Aujourd’hui, nous allons parler d’un empire que je chéris particulièrement depuis plusieurs années : l’Empire byzantin ! C’est donc parti pour un fil de 38 tweets sur cet empire plus intéressant que vous ne l’imaginez !
A la page “byzantin” du CNRTL, on trouve une définition classique (“Relatif à Byzance ou à l’Empire byzantin”) et une définition plus étonnante : “Qui ne présente ni objet ni intérêt réels, qui se perd en subtilités oiseuses”. Une belle manière de commencer ce fil, pas vrai ? (1)
Et pourtant, l’Empire byzantin, long de près de mille ans, renferme bien plus que ces subtilités oiseuses. Nous essaierons ici de vous intéresser à cet objet si lointain, et pourtant si proche, que représente Byzance. (2)
Mais, qu’est ce ? L’Empire byzantin constitue, du moins à ses débuts, plus ou moins la continuité de la pars orientalis (partie orientale) de l’Empire romain, alors même que la pars occidentalis (partie occidentale) s’effondre en 476 avec la déposition du dernier empereur. (3)
On retient généralement plusieurs éléments de définition pour cet empire entre continuité et rupture avec Rome : la place de Constantinople, la christianisation, l’hellénisation et la transformation territoriale d’un Empire qui se recentre sur l’Asie mineure. (4)
“L”hellénisation” correspond à l’adoption de traits culturels plus grecs que romains. Elle passe par la pratique de plus en plus importante du grec notamment, mais aussi par des modifications de titres (comme celui de basileus, roi, en grec). (5)
Nous vous proposons donc un rapide tour d’horizon de la première période byzantine, communément appelée “proto-byzantine”, pendant laquelle l’Empire, tout en prolongeant l’Empire romain, commence à adopter des traits qui lui sont propres. (6)
En 324, Constantin, auguste de la pars orientalis, remporte la victoire finale sur son rival Licinius, auguste de la pars occidentalis, à Chrysopolis. L’Empire romain est alors réunifié sous l’autorité d’un seul empereur, Constantin Ier. (7)
Constantin Ier (306-337), dit Constantin le Grand, fonde à l’emplacement de l’ancienne colonie grecque de Byzance, sur les rives du Bosphore, la ville qui porte son nom : Constantinople. Celle-ci est destinée à devenir ni plus ni moins qu’une seconde Rome. (8)
Constantin Ier est également le premier empereur qui rompt avec la tradition religieuse romaine païenne en se convertissant au christianisme, qui ne cesse dès lors d’accroître son influence dans l’Empire. Les première mesures anti-païennes sont prises par ses fils. (9)
Les “païens” sont, pour les chrétiens, les individus qui pratiquent le paganisme, c’est-à-dire dont la religion n’est ni le christianisme, ni le judaïsme, ni, plus tard, l’islam. Le paganisme regroupe donc, notamment, les cultes romains antiques. (10)
A sa mort, l’Empire est divisé entre ses fils, Constance (Orient), Constant (Occident) et Constantin II (Occident également). En 353, le seul maître de l’Empire est Constance, ses deux frères ayant été tués et Constance ayant vaincu son dernier rival en Occident, Magnence. (11)
Constance lutte à la fois sur le front occidental face aux peuples germaniques dont les tentatives d’incursions sont nombreuses et sur le front oriental face à l’Empire perse des Sassanides, qui continue épisodiquement de menacer l’Empire jusqu’en 651. (12)
Julien, général ingénieux et efficace de Constance, est très populaire de par ses victoires en Occident et de par sa lutte contre la corruption. Inquiet de cette popularité, Constance tente de lui retirer le commandement mais échoue. (13)
Julien (360-363) est proclamé auguste juste avant la mort de Constance (361). Lointain cousin de ce dernier, Julien est le dernier empereur de la dynastie constantinienne. S’opposant à sa politique, il prend des mesures favorisant le paganisme. (14)
Sa mort entraîne une nouvelle division de l’Empire sous les Valentiniens, jusqu’à l’arrivée de Théodose, nommé à la tête de l’Orient par l’empereur Gratien. Celui-ci meurt en 383 et Théodose réunifie l’Empire en 388 après sa victoire sur Maxime, officier proclamé empereur. (15)
Théodose (379-395) est le dernier empereur qui règne sur l’intégralité de l’Empire. En effet, à sa mort, l’Empire est de nouveau divisé (et pour de bon cette fois !) entre ses deux fils, Arcadius, en Orient et Honorius, en Occident. (16)
Le règne de son petit-fils, Théodose II (408-450), voit la pars orientalis prendre le pas sur la pars occidentalis alors que commencent à s’affirmer des caractères proprement byzantins même si l’unanimitas, l’unité de l’Empire, est encore mise en avant. (17)
C’est également sous son règne que surgit le danger hun. Les Huns, dirigés Rua, puis par son successeur, le fameux Attila, mènent de nombreux raids en Thrace entre les années 430 et 450. C’est par ailleurs la mort de ce dernier en 453 qui marque la fin du problème. (18)
