Petit thread (que je traduirais peut-être en anglais) pour expliquer pourquoi le terme "Turkestan Oriental" est un terme anhistorique, colonialiste et a été approprié par des terroristes séparatistes. On va parler de Chine de l'Ouest et de nomenclature.

Ce terme est utilisé aujourd'hui en occident par des militants et sympathisants "pro-ouighours" et généralement anti-chinois, quand ce n'est pas clairement sinophobe. Néanmoins, peu de gens savent l'histoire qu'il y a derrière.

Commençons par le début. Le terme est d'abord apparu au XIX siècle dans les travaux des sinologues russes pour nommer la région du Xinjiang en Chine.

Or, ce choix de mot n'a rien d'anodin. A cette période, l'empire russe était en concurrence avec la Chine pour contrôler la région de l'Asie centrale, le choix d'utiliser le nom "Turkestan Oriental" reflète ainsi les ambitions de la Russie de coloniser cette région

En effet, si il y a un Turkestan oriental, cela sous-entend qu'il y en a un occidental, et c'est ainsi que la Russie désignait clairement ses colonies en Asie centrale sous le gouvernement du Turkestan central (actuel Kazakhstan, Tadjikistan, Ouzbékistan et Turkmenistan)

Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si les deux entités brièvement indépendante dans la région au cours du XXe siècle qui ont pris de Turkestan Oriental (première et seconde républiques du Turkestan Oriental) étaient toutes deux des états satellites soviétiques.

Pour la nomenclature, gardez à l'esprit que le Xinjiang actuel se compose de deux régions : le bassin du Tarim au sud et la Dzoungarie au nord.

Le nom Xinjiang quant à lui vient du chinois "新疆" qui signifie soit "Nouvelle Frontière" ou "Nouvelle Marches". Ce nom a été adopté par les Qing lorsqu'ils ont annexé la région au XVII siècle et qu'elle devint ainsi la nouvelle frontière de l'empire.

Or, le terme a fait une résurgence fulgurante récemment. Cela est dû au séparatistes Ouïghours.

Le séparatisme Ouïghour se base sur l'idée fausse que l'entièreté du Xinjiang est le foyer traditionnel exclusif de peuples turcophones, en particulier Ouïghours, et que les chinois Han (ainsi que les autres ethnies) agissent comme colonisateur de la région.

Cette idée a d'abord étée soutenue par l'empire Russe puis l'Union Soviétique qui espéraient se servir des mouvements séparatistes Ouïghours pour augmenter leur influence dans la région.

Aujourd'hui, elle est utilisée par le groupe terroriste du mouvement islamiste du Turkestan Oriental (groupe affilié à Daech et Al-Qaïda) qui a pour but de créer un état ethniquement Ouïghour et suivant la loi de la sharia par la force dans la région du Xinjiang.

Et c'est aujourd'hui ce groupe, basé à l'étranger (surtout en Syrie, Irak et Turquie mais avec beaucoup de membres aussi en Australie ou aux États-Unis) qui utilise le nom de Turkestan Oriental et qui propage cette fausse idée.

Cette idée ne tient en effet compte ni de la démographie ni de l'histoire de la région. Historiquement, les Ouïghour sont un peuple nomade qui a beaucoup voyagé dans l'Asie centrale, leur assigner un foyer national ancestral est donc absurde.

De plus, les nomades Ouïghours se sont sédentairisés au cours du XVII-XVIII siècle dans le bassin du Tarim (aussi appelé Altishahr) qui correspond aujourd'hui à a peu près la moitié sud du Xinjiang, seule partie de la région où les Ouïghours sont majoritaires.

Des termes appropriés pour désigner donc ce foyer national Ouïghours peuvent être : bassin du Tarim (terme géographique), Altishahr (terme historique) ou Ouïghouristan. Le néologisme "Turkestan Oriental" n'y a pas sa place.

De plus, si on se penche sur les dynamiques démographique actuelles du Xinjiang, voici ce qui apparaît :

-la population urbaine de toute la région est majoritairement chinois Han
-la population rurale du bassin du Tarin est majoritairement Ouïghoure
-la population rurale de Dzoungarie est majoritairement Kazakh et Chinoise Hui

Il est donc complètement erroné de penser que la région est dans son entièreté traditionnellement Ouïghoure. Bien que c'est dynamiques de peuplement ont étés renforcées par des politiques récentes, elles trouvent leurs origines bien plus loin dans l'histoire.

Dès la dynastie Han, des commanderies militaires chinoises sont créés autour de tout les oasis du Xinjiang. Le couloir sera annexé complètement par les Tang. Dès lors, on remarque une migration constante de chinois Han vers ces villes de la route de la soie.

Elles prirent véritablement leur essor sous les Qing : lorsque l'empire ré-annexa la région (contrôlée par les Tatares au sud et les Dzoungares au nord), il encouragèrent les populations Han, Hui et Mandchoues à y migrer afin de peupler ces vastes espaces majoritairement vides.

Un autre événement à prendre en compte est le génocide Dzoungar : lorsque le peuple mongole et bouddhiste des Dzoungar se rebella contre le Qing suite à l'annexion de leur territoire, l'empereur décida de les massacrer ou les forcer à l'exil.

Une fois ces massacres perpétrés par les forces sino-mandchoues et des ouïghourse, la région se retrouva vidée d'une partie de sa population et cela attira donc de nombreux colons Han, Hui et Kazakh qui forment aujourd'hui la majeure partie de la population de la Dzoungarie.