🦢 LE SHADOW DE BTS : LA CONFRONTATION À LEUR STATUT D'ARTISTE ET CE QUE CELA IMPLIQUE. 🦢

#BTStheory #BTS @BTS_twt
Comme nous l'avons théorisé durant de nombreux mois, nous pouvons nous rendre compte que MOTS : Persona et MOTS : 7 ont deux objectifs différents :
Le 1er met en exergue la « persona » de BTS, qui est sans conteste lié à notre fandom, ARMYs (c'est pourquoi certaines chansons nous sont directement adressées), le second se concentre sur le Shadow de BTS, et est centré sur le groupe, les membres, et leurs propres insécurités.
Nous allons voir dans ce thread, à travers une analyse construite des paroles de chansons choisies dans l'album, comment le Shadow de BTS se manifeste et quel est-il.
⚠️ Ce thread sera découpé en plusieurs parties, parce que j'ai eu beaucoup de choses à dire et que j'ai fait l'analyse de paroles de 5 chansons que je considère comme pivots et qui composent l'album. Ce sera long, très long. ⚠️
Comme l'a démontré Loïse ( @NotJiniusChibi) à la sortie de MOTS : Persona, il y avait quelque chose de dérangeant à propos de cet album : il n'y a pas d'outro, et Dyonisus semble venir casser le tableau idyllique du kpop idol beau et souriant et dédié à ses fans.
Cette chanson cache quelque chose, semble introduire à la seconde partie, le Shadow.

C'est pour cela sans aucun doute que la plupart des chansons de MOTS : Persona se retrouvent dans MOTS : 7, pour récupérer cette construction de leurs albums.
INTRO - Dionysus : L'artiste consumé par l'ivresse de son art.

Vous avez suffisamment vu d'analyses de Dionysus sur Twitter, mais laissez moi vous donner mon interprétation des paroles : Dionysus est un dieu complexe de la mythologie grecque.
A la fois le dieu du vin, de l'ivresse, et de la folie, il est également vu comme un outsider par rapport aux dieux de l'Olympe, dû à sa naissance peu conventionnelle.
On peut déjà voir avec Dionysus que cette chanson n'est pas, comme les autres chansons de l'album, destinée aux ARMYs, mais elle parle bien d'eux, de BTS, des artistes face à leur industrie.
Dionysus est une métaphore dans le contexte de cette chanson : Le vin est substitué à l'art, comme nous le voyons dans cette première phrase du couplet de Namjoon : « Art splashing inside this clear crystal cup/Art is alcohol too, if you can drink it, you'll get drunk too ».
Ici, Namjoon fait un joli calembour, puisque le mot coréen pour «art » (=yesul, 예술) et celui pour « alcohol » (=sul, 술) se ressemblent, ils sont frères dans la langue coréenne, et on peut facilement les assimiler ensemble.
Parlons également du fameux « Thyrsus » dont Namjoon fait référence par deux fois dans son couplet : « Drink in one hand, Thyrsus on the other » « From my mic made of ivy and rough wood ».
En coréen, le mot « grape » (=raisin en français, et par extension, le vin) réfère aux sièges vides durant un concert. Les phrases suivantes donc : "Thyrsus (grippin’) Grape (eatin’)" « From my mic made of ivy and rough wood/There is never a sound that comes out in one breath »
Font référence au fait qu'ils remplissent les sièges partout, ils chantent devant des salles pleines, ce qui renforce leur sentiment d'ivresse.
Nous savons également que Dionysus est le dieu de la fête, et BTS y fait référence dans ce pré-refrain : Ils évoquent leur propre vision de la fête, qu'ils transposent sur leur travail en tant qu'artiste :
Leur travail est ce qui les fait vibrer, ils s'enivrent de leur travail comme d'une grosse soirée arrosée. Il y a un double parallèle à faire ici, le premier avec Black Swan entre la phrase « We're born again » et « Oh that would be my first death »
Le second avec la citation de Martha Graham dont BTS se sont inspirés pour écrire Black Swan : "Un danseur meurt deux fois, une fois quand ils arrêtent de danser, et cette première mort est la plus douloureuse.".
Pour BTS, leur travail est ce qui leur permet de vivre, littéralement, et ils ont peur du jour où ils ne pourront plus l'exercer, jour le plus douloureux de leur vie, puisqu'il consistera en une première mort.
Et c'est ainsi que nous entrons réellement dans le Shadow de BTS. Parce que oui, Dyonisus était une introduction à ce Shadow qui les ronge et qu'ils refusent de voir :
Leur métier, c'est toute leur vie, ils aiment ce qu'ils font plus que tout au monde, mais qu'adviendra-t-il le jour où ils ne pourront plus l'exercer ?
