Thread sur le génocide arménien:
Le génocide arménien, qui est le premier génocide commis au XXème siècle, fut perpétré d'Avril 1915 à Juillet 1916.
Plus de deux tiers des arméniens qui vivaient au sein de l'empire Ottoman furent massacrés. Soit environ 1.200.000 arméniens tués.
Pour comprendre pourquoi ce génocide a eu lieu il faut remonter dans le temps.

Après la défaite turque durant la guerre Russo-turque de 1877, la Serbie , le Monténégro et la Roumanie sont devenus indépendants. L'Arménie obtient d'après l'article 16 du traité de San Stefano
une protection de ses habitants par les Russes. La Russie devait occuper une partie de l'Arménie turque et devaient se retirer de cette partie après l'application des réformes..
Mais l'Angleterre, l'Allemagne et l'Autriche voyaient d'un très mauvais oeil la prévisible
indépendance de l'Arménie.
Alors au congrès de Berlin, l'anglais Salisbury transforma l'article 16 en 61 qui rendait aléatoire l'application des réformes du traité.
Pour remercier les anglais les turques ont offert l'île de Chypre au Royaume-Uni.
En 1879 le Grand Vizir Ottoman Tunuslu Hayreddin Pacha declara:
"Aujourd’hui, même l’intérêt de l’Angleterre exige que notre pays soit à l’abri de toute intervention étrangère et que tout prétexte à cette intervention soit éliminé. Nous, Turcs et Anglais, non seulement nous
méconnaissons le mot Arménie, mais encore nous briserons la mâchoire de ceux qui prononceront ce nom. Aussi, pour assurer l’avenir, dans ce but sacré, la raison d’état exige que tous les éléments suspects disparaissent.
Nous supprimerons et ferons disparaître à jamais ce peuple."
La résistance arménienne commence à s'organiser dès 1885 avec le parti Armenakan.
Les Feidaïs arméniens, le nom que l'on donna à ces résistants, commence à mener des actions contre l'armée turque dès 1885. L'une des figures de ses résistants est Andranik Ozanian.
Face aux revendications et actions arméniennes la riposte turque fut radicale. Trois régimes différents: celui de Abdul Hamid, des Jeunes-Turcs et de Kemal Ataturk ont de 1894 à 1922 appliqué de façon différente le même plan d'extermination des arméniens.
Au printemps 1894 commence alors ce qu'on appelera les Massacres Hamidiens. Les massacres dureront 2 ans.
Visant principalement les arméniens, les chrétiens syriaques furent aussi victimes de ces massacres.
Il y aurait eu entre 80000 et 300 000 morts.
En 1894, les habitants de Sassoun et sa région s’insurgèrent contre les Kurdes venus les rançonner pour la énième fois. Le sulta profita de cette occasion pour voir et tester la réaction des puissances européennes.
Il envoya à Sassoun plusieurs soldats et miliciens:
la 4e armée turque et la 26e division pilotée par Zeki pacha, forte de 12 000 hommes avec l'aide de 40 000 miliciens Kurdes se livrèrent à une véritable boucherie qui a duré plusieurs semaines. Les réactions des Européens ne furent que verbales.
(Vieille habitude européenne).
La méthode d'extermination fut la même partout:
Tout les midis, on sonna le clairon.
Ce clairon deviendra le signal des tueries.
Préalablement préparés, des soldats Turques, des miliciens Kurdesd, Tcherkesses et Tchétchènes et des tueurs recrutés par les ottomans massacrére
la population arménienne, sans distinction d’âge et de sexe. Dans les quartiers ou villages multinationaux, les maisons habitées par les Arméniens sont préalablement marquées à la craie par des indicateurs.
Aucune région de l'empire ne fut épargnée. Même la capitale, Constantinople, fut le théâtre de deux effroyables massacres. Ces massacres dans cette ville fut une erreur pour les turques car il y avait à Constantinople des témoins occidentaux (ambassadeurs, sociétés etc...).
Après une menace d’intervention militaire des Occidentaux, suite à la boucherie de Constantinople d’août 1896, qui était consécutive à la prise en otage des dirigeants de la Banque ottomane par des fédaïs arméniens, le sultan arrêta enfin les massacres.
Les Jeunes-Turcs arrivèrent au pouvoir en 1908 avec des promesses d'égalité d'égalité et fraternité entre les peuples de l'empire. Les dirigeants du parti Dachnak (Arméniens) ont même contribué à leur arrivée au pouvoir Il y a même eut des fêtes fraternelle entre les 2 peuples.
Hélas, les Jeunes-turques devinrent des nationalistes panturquistes et reprirent les massacres contre les arméniens.
Cela s'explique par la perte des provinces balkaniques. Les turcs originerent d'Asie centrale se retournerent vers leur peuple frères situé en Asie centrale et
Azerbaïdjan. D'où la tentation de créer un vaste état turque du Bosphore à la Chine. Les Jeunes Turques consideraient la race turque supérieur et voyait les arméniens comme un obstacle à l'accomplissement de ce projet.
La veille de la guerre, les réformes en Arménie avaient paradoxalement bien avancé. Malgré les réticences de l’Allemagne et de l’Autriche, les puissances européennes parvinrent à un règlement de compromis qui regroupait les sept provinces arméniennes sous la forme de deux grandes
régions administratives autonomes le tout sous la surveillance d’inspecteurs généraux européens de pays neutres.
