Un petit thread de #lagéopolitiqueçasertàfairelaguerre, ça vous dit ? Bon, cette fois ça parlera fiction. Vous vous êtes déjà interrogé sur la géopolitique de Kaamelott ? Non ? Moi non plus, mais c’est l’occasion de le faire.
La guerre est omniprésente dans la série. Normal, on est au Vème siècle après JC, Arthur est censé gouverner une fédération de royaumes tous plus différents les uns que les autres, avec des langues, des coutumes, des spécialités de bouffe différentes. T'en as c'est les pommes.
Chaque royaume étant constitué de plusieurs clans, même s’ils ne comprennent que trois bicoques mitées. Le tout, avec son armée capable de « passer pour des cons en un temps record ». Imposer son autorité à l’intérieur, et éviter les attaques extérieures :
les Burgondes, Saxons et autres hordes de Huns (en fait, deux. Attila et un Hun. En général. Ils ont volé une petite cuillère, quand même ! Un jour) et de Barbares diverses.
À l’époque, tous les moyens étaient bons pour fédérer : taper sur la gueule plus fort que le voisin ou épouser la princesse du coin. Léodagan a fait alliance avec les Saxons, un clan de la Carmélide, en enlevant et épousant Dame Séli. La Carmélide accepte d’entrer dans la
Fédération parce qu’Arthur épouse la fille du roi, Guenièvre. Mais la Carmélide, qui doit être un allié puissant d’Arthur, conserve une certaine autonomie. Les traditions, comme celle de baiser la fille aînée du chef de clan vaincu,
ou celle de brûler les condamnés après la séance de justice. Ça pue le graillon après mais ça avait son charme. Y’a des traditions qu’on a perdu et c’est bien dommage. Et battre monnaie, même si le roi Arthur n’était pas forcément au courant. Mais on peut pas tout maîtriser
Le Pays de Galles est plutôt un royaume de pécores, qui savent pas lire parce que c’est un piège à con. La ferme de Perceval est environ à une journée de cheval de Kaamelott. Y’a la Calédonie, plus loin au nord, Gaunes, l’Irlande…
Et puis le royaume d’Orcanie, en théorie inféodé à Kaamelott, en pratique royaume de « salopards ». Trahir est dans leurs gênes. Conspirer est un réflexe. Ils ont un lien « avec tout ce qui se manigance de vicelard en Bretagne depuis les trentes dernières années ».
Loth d’Orcanie, spécialiste des citations bretonnes qui ne veulent rien dire mais parce que ça fait bien dans le contexte, explique ce besoin de trahison parce qu’il aurait peur d’aimer. Genre le mec trompe sa femme de crainte de tomber trop amoureux. Remarque, c'est pas con.
L’art de la guerre, dans Kaamelott, on l’apperçoit quand même pas des masses. Les combats sont soit suggérés (on ne voit que le haut commandement, qui ne commande en fait pas grand chose) soit évités, grâce à l’art de la négociation des généraux d’Arthur.
[interlude sport confiné]
. Saluons le formidable traité que Bohort parvient à faire signer aux Barbares qui acceptent de ne pas les attaquer par le sud en échange de terres. Il leur cède… Les marais, qui entourent Kaamelott. De si beaux marais...
Bon, du coup les Barbares attaquent de tous les côtés en même temps. Un génie incompris. Il avait peut être dans l’idée que les catapultes des barbares s’enlisent, mais du coup non, ils sont juste encerclés.
Je vous rassure, les marais sont récupérés. En général, les chevaliers de Kaamelott gagnent toujours, mais de façon pas toujours classique d'un point de vue art guerrier. Des anti-héros par essence. Par exemple lorsque Merlin doit faire partir un sort, se plante,
ce qui fait rire l'armée adverse, l'armée de Kaamelott en profite pour attaquer. Le roi décrit la scène à la reine : "Ah non, ça c'est que nous. Il faut être capable de passer pour des cons en un temps record".
On passe sur les codes des drapeaux qui ne sont jamais compris par les soldats. Et qui attaquent à tort et à travers. Les adversaires sont toujours issus de contrées lointaines et parlent une autre langue, ce qui complique le dialogue de paix.
Mais heureusement, « quand il s’agit de se mettre sur la gueule, tout le monde finit toujours par se comprendre ».
Bon alors, quand y'a des cartes, pour la bagarre, ça complique encore un peu les choses. Parce que les "conneries de nord et de sud, selon comment qu'on est tourné ça change tout". Donc les chevaliers du roi, des glandus pour la plupart, pigent rien.
En même temps, les anges de la carte sont 4, alors que les Angles, les ennemis, sont une soixantaine, alors forcément ça complique les choses. Ben oui, les angles ne peuvent pas avoir de catapultes, alors que les Angles si. C'est subtil.
Finalement, Kaamelott et la guerre, c'est une histoire d'échecs. L'armée est puissante, moderne, Léodagan veille au grain. Mais elle est composée de glands. Ça aide pas. Ils pigent rien aux signes, aux cartes militaires (le langage militaire devient "après le rocher qui est au
milieu de la clairière après la boucle de la rivière"), aux ordres. En campagne, y'a soit des champignons toxiques au menu soit de la viande de chèvre transformée en eau. Ou des tentes qui crament (oui, dans Kaamelott ils font pas brûler que des mecs)
La guerre, des fois on la gagne des fois on la perd. Ce à quoi Arthur répond « Nous on perd surtout. Enfin c’est pas à chaque fois à cause des champignons, je vous l’accorde »
Et des fois, la guerre se retrouve confrontée à des considérations plus terre à terre, comme lorsqu'un conflit avec les Romains (officiellement, l'autorité de tutelle, mais les soldats en jupette sous l'autorité d'un môme de 10 ans c'est pas trop le truc d'Arthur)
détruit le champ de choux du paysan Guethenoc. Les problèmes de la guerre se retrouvent parfois subordonnés aux problèmes agricoles (ou psychologiques... Bref, ce qui se passe à la campagne).
Et alors quand les femmes viennent s'en mêler... Ben, finalement, ça apporterait p't'être un peu de réussite. Parce que Séfriane d'Aquitaine, invitée par le roi à la Table Ronde, note tout de même que s'ils achètent des troncs d'arbre à ce prix là, ben ils sont en train de se
faire enfler. Les troncs d'arbre étant des béliers. Pour assiéger. Alors que la situation de Kaamelott la rend plus propice à subir un siège qu'à assiéger quoi que ce soit.
Au final, la guerre est tournée en dérision dans Kaamelott du fait de l'impréparation et du manque de professionnalisme des soldats dont s'entoure Arthur. Mais être chef de guerre ça peut aussi être jouer de la trompette et agiter des drapeaux
[Fin. Et allez voir si vous connaissez pas. Et même si vous connaissez. Bonne nuit et prenez soin les uns des autres]
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