Petite discussion pouvant potentiellement intéresser @rosselin & @EFJ_Officiel (et autres journalistes susceptibles de passer par-là)

Savez-vous qui est ce mec ?
Il s'agit de Charles Philipon. Si son nom et son visage ne vous disent pas grand-chose, il est probable que vous soyez tombé sur son plus célèbre dessin dans vos livres d'histoires :
Et cet homme a révolutionné (en partie) la presse telle que nous la connaissons aujourd'hui.

Attachez vos ceintures, c'est parti !
Né à Lyon en 1800, il fit là-bas les beaux-arts, avant de partir à Paris pour suivre les enseignements d'Antoine Gros. Toutefois, il s'intéressait plus à la caricature qu'à la peinture (on le comprend, c'est chiant). Il retourne à Lyon, son père le destinant au commerce...
3 ans après, il repart à Paris et retrouve ses camarades de l'atelier Gros. Il est alors initié à la lithographie, et commence à travailler pour des journaux de mode et des imagiers, entre autre. Ce fut d'ailleurs lui qui appliqua le concept aux devants de cheminée.
(Vous en faites pas, on arrive à la partie intéressante)

En 1829... Il s'associe à la création du journal La Silhouette. Tout d'abord simple hebdomadaire d'artistes, il devient de plus en plus politique tandis que se dessinent les prémices de la Révolution de Juillet.
Philipon publia d'ailleurs sa première caricature politique le 1er avril 1830 (ça s'invente pas !) : Charles X en jésuite.
Il créera la même année La Caricature morale, religieuse, littéraire et scénique, abrégé en La Caricature, et dont le 1er numéro parait le 4 novembre 1830.
Son associé n'est autre qu'Honoré de Balzac, qui publiera dedans, sous divers pseudonymes, près d'une trentaine d'articles, jusqu'en 1832. C'est d'ailleurs à cette époque que La Caricature adopte un positionnement politique clair, contre la Monarchie de Juillet.
Et enfin... Le 1er décembre 1832 parait le premier numéro de Charivari, le premier quotidien illlustré satirique... DU MONDE ! BOOM ! COCORICO !
A destination des masses populaires, c'est tout d'abord un journal d'opposition à la tendance républicaine affirmée. Mais sa très grande force tient notamment au talent de ses illustrateurs/caricaturistes, majoritairement découverts par Philipon lui-même.
Et parmi ces talents, on retrouve notamment... Honoré Daumier.

Ce dernier avait déjà travaillé à La Silhouette (après avoir été repéré par Charles Philipon) et à La Caricature, où ses dessins mordants de personnalités politiques furent très appréciés.
Enfin... Très appréciés, pas par tout le monde, puisqu'il fut tout de même emprisonné 6 mois en 1832 et condamné à 500 francs d'amende pour une certaine caricature de Louis-Philippe.
Et Philipon, dans tout cela ? Bah lui, il continue son petit bonhomme de chemin. Quand on le censure ou qu'on l'interdit de publier, il créé un nouveau journal, pour le plaisir de bisquer.
"Si intéressante que soit l'oeuvre du polémiste dessinateur et parfois aussi écrivain, le plus remarquable côté de cette organisation privilégiée fut sans contredit sa merveilleuse faculté de vulgarisation. [...]"
"[...] Il possédait plus que personne au monde la première des qualités du journaliste et du spéculateur : le sentiment des probabilités vis-à-vis de la chose qui doit être dite et faite. [...]"
"[...] Cette faculté précieuse [...] devait nécessairement mettre Philipon à la tête de tout ce qui à notre époque a tenu la plume ou le crayon de la satire..."

- Nadar
Sans Charles Philipon, pas de Canard Enchaîné, pas de Charlie Hebdo, Hara-Kiri, et autres presses satiriques illustrées.

Si l'Histoire ne retiendra de lui que ses "poires", le journalisme actuel lui doit bien plus qu'on ne le pense.

- Merci d'avoir lu,
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