A la mort de Théodose II, bien que les empereurs règnent toujours, le pouvoir appartient largement à des chefs barbares que l’Empire emploie pour mener ses guerres. C’est l’un de ces chefs, Odoacre, qui dépose Romulus, le dernier empereur de la pars occidentalis, en 476. (19)
En effet, les “barbares”, des peuples germaniques venus principalement du nord/nord-est, s’installent continuellement dans l’Empire, souvent réticents à les accueillir, et sont plusieurs fois utilisés comme guerriers par les empereurs en échange de leur installation. (20)
En Orient, l’un des chefs les plus importants est Théodoric, qui a réussi à unifier les Ostrogoths. Suite à un conflit avec l’empereur Zénon, il mène son peuple en Italie : il y vainc Odoacre dans les années 480 et prend le titre de roi. (21)
La pars occidentalis évolue dès lors en dehors du cadre impérial : elle est fragmentée en diverses principautés barbares dans lesquelles collaborent peuples germaniques et élites romaines. C’est la “naissance” de l’Occident européen. (22)
Ainsi, lorsque Justinien Ier (527-565) arrive au pouvoir, la situation est relativement stable, aussi bien à l’intérieur de l’Empire que sur les frontières, que ce soit avec la Perse, sur le Danube, ou dans les quelques territoires occidentaux qui restent. (23)
Si la sédition Nikka vient troubler ce début tranquille en 532, elle ne dure pas. Dès 529-534, Justinien fait publier le Code qui porte son nom, un ouvrage juridique de première importance qui contribue à influer l’ensemble du droit du bassin méditerranéen. (24)
Surtout, Justinien est connu pour la politique de reconquête qu’il mène dès 533 : il s’empare cette même année de Carthage, aux mains des Vandales, et refonde la province d’Afrique. Dès 535, Justinien se tourne vers l’Italie. (25)
La guerre s’y poursuit jusqu’en 552 (voire 562), épuisant un empire également affecté par d’autres catastrophes : nouvelle guerre contre l’Empire perse, mais aussi et surtout la peste, dite justinienne, qui se déclare en 541 et qui demeure récurrente. (26)
D’autant plus que le Danube fait de nouveau l’objet d’incursions de peuples barbares, qui mènent des raids jusqu’en Thrace. A la mort de Justinien, en 565, ses successeurs tentent tour à tour d’assainir les finances et de maintenir les limes (frontières) intacts. (27)
Mais l’Empire fait face à des menaces importantes de toute part : dans les Balkans face aux Avars, en Italie face aux Lombards et dans le Proche-Orient face aux Perses. Les empereurs tentent à plusieurs reprises d’acheter la paix, avec des succès variables et de court terme. (28)
En 582, alors que Maurice arrive au pouvoir, la situation semble se rétablir : sur le front perse, puis sur le front balkanique, plusieurs victoires consolident les positions byzantines. Dans le même temps, il essaie de trouver des solutions aux problèmes financiers. (29)
En 602, Maurice ordonne aux troupes d’hiverner au nord du Danube, limes historique de l’Empire, pour y attaquer plus facilement les Slaves. L’armée refuse, se révolte et proclame Phocas empereur, qui décide alors de marcher sur Constantinople. (30)
Phocas prend le pouvoir et massacre Maurice, sa famille, ainsi que divers opposants. Le contexte s’aggrave lorsque, de nouveau, les frontières sont toutes menacées : Perses, Slaves et Lombards assaillent une fois encore l’Empire, qui se rétracte. (31)
Ainsi, dès 608, l’exarque (gouverneur civil et militaire) d’Afrique, Héraclius l’Ancien, se révolte et deux ans plus tard, son fils homonyme prend le pouvoir à Constantinople, porté par le patriarche. Mais la situation est loin d’être arrangée. (32)
La dernière guerre contre les Perses est longue et difficile : les troupes sassanides pénètrent profondément en Asie mineure et posent même le siège devant Constantinople en 626, aidés par les Avars venant du Nord, avant d’être repoussés. (33)
Mais dès 624, Héraclius avait repris l’initiative en lançant une expédition dans le territoire perse. La défaite perse de 626 devant Constantinople couplée à l’échec face à Héraclius à Ninive en 627 met un terme à la guerre. (34)
En 630, la situation est donc stabilisée, mais l’Empire sort grandement affaibli de la guerre, qui fut un gouffre financier et humain. D’autant plus que les pillages perses ont frappé jusqu’au cœur de l’Empire, fragilisant encore son économie. (35)
Byzance n’a pas le temps de se remettre de cette guerre que déjà, un nouvel ennemi surgit : les Arabes, unifiés autour de l’islam, infligent plusieurs défaites aux armées byzantines au Proche-Orient, notamment à Yarmouk en 636. (36)
En une dizaine d’années, l’Empire perd face à ces nouveaux conquérants les territoires levantins et africains avant que la frontière ne se stabilise de facto autour des chaînes du Taurus et de l’Anti-Taurus, complexes à franchir. (37)
La mort d’Héraclius, en 641, marque traditionnellement la fin de la période proto-byzantine. Nous espérons donc que cette première incursion dans l’histoire byzantine vous aura plus ! On se retrouve bientôt pour la suite ! (38)
Un fil signé Alexandre !
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