Mais hélas, les Jeunes-Turcs avaient déjà préparé un plan d'extermination. Le déclenchement de la 1ere Guerre mondiale va leur permettre de réaliser leur plan.
Avant que la guerre n’éclate en Europe, le gouvernement réquisitionne les armes dans les villes et villages armeniens. Cette réquisition est limitée aux Arméniens, ni les Turcs, ni les Kurdes, ni les Tcherkesses n’y sont astreints.
Dès août 1914, les inspecteurs généraux européens nouvellement nommés dans les régions arméniennes sont expulsés ; sans que la guerre ne soit déclarée l’Empire turc procède déjà à la mobilisation générale et met sur pied la redoutable « Organisation spéciale »
qui sera chargée d'appliquer le programme d’extermination.
Dès janvier 1915, on désarme les 250 000 soldats arméniens de l’armée ottomane pour les affecter dans des « bataillons de travail ». Le 24 avril 1914, qui deviendra la date commémorative, le coup d’envoi du génocide
est donné par l’arrestation à Constantinople de 650 intellectuels et notables arméniens. Dans les jours suivants, ils seront en tout 2 000, dans la capitale, à être arrêtés, déportés et assassinés. Dans tout l’Empire ottoman, c’est le même scénario : on arrête puis on assassine.
Pour les exterminer efficacement les turques ont décidé de les déporter.
L’idée est terriblement efficace: c’est la déportation de toutes les populations civiles arméniennes vers les déserts de Syrie pour des prétendues raisons de sécurité. La destination réelle est la mort.
D’après Henri Morgenthau l’ambassadeur des états-Unis à Constantinople, les Turcs n’auraient jamais trouvé tout seuls cette idée. Ce seraient les Allemands qui auraient suggéré cette nouvelle méthode. Pendant toute la guerre, la mission militaire allemande était omniprésente en
Turquie. Le général allemand, Bronsart Von Schellendorf, avait imprudemment signé un ordre de déportation avec une recommandation spéciale de prendre des « mesures rigoureuses » à l’égard des Arméniens regroupés dans les « bataillons de travail ».
Or « déportation » et « mesures rigoureuses » étaient des mots codés qui signifiaient la mort. Quant au commandant Wolffskeel, comte de Reichenberg, chef d’état-major du gouverneur de Syrie, il s’était distingué lors des massacres des populations de Moussa-Dagh et d’Urfa.
Les convois de déportation étaient formés par des regroupements de 1 000 à 3 000 personnes. On sépare des convois les hommes de plus de 15 ans qui seront assassinés à l’arme blanche par des équipes de tueurs dans des lieux prévus à l’avance.
Parfois les convois sont massacrés sur place, à la sortie des villages ou des villes, notamment dans les provinces orientales isolées.
Les autres, escortés de gendarmes, suivront la longue marche de la mort vers le désert, à travers des chemins arides ou des sentiers de montagne,
privés d’eau et de nourriture, déshumanisés par les sévices, les assassinats, les viols et les rapts de femmes et d’enfants.
Les survivants, arrivés à Deir ez-Zor, seront parqués dans des camps de concentration dans le désert et seront exterminés, par petits groupes,
par les tueurs de l’Organisation spéciale et les Tchétchènes spécialement recrutés pour cette besogne. Beaucoup seront attachés ensemble et brûlés vifs.
à la fin de 1916, le bilan est celui d’un génocide parfait, les deux tiers des Arméniens de l’Empire ottoman sont exterminés.
Tous les Arméniens des provinces orientales, soit 1 200 000 personnes, d’après les statistiques du patriarcat, disparaissent définitivement d’un territoire qui était le cœur de l’Arménie historique depuis des millénaires. Seuls survivent encore les Arméniens de Constantinople,
de Smyrne, quelque 350 000 personnes qui ont réussi à se réfugier en Arménie russe.
L’Arménie occidentale était anéantie, mais les Turcs ne s’arrêtèrent pas là. Profitant de la retraite de l’armée russe consécutive à la révolution de 1917, la Turquie lança une offensive sur
l’Arménie orientale (Les Russes). Elle fut arrêtée au dernier moment par une fantastique mobilisation populaire le 24 mai 1918 à Sardarapat, près d’Erevan.
La capitulation, le 30 octobre 1918, de l’Empire ottoman, suscita de vastes espoirs chez les Arméniens survivants.
En effet, les Alliés vainqueurs semblaient tenir leurs promesses de rendre justice aux Arméniens. Le traité de Sèvres accordait l’existence d’un état arménien sur une bonne partie des provinces orientales de l’ex-Empire ottoman. En 1919, il y eut même un « Nuremberg » avec
le « Procès des Unionistes » à Constantinople.
Depuis, tous les gouvernements successifs de la République turque, fondée sur les ruines de l’Arménie, ont toujours nié la culpabilité de la Turquie dans le génocide des Arméniens.
En 1923, la Conférence de Lausanne annula les accords signés à Sèvres entre la Turquie et les Alliés. Winston Churchill écrivit dans ses mémoires :
" Dans le traité qui établit la paix entre la Turquie et les Alliés, l’histoire cherchera en vain le mot Arménie."
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