"The Life of Pablo" by Kanye West
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Vendu par Kanye West comme l’un des meilleurs album de tout les temps, « The Life of Pablo » arrive dans un déploiement chaotique et texturé d’une énergie unique complètement en roue libre, il semble que la folie de Kanye nous amène vers l’un des meilleur travail de sa carrière.

Le 7ème album de Yeezus a été repoussé mainte et mainte fois, prenant différentes forme et différentes appellations, et c’est finalement le 11 février 2016 que The Life of Pablo arrive enfin, diffusé en direct dans des centaines de théâtres dans le monde.

Si l’album ne réinvente pas la musique, Ye arbore un nouveau concept, celui de faire un album évolutif : « une respiration créative changeante et vivante » qui sera mise à jour à plusieurs reprises et prendra sa forme final le 14 juin 2016 avec le dernier morceau de l’oeuvre.

Cet album dans ses thématiques est un véritable jeu de piste dans lequel Kanye se joue de nous, car à travers toutes les différents facettes qu’arborent l’âme instable de cet artiste, qui est réellement le Pablo dont il est question ?

Et c’est déjà ce que nous suggère la cover de l’album avec la phrase répétitive affiché comme un bug informatique, « Which / One », lequel des Pablo sera le personnage que Kanye West essaye de nous faire croire qu’il est.

Elle représente d’autre part la dichotomie entre Kanye incarnant le fidèle père de famille autour des valeurs familiales, et les tentations et le plaisir du vice incarnées par une meuf en string.

D’ailleurs la photo « familiale » a été prise lors du mariage des parents de Kanye et cela a beaucoup de sens en ce que Ye a un profond sentiment d’affection et d’amour pour sa famille ce qui sera l’un des thèmes centrale de l’album.

Si Kanye incarne sur ce disque plusieurs personnage différent, c’est parce que cet album est le moment après une mouvementée laissant derrière lui tant d’années d’évolution personnel et de révolution artistique.

Kanye avait proclamé « The Life of Pablo » comme un album Gospel peu avant sa sortie, et si il a toujours fait des références à la religion et à Dieu dans beaucoup de ces anciens disques, c’est particulièrement présent dans celui-ci.

Le disque s’ouvre sur l’exceptionnel « Ultralight Beam » concernant la foi de Kanye en Dieu, le morceau présente des chants de gospel et de grandes influences évangéliques, et le morceau renvoie directement au personnage de Saint Pablo.

Saint Paul l’Apôtre a été aveuglé par un faisceau lumineux du ciel alors qu’il se rendait à Damas pour persécuter les chrétiens. Il est resté sans vue pendant trois jours et après cela il consacrera sa vie au service de Dieu.

Ses écrits ont dicté une grande partie de la théologie et de la doctrine chrétiennes et il sera considéré comme l’une des figures les plus influentes de l’église primitive. Et le titre de morceau fait directement référence à cette lumière qui le changera à jamais.

Le deuxième enfant de Kanye est né peu avant la sortie de cet album, et on sent qu’il s’est focalisée, comme beaucoup de nouveaux parents, sur les choses les plus essentielles, l’amour, le pardon et la paix, et tout cela centrera une partie de l’album sur la famille.

Kanye met alors toute sa fierté de coté pour se soumettre à la volonté de Dieu sur les morceaux qui suivent, « Father Stretch My Hands, Pt. 1 » le met en scène se remettant en question après une dispute avec celle qu’il aime.

Il se rendra alors compte que rien n’a plus d’importance que de se réveiller à ses cotés tout les matins, tandis qu’il se livre sur « Pt.2 » sur des moments très personnels de sa vie, parlant du décès de sa mère et de ses difficultés à être présent pour sa famille.

Le père de Kanye a quitter sa mère et son fils pour privilégier sa carrière, il se remet alors en question admettant qu’il a tendance à se rapprocher de ce qui a fait de son père une figure éloignée de son enfance.

C’est dans ces moments que l’album détient ses passages les plus humains, il a une capacité exceptionnelle à réussir à emballé des centaines de prismes d’émotions dans un ensemble qui se remet en question et c’est passionnant en ce que Kanye brise son image médiatique.

« Real Friends » est un regard introspectif dans le rétroviseur des relations de Kanye avec ses amis, en tant qu’artiste son mode de vie à souvent rattrapé ses relations pour les ternir, se reprochant de ne pas avoir réussi à suivre ses amis.

Tandis que l’excellent Ty Dolla $igns invité du morceau, incarne ici les pensées des amis perdu de vue de Kanye West.

Toujours un regard vers le passé sur « 30 Hours », Kanye réfléchit sur une relation passée et perdu du point de vue de son mariage et sa relation actuelle avec Kim. Kanye et Rainey ont eu une très longue relation datant de leurs adolescence.