Nous allons voir comment ils y répondent dans ce thread à travers l'analyse de quatre chansons de MOTS : 7 de BTS : Interlude : Shadow ; Black Swan ; Louder than Bombs et We Are Bulletproof : The Eternal.
I - Interlude : Shadow : La peur d'un succès trop grand.
Puisque c'est un solo de Yoongi, il va s'agir de se focaliser sur le Shadow de Yoongi, ce qui le poursuit.
La chanson commence avec une anaphore en « I wanna », qui montre tous les rêves de Yoongi depuis toujours :
il veut être un artiste, il veut être adulé, il veut être au sommet, il veut tout gagner. Cela ressemble à ce que pourrait dire Yoongi sous sa persona Agust D, mais le masque se brise par deux fois, comme cette anaphore se répète deux fois.
La première fois elle se termine par trois points de suspension qui laissent présager d'une hésitation révélatrice. Celle-ci se dessine à la seconde répétition : « I wanna be me » il veut être lui-même.
Mais cette hésitation révèle-t-elle qu'il ne sait pas lui-même si être le plus grand artiste est compatible avec ce qu'il est vraiment ?
Le « I wanna go win » est abandonné dans cette seconde répétition, sont rajoutées ces trois phrases-ci : « I want a big thing/Oh boy let me see/I got a big dream yeah »
Comme si Yoongi parlait à son lui enfant (« oh boy ») qui rêvait d'être tout là-haut, et qu'il se rend compte à présent à quel point la montagne à gravir était haute.
En janvier dernier, le jour de la sortie du MV de Interlude : Shadow, j'ai écrit un thread où je comparais Yoongi à Icare, le personnage de la mythologie grecque qui fit preuve d'hybris en voulant côtoyer le soleil au plus près, et se brûla les ailes dans une chute mortelle.
Je ne referai donc pas l'analyse des paroles et du clip que j'en avais fait, mais je vous pose ici le lien du thread. https://twitter.com/Armeo_Jimliet_/status/1215352972948987904?s=20
Cette partie-là ressemble à un dialogue intérieur entre Yoongi, son Moi avec un grand M, et ses propres personas, Suga et Agust D, qui les ont mené au sommet qu'il occupe à présent :
"Bah alors, t'as tout ce que tu as toujours voulu maintenant, tout ce dont tu rêvais à tes débuts, tu vas pas te plaindre en plus ?"
Ce couplet renvoie à un dilemme qui confronte l'artiste à l'humain qui sont en son Moi interne, celui qui est que d'une part, il a accompli tous ses rêves, mais d'autre part, il a dû abandonner des choses de sa vie et semble se demander si tout cela valait vraiment le coup.
L'outro de cette chanson renvoie à une conclusion, une réponse à la question posée par Namjoon dans l'intro de Persona : « Persona, who the hell am I ? ».
Il en arrive à la conclusion que Yoongi, son shadow, son vrai Moi, toutes ces personnes n'en sont en réalité qu'une, qui le constituent dans son intégralité.
L'artiste qui est en lui, la star qui brille de mille feux, le jeune homme dont les yeux brillaient d'ambition, l'adulte qui doute de ses choix, ce sont toutes des versions différentes de lui, qu'il doit arriver à concilier.
II - Black Swan : Le doute d'un artiste qui se meurt.
Petite recontextualisation pour Black Swan.
Le cygne noir est une découverte du XVIIè siècle par Willem de Vlamingh. Avant cette découverte, on ne connaissait que le cygne blanc.
Avant, personne n'aurait même pu envisager qu'il existait des cygnes noirs. Le fait est que BTS sont une exception que personne ne pensait possible dans leur industrie, ils sont le cygne noir de cette industrie dans le sens où ils sont une découverte exceptionnelle.
Le titre de cette chanson peut renvoyer à ceci, le fait que quand on fait quelque chose de différent, quand on va vers quelque chose que personne n'a jamais fait, il n'y a pas de barrière, on ne s'interdit pas d'oser, de créer.
C'est ce que BTS nous enjoignent à faire avec cette chanson, il nous faut embrasser le cygne noir qui sommeille en nous.
Comme nous le savons, dans son solo First Love, Yoongi évoque que le piano est son premier amour, et donc, par extension, la musique. C'est par la musique qu'il est né pour la seconde fois, et c'est par la perte de cet amour qu'il mourra une première fois.
De cette manière, il y a presque une construction en chiasme entre ce couplet de Black Swan et celui de First Love.
