Un propos, un document, dès lors qu’ils sont signés (même d’un pseudonyme / hétéronyme) ne sont pas anonymes. L’anonymat, c’est l’absence de nom. La plupart des espaces numériques (et surtout les RS) nous contraignent à endosser un nom.

On ne débat pas de l’interdiction de l’anonymat, mais du pseudonymat. Et dit comme ça, ça devient tout de suite plus grave. Facebook a été le premier RS à imposer sa politique du « vrai nom », contribuant à rendre évidente la continuité entre identité civile et numérique.

Mais elle n’a rien d’évident, et rentre même en contradiction avec les bases utopiques de la création du web ; avec ces moments où l’on pensait réinventer la manière de faire communauté à travers les médiations numériques, et à travers la possibilité de créer des identités basées

sur les actes, et pas sur les filiations. Évidemment c’était utopique, les fractures sociales ne se résorbent pas miraculeusement dans les espaces numériques. Malgré tout, l’identité numérique est utile, parfois nécessaire, et souvent créatrice.

La voir réduite à de « l’anonymat » par des politiciens ne s’étant pas donné le temps de réfléchir plus de trois minutes à sa nature / n’ayant pas consulté un dictionnaire me chagrine.

J’ai peut-être été trop vague, mais le simple fait que nous possédions un profil permet de relier tous nos discours à une identité - « métaphore du Soi » en ligne pour Fanny Georges. Chaque plateforme propose ses propres outils d’editorialisation de l’identité (et donc sa propre

conception, souvent commerciale, de l’identité), et rares sont celles qui nous permettent d’être réellement anonymes. Par ex sur Wikipedia, où les outils d’auctorialisation nous permettent de donner très peu d’infos, nos actes sont reliés au moins à une Ip.

Les pb de la tracabilité des discours / des données et d’ailleurs de leur captation commerciale, ne sont donc pas des problèmes d’anonymat. Ils sont complexes et méritent qu’on ne les simplifie pas. Surtout que nous, usagers du web, avons beaucoup à perdre à les voir simplifiés

par celleux qui détiennent pouvoir économique et politique. Voilà.