un croche pied pour la faire tomber et il l'a traîné par les cheveux jusqu'à dehors avant de lui mettre des coups de pieds dans le ventre.

Tout ça pour dire que ça aurait pu très mal finir et qu'il ne faut pas prendre à la légère ce type de violence.
On est et on sera toujours là pour défendre les victimes.
On est et on sera toujours là pour défendre les victimes.