Aujourd'hui, on parle d'un jeu et ce jeu c'est... The Silver Case de @suda_51 !!
#TheSilverCase #Suda51 #MiniThread #Maisonestpasdimanche
The Silver Case n'est pas tout jeune, il est d'abord sorti sur Playstation le 7 octobre 1999 uniquement au Japon
Pour pouvoir y jouer dans une version traduite, il a fallu attendre 2016 (PC/Mac) / 2017 (PS4) grâce à Active Gaming Media qui s'est chargé du remaster
Avant de parler du jeu, on va revenir quelques années avant sa conception
Au début des années 90, Suda51 a ~25 ans et réussit à se faire embaucher chez Human Entertainment, notamment grâce à ses connaissances sur le catch ! Là-bas, il finit par bosser sur les 2 Twilight Syndrome
Les Twilight Syndrome sont des jeux d'horreur et comme Suda bosse bien, il a encore + de responsabilités sur le nouvel épisode de la série : Moonlight Syndrome
Suda en profite pour laisser les fantômes de côté et se concentrer sur qque chose de bien + flippant : les humains
Sur fond de meurtres et de psyché humaine (et un peu de réfs au zoroastrisme pour la route), le développement de Moonlight Syndrome suit son cours jusqu'à ce qu'une horrible affaire se déroule IRL à Kobe : deux enfants sont tués par un gamin de 14 ans, le Japon est sous le choc
Je vous passe les détails, mais les similitudes avec le jeu (dont une tête coupée) et le durcissement de la loi qui suivra l'affaire font que Suda ne peut pas vraiment se lâcher totalement sur Moonlight, d'autant + qu'il n'est pas le créateur initial de la licence
C'est entre autre pourquoi une fois Moonlight terminé, Suda quitte Human dans le but de fonder son propre studio : Grasshopper Manufacture ( @Grasshopper_EN) voit le jour en mars 1998
Suda a peut-être des moyens très limités, mais des idées, il en a plein !
Pour leur 1er jeu, The Silver Case, Grasshopper n'a qu'une toute petite équipe (un noyau de 5 personnes / 10 sur la fin)
Ils ont certes une liberté totale, mais il faut bien prendre en compte leur budget limité -> Suda opte pour le jeu d'aventure textuel
Même sous forme de VN, il faut faire des économies, l'équipe crée le système "Film Window" -> images et textes se répartissent dans différentes fenêtres sur l'écran, cela permet d'augmenter le dynamisme et surtout, pas besoin de dév. un moteur de fou tout en restant efficace !
Suda sait également s'entourer, il confie le chara-design et les illustrations à Takashi Miyamoto, un artiste qu'il a connu chez Human et avec qui il avait déjà collaboré sur Moonlight
Miyamoto découvre Photoshop et son style devient indissociable du jeu
Mais peut-être devrais-je un peu raconter de quoi parle The Silver Case ? Le jeu se déroule en 1999 dans l'arrondissement 24 (The 24th Ward) et suit en parallèle une équipe d'enquêteurs et un journaliste confrontés au retour d'un tueur en série, Kamui Uehara
Quand je dis en parallèle, c'est vraiment en parallèle, il y a deux routes à suivre : Transmitter et Placebo
Dans Transmitter, l'équipe enquête et dans Placebo le journaliste trie les infos et résume la situation
Le trailer :
Si les 2 approches sont si différentes, c'est parce que Suda a écrit Transmitter et a demandé à Masahi Ooka de s'occuper de Placebo
Suda découvre Ooka grâce à un guide écrit par ce dernier sur Moonlight Syndrome, sous la forme d'une fiction résumant les événements du jeu
Il lui demande de faire la même chose pour The Silver Case : les chapitres de Transmitter sont volontairement décousus et étranges -> Placebo permet d'y voir + clair
La partie Placebo qui ne devait n'être qu'accessoire prend de + en + de place au fil du dév
Car oui, on ne comprend pas toujours tout ce qu'il se passe dans The Silver Case, surtout au début, on est face à un Suda jeune et brut, qui lance un peu tout dans son jeu
Le thème (voire l'obsession ) est le crime : qui finit par tuer et pourquoi ?