Lorsque Kanye s’installe à Los Angeles pour percer dans le monde de la musique et enregistrer son premier album chez Rock A Fella, il revenait souvent à Chicago voir Rainey, et comme l’indique le titre de la chanson, il faut environ 30 heures pour faire Chicago / Los Angeles.

À des moments comme celui-ci, vous sentez le manque d'air de la super-célébrité se refermer autour de lui. Même quand il était détestable, le comportement de Kanye se sentait toujours enraciné dans quelque chose de désordonné et de relatable.

Il semble nous dire que certaines relations peuvent être éternelles dans un morceau comme « Waves », il utilise une métaphore intelligente car les vagues ne meurent jamais vraiment, elles viennent et repartent mais sont toujours présentes en flux continu.

L’ouverture de Kanye avec ses émotions lui a permis de construire un mariage fort qui contraste fortement avec sa jeunesse médiatique noirci par ses dérapages en tout genre.

« FML » symbolise toute cette dualité qu’on peut lire dans le sens « Fuck My Life » ou bien « For My Lady », c’est un morceau sombre sur la résistance à la tentation sexuelle immense qu’il partage avec le personnage de Pablo Picasso.

Il essaye de se contrôler malgré son appétit sexuel insatiable et sa fascination vampirique pour les femmes, il fait alors preuve de fidélité et d’honnêteté envers Kim.

Et tous ces efforts personnels pour Kanye West sont réalisables tant qu’il se soumet à la volonté de Dieu, il continuera d’ailleurs avec des références bibliques sur « Wolves » se comparant lui et sa femme à Mary et Joseph,

tout en explorant une palettes d’émotions tels que la peur, l’espoir et l’amour. Le morceau devait se finir sur une outro chanté de Frank Ocean mais il finira par avoir sa propre interlude qui servira de transition dans le disque avec la piste « Frank’s Track ».

Mais évidemment, la bipolarité de Kanye l’emmène toujours vers des personnages plus sombre, et par moment, il est impossible d’échapper à sa célébrité, c’est ce que racontera le morceau Famous, avec un featuring bien amené de Rihanna qui incarne la gloire médiatique.

Il se connecte à de nombreuses reprises avec le personnage de Pablo Escobar pour mettre en avant son empire, son succès et tout ses vices.

« Feedback » c’est le retour du bon vieux Kanye West que les médias s’empressent de qualifié de connard, sans aucun détour il étale son argent, saccage ses ennemies et se remémorent ses insouciant débuts en établissant des comparaisons avec Pablo Escobar.

Il revient sur les moments les plus forts de sa carrière sur « Highlights » contemplant sa collection de Grammy Awards, tandis qu’on le retrouve se déchainant sur « Freestyle 4 » le représenta tant enivré de libido.

C’est un personnage totalement en décalage avec sa propre conscience se décrivant lui même être hors de contrôle soulignait ses abus de drogues lui provoquant des déformations d’une réalité qu’il ne maitrise plus vraiment.

Certains morceaux sortent un peu des thématiques de l’album même si ils n’en sont pas moins excellent à l’image d’un des meilleurs morceaux du disque à mon sens —> « No more Parties in LA », et comment raté un morceau quand on a Kendrick Lamar comme invité ?

Les deux artistes se partagent des histoires sur des soirées passés à Los Angeles, mettant en avant la vie hollywoodienne et le faux style de vie des célébrités, tout en évacuant toutes leurs frustrations face aux problèmes de « riches » auxquels ils font face.

« Facts » même si il n’en demeure pas moins une très bonne piste célèbre la ligne Adidas Yeezy Boost de Kanye dénonçant son affiliation avec le concurrent Nike.

Mais quelle conclusion finalement pour Kanye West ? Le dernier morceau de l’album sorti 6 mois plus tard, « Saint Pablo » nous donne des éléments de réponses dans un dernier souffle abordant les pensées et les insécurités les plus profondes de Ye dans sa vie,

Abordant également les grandes controverses qu’il a subi sur ces agissements ou comportement, mais aussi sur les spéculations médiatiques renvoyant à sa santé mentale. Et c’est finalement du coté de Dieu qu’il se tourne quand il ne sait plus vraiment qui il est.

Tout cet album et ces secousses pressés et laborieuses soulève un grand questionnement et de grandes affirmations, il semble essayer de nous faire pensée que nous vivons dans un monde touché par la divinité, fruit de l’imagination d’un être supérieur.

La lumière finit par l’emporté sur l’obscurité, et si cet album est assez déstructuré et laborieux, il y dépose toujours un sens de l’humour insensé si créatif unique à son personnage.