Comme nous le disions plus tôt, Black Swan est inspiré d'une citation de Martha Graham, qui dit : "Un danseur meurt deux fois, une fois quand ils arrêtent de danser, et cette première mort est la plus douloureuse.".
Black Swan est donc une chanson qui évoque la peur pour un artiste que son goût pour l'art disparaisse, et alors, que reste-t-il dans ce cas-là, à part une coquille vide ?
Cela peut également faire référence au syndrome de la page blanche dont souffrent de nombreux artistes à différents moments de leur carrière.
Une référence aux doutes qui les emplissent à propos du fait que ce n'est peut-être pas la bonne route à prendre, peut-être vaut-il mieux abandonner son rêve pour une carrière plus simple.
Pour aller plus loin, et si on prend cette phrase pour exemple et qu'on l'examine à la lumière de la hidden track « Sea », celle-ci prend beaucoup de relief :
Dans « Sea » BTS compare la mer au succès, et le désert à l'échec, mais celle nouvelle phrase nuance cette vision manichéenne : un océan sans lumière n'est pas entier, tout comme leur succès n'est rien sans bonheur.
BTS connaissent un immense succès, qui est terni par différentes choses : les messages négatifs des haters, le plafond de verre qui les empêchent de monter plus haut car ils sont asiatiques, eux-même aussi, à cause de leurs doutes.
Ils ont trouvé quelque chose de sombre dans le succès, une forme d'hésitation due à leur peur de perdre leur amour pour la musique.
La métaphore est filée, dans le couplet suivant : « The waves go darkly by in a throe/But I'll never get dragged away again » :
Cela signifie que même si l'océan s'assombrit, que le succès est un chemin tortueux que l'artiste a choisi de suivre, il sait que c'est le bon chemin pour lui, et il l'affronte sans peur.
C'est ici qu'on observe une évolution dans la chanson, initiée par Yoongi tout comme il a débuté la chanson. Ici, les doutes s'effacent, il se sent de nouveau à sa place, il sait qu'il est sur le bon chemin.
Le fait qu'il se réveille dans son studio est une référence au fait que Yoongi passe plus de temps dans son studio que chez lui, à travailler sur de nouvelles chansons.
Il se rappelle que c'est sa raison de vivre, il se retrouve enfin : « I saw myself ».

Black Swan est une chanson à propos des insécurités de l'artiste, des doutes qu'il peut ressentir face au chemin qu'il a emprunté.
Cependant, on observe une évolution dans la psyché de l'artiste au fil de la chanson, une évolution dans sa façon d'affronter son Shadow. Il lui fait face.
Louder than Bombs : La où l'artiste fait tomber le masque
La chanson est construite de façon à ce que tout le message soit renfermé dans le refrain, qui évolue au fur et à mesure, chaque couplet ayant seulement le rôle de nous préparer à la prochaine forme du refrain. Louder than Bombs est la chanson où BTS font face au Shadow.
L'essence de cette chanson se traduit par le refrain qui revient par trois fois, dans lequel le verbe et le message changent à chaque fois et évoluent en une gradation : « Louder than Bombs I break → I say → I sing » :
La chanson débute avec un rappel de Interlude : Shadow, puisque toutes les chansons se font écho dans cet album, démontrant ainsi qu'on ne peut échapper au Shadow, il se tapit partout jusqu'à ce qu'on se décide à l'affronter, et l'accepter.
Cette phrase est une référence directe à 2!3!, et montre une certaine désillusion de la part de BTS : dire que tout va bien quand ce n'est pas le cas, se cacher derrière un masque, ça ne sert à rien, autant ne pas se mentir à soi-même.
Dans le premier refrain, « I break » montre que le déni se brise ; BTS arrête de faire semblant que tout va bien, ils laissent les fissures s'ouvrir et craquer ce masque qu'ils tentent tant bien que mal de garder.
On le voit dans ce premier refrain avec la phrase « The expression you had on wasn't that expression » : ils admettent qu'ils tentent de tromper les apparences, et acceptent enfin de ne plus se cacher derrière des masques, d'essayer d'entrer dans des cases.
Ces deux blocs marquent une évolution dans la pensée de BTS : le premier les montre passifs, le deuxième actifs : il y a une vraie opposition entre les phrases « Here I stay, pray » et « The fight is for you » :
La première montre qu'ils remettent leur destin entre les mains de quelqu'un de plus fort qu'eux, la seconde, qu'ils prennent leur destin à bras le corps, qu'ils se battent.