L'ombre de Kamui, tueur en série iconique aussi adulé que redouté, plane sur tout le jeu, pendant que les drames s'accumulent
Ils semblent d'abord déconnectés les uns des autres, alors que... peut-être ... ?
The Silver Case a étonnamment bien vieilli pour un jeu, non pas aussi vieux, mais aussi ancré dans son époque
On est en pleine fin des 90s, les tueurs en série sont à la mode, l'angoisse/excitation de l'arrivée de l'an 2000 augmente, internet grandit de + en +
The Silver Case parle un peu de tout ça, de manière hétérogène et hyper foutraque, il est également très intéressant à faire rétrospectivement, on comprend mieux comment l'incroyable Killer7 a pu être amené à exister ! (qui a découvert Suda grâce à lui ?)
Le jeu n'hésite pas à mélanger les techniques : illustrations, live-action, animation, couleurs ou noir&blanc, il y a de tout
On se déplace quelques fois entre les (parfois longs) dialogues, l'interface est simple et le remaster est de qualité
Suda ne s'en cache pas, son but est de faire des jeux punks, comprendre par là des jeux différents et originaux
Il ne s'interdit rien, surtout pas dans le cas de The Silver Case
Comme par exemple lorsque qu'un des persos nous inflige un quiz de ... 100 questions à la suite :o
Forcément, ça ne fonctionne pas toujours bien, Placebo est extrêmement répétitif dans son déroulement (même si ça fait partie du discours) et on peut rapidement être perdu dans Transmitter, mais il faut + prendre le jeu comme une expérience / un témoin de son temps
Un témoin d'une vision du futur, notamment celle d'un darknet dangereux, de salons de tchat dont les membres pourront vous tuer, un net libre où chacun veut et peut exprimer son opinion, des spams philosophiques, des virus.exe, des idols qu'on espionne
Le jeu s'inscrit dans une thématique continue, celle de KILL THE PAST, un fil rouge qui relie des oeuvre de Suda (des persos de Moonlight apparaissent dans Silver, de Silver dans son jeu suivant Flower, Sun and Rain, etc)
Pas de panique, on peut faire Silver sans rien connaître
The Silver Case est donc à conseiller à celles et ceux qui recherchent des jeux un peu énigmatiques et différents, nimbés de noirceur pré-2000 (so 90s) et de tentatives esthétiques / sont intéressés par Suda51 (marry me), tout est déjà là, en 1999
En dehors de "qui est donc Kamui ?", j'ai été très touchée par les histoires de Spectrum et Parade
On s'attache aussi à ce loser de Tokio Morishima (le journaliste), au destin de Sumio ou à ce bon vieux Kusabi (version idéalisée de Suda dans le futur :D)
Pour aller plus loin : vous pouvez voir ou revoir des films "SO 90's" cités comme inspiration par Suda, Miyamoto et Ooka = Seven, Bienvenue à Gattaca, Heat mais aussi Henry, portrait d'un serial killer (!) ou, grosse inspi narrative selon Suda, Nouvelle Vague de Godard !
Si vous n'êtes pas anglophones, des fans acharnés ont traduit le jeu en français, toutes les infos sur leur compte : @ProjectSilverFR (bravo à vous !)
Pour toute connaître sur Suda51, il y a le livre de @D_Mehdi et @FlorentGorgesFR chez @Pixnlove et je vous conseille de vous abonner TOUT DE SUITE à @Merugezu vu qu'une Biobiothèque de qualité ne devrait pas tarder :3
Et si les affaires de meurtres vous fascinent, un résumé de la sordide histoire de Kobe (TW : c'est affreux)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Seito_Sakakibara
Je crois que j'ai fait le tour (j'ai de loin pas tout dit, mais ce sont les limites du #thread), rdv bientôt MAYBE pour du Flower, Sun and Rain ou la suite de The Silver Case = "The 25th Ward: The Silver Case" dispo aux mêmes endroits !
En fait à la relecture, j'ai oublié de parler de l'OST (super), des épilogues bonus du remaster (sympa), des artworks très inégaux (déstabilisant), ETC. mais bon, point trop n'en faut !
A noter que Suda, sous ses airs de punk, est un sacré perfectionniste : un remake DS était quasiment terminé et devait sortir mais Suda décidera que non parce qu'il était pas d'assez bonne qualité !
Sur ce : KILL THE PAST #99
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