Alors. J'en ai plein.

Mais on va raconter ma pref' : Mon AAA-arrière-grande tante Agathe Bruchet a empoisonné son mari a l'arsenic en 1828 après 1 an de mariage et 1 enfant.

Un thread. https://twitter.com/Asiatitude/status/1248227871702876160

Commençons par la description physique de cette tante : Agathe Bruchet mesurait 1m38, avait le front rond, un nez pointu, des yeux noirs, une grande bouche, un menton rond, une figure ovale, des cheveux et sourcils noirs et le teint basané

Je tiens cette description physique, rare à trouver pour une femme à l'époque, des mes recherches dans les archives judiciaires de la Mayenne où a eu lieu son crime.

Mais le mieux reste tout de même le résumé de l'affaire dans la presse...

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k124196f/f29.image.r=Bruchet

Tout d'abord, Agathe Bruchet a été contrariée par son mariage, elle en aimait un autre que sa mère n'a pas voulu qu'elle épouse. On lui a tout de même trouvé un bon parti en la personne de Louis Daigremont, un propriétaire cultivateur mais avec qui elle ne s'entend pas du tout...

En effet celui-ci est un mari dur et selon lui Agathe ne s'occupe pas correctement de la maison. Il la frappe. Elle tombe rapidement enceinte, ce qui semble adoucir le mari. Chez elle, pas "d'instinct maternelle", elle parle de son nouveau né comme d'un "moas gas" un mauvais gars

Les disputes entre-eux ne cessent pas pour autant. Elle se décide à acheter de la mort au rat. À cette époque il fallait il autorisation du maire de sa commune pour en obtenir. Bien entendu, une femme ne pouvait théoriquement pas procéder à ce genre d'achat

Elle fait donc signer une autorisation au maire de son village en absence de son mari, comme elle pouvait le faire. Elle a ensuite fait acheter la mort au rat à l'arsenic par son mari en lui faisant croire que leur grenier abritait des rats...

Elle a tenté plusieurs fois de lui faire manger suffisamment de poison en glissant un mélange d'arsenic et de farine dans sa soupe. Lors d'un repas Daigremont remarque des grumeaux et un gout bizarre à sa soupe...

Quelques heures plus tard il est au lit pris de violents vomissements... Il appelle les voisins qui viennent assister à ses derniers instants, il meurt en une journée à l'âge de 40 ans. Cette mort rapide éveille très vite les soupçons de la justice...

Plusieurs indices indiquaient l'empoisonnement. Les vomissements de Daigremont avaient été jetés dans la cour de la maison et les animaux en avaient mangé. Le chien fut malade et plusieurs poules moururent

Il y avait une domestique à la maison qui remarqua plusieurs choses étranges : une poules morte dans la huche à pain, une autre cachée dans une haie, ...
Après des interrogatoires et une exploration de la maison les enquêteurs sont de plus en plus convaincus de l'empoisonnement

Ils découvrent de l'arsenic mélangé à de la farine dans le grenier, ils entendent parler des poules mortes, le frère Daigremont se rappelle que sa belle-soeur Agathe lui avait plusieurs fois demandé de lui acheter de la mort au rat...

Agathe elle-même n'est pas très convainquante dans les explications qu'on lui demande... On procède donc à l'autopsie du corps de son mari, un mois après son inhumation. Le corps est déjà bien décomposé, mais pas de façon habituelle, l'oesophage et l'estomac sont très endommagés

L'autopsie remarque la présence d'arsenic dans le corps de Daigremont et conclue à l'empoisonnement. Agathe Bruchet est arrêtée.

Les archives livrent ses interrogatoires, on peut la lire et la voir parler, c'est assez émouvant. Ses explications sont confuses mais elle n'avoue pas. Elle avoue être amoureuse de son premier prétendant, elle accuse la violence de son mari, elle accuse sa domestique du meurtre

Mais les éléments qui nous sont parvenus permettent difficilement de l'imaginer innocente. Le tribunal en pense tout autant et la déclare coupable de l'empoisonnement de son mari. Elle est condamnée à mort.

Ultime rebondissement avant son exécution : elle est enceinte ! C'est une de mes grosses découvertes aux archives, elle se déclare enceinte, on fait venir un médecin qui l'examine (son rapport contient de nombreux détails intimes...) et conclu qu'elle est bien en pleine grossesse

Elle accouchera le 13 janvier 1829 d'un garçon nommé René Louis Daigremont. Elle sera guillotinée une semaine plus tard, le 20 janvier 1829.
Les deux garçons du couple grandiront chez leur grand-père paternel.

Voilà donc rapidement (bof) l'histoire d'Agathe Bruchet, la grande tante empoisonneuse de la famille. Ne vous contentez pas de ce thread trop synthétique, lisez l'article il est croustillant : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k124196f/f29.image.r=Bruchet

Des bisous et n'oubliez pas la morale de cette histoire : ne cachez pas les poules mortes dans la huche à pain, ça se voit.