Dans le deuxième refrain, « I say » est une promesse : « The times I've ignored you/The days where I kept running away, there won't be any more » : Je ne me cacherai plus, je ne t'ignorerai plus, je me montrerai tel que je suis vraiment.
Ici, BTS ne prennent plus de pincettes : ils ne se cachent plus, n'ont plus peur de dénoncer : peu inporte ce qu'ils font, ils ne contenteront pas toujours tout le monde, alors pourquoi se restreindre ?
Il s'agit d'une référence évidente à tous ceux qui disent du mal d'eux, tous ceux qui les ont traîné dans la boue. C'est un message pour eux : nous n'essayerons plus de vous plaire.
Dans le 3ème, « I sing » est une conviction : « Make a promise for you and I/Whatever wave may sweep over us/We will endlessly sing to you » : peu importe ce qu'on dit et fait de moi, je suivrai mon chemin, je ne plierai plus. Je resterai fidèle à moi-même.

En gros : BTSPOP.
IV - We are Bulletproof : The Eternal : où l'artiste remercie les plus importants.
La chanson est un throwback à propos de leur passé en tant qu'artistes, c'est le regard des artistes qu'ils sont devenus sur ceux qu'ils étaient au départ.
De nombreuses références seront à faire entre We Are Bulletproof pt 2 et We Are Bulletproof : The Eternal, puisque cette dernière semble conclure le triptyque.
Contrairement à toutes les chansons dont nous avons parlé plus tôt, WAB The Eternal est une chanson sereine, contemplative, il n'y aura pas grand chose à dire car elle n'est pas soumise à plusieurs interprétations :
Elle est une pré-conclusion de cette introspection à laquelle se sont exercés BTS depuis 7 ans, et qu'ils nous délivrent aujourd'hui.
Cela commence d'ailleurs avec le début de la chanson : C'est Jungkook qui débute, comme il débutait dans WAB pt 2 : il ne se présente pas, comme dans la deuxième partie, mais il commence avec une référence au passé :
Ce début donne le ton de la chanson : c'est une chanson qui se retourne sur le passé de BTS, sur la manière dont ils ont décroché leur succès, et une lettre d'amour ouverte à ceux et celles qui les ont toujours soutenus contre vents et marées : les ARMYs.
Ce couplet et cette partie de refrain rejoignent ce que l'on disait à propos de Louder than Bombs plus tôt : « But so much pain/Too much cryin’' » « Throw stones at me/We don't fear anymore BTS ne se cachent plus, ils n'épargnent plus personne, surtout pas les ARMYs
(ils ne nous épargnent plus depuis le discours des MAMAs 2018) et c'est pourquoi nous sommes plus proches que jamais d'eux à présent : « We are together, bulletproof ».
« Throw stones at me, we' don't afraid anymore » est une référence à WAB pt 2 : « Oh ! Throw a stone at me if you've done as much as I did » : aujourdhui, ils sont forts et fiers de leur succès, plus rien ne peut les arrêter, et ils n'ont plus rien à prouver à personne.
Aujourd'hui, « We Are Bulletproof », ce message englobe aussi les ARMYs : désormais, leur combat est le nôtre également, nous sommes une même équipe, ils comptent sur nous autant que nous comptons sur eux.
« After seven winter and springs » montre aussi bien la durée de notre relation que le fait que nous sommes passés par des hauts et des bas, l'hiver ayant pour connotations d'être rude et froid et le printemps doux et léger.
C'est une chanson à propos de nous, et à propos d'eux, c'est en pensant à eux, et à nous, que tous leurs doutes s'envolent.
Nous sommes la lumière qui éclipse leur shadow, mais ils savent aussi que plus il y a de lumière, plus l'ombre est sombre. Mais ils sont sereins face à cela, parce que nous sommes là.
CONCLUSION

MOTS : 7 est un album qui montre une véritable évolution dans le cheminement de pensée de BTS par rapport à leur propre Shadow, leurs doutes, leur désespoir, leurs désillusion, et leurs choix de lutte.
On a pu voir que le Shadow de BTS tourne régulièrement autour de leur condition d'artiste, de leurs choix d'émancipation d'une industrie trop petite pour eux, de leur choix de s'affirmer en tant qu'artistes et êtres humains.
C'est un album qui nous livre BTS tels qu'ils sont, qui les met à nus émotionnellement et artistiquement parlant.
Bref, BTS sont d'absolus génies en constante remise en question, ce qui fait d'eux des artistes exceptionnels. Merci de m'avoir lue. Désolée pour les fautes d'orthographe. N'hésitez pas à me donner vos avis sur ce (très conséquent) thread surtout !
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