Je vais faire un petit #Thread sur des violences sexuelles commises en Côte d'Ivoire sur les employées de maison et auxquelles on a donné le nom ridicule : "Chat noir".

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Alors le "chat noir" désigne le fait pour un homme ou une femme de s'incruster dans la chambre d'un ou d'une employé(e) de maison afin de lui imposer des relations sexuelles au cours de la nuit (d'où la référence au chat noir qu'on ne voit pas la nuit).
J'ai essayé d'être inclusive mais la réalité c'est que 90% des employés de maison en Côte d'Ivoire sont des femmes, la plupart du temps des jeunes filles de familles modestes ou pauvres qui vivent chez leurs employeurs.
Il peut également s'agir de cousines ou de nièces éloignées qui résident pour une période plus ou moins longue chez la famille et qui du fait de leur origine sociale sont obligées de faire les tâches ménagères. Elles sont souvent victimes de violences physiques et morales.
Quoi qu'il en soit, ces jeunes filles donc se voient confrontées au désir des hommes de la maison, autant le père de famille que le fils ou les autres hommes de la famille résidant au domicile des employeurs. Ça commence par du harcèlement sexuel, des remarques déplacées...
... ensuite des attouchements et un soir le calvaire commence. L'homme s'introduit dans sa chambre et la viole, souvent en utilisant la pression économique :"si tu parles je te renvoies", "si tu dis à ma femme elle va te tuer", "comment tu vas aider tes parents si on te chasse" ?
Ensuite c'est un cercle sans fin, les viols et le harcèlement ne s'arrêtent plus toujours accompagnés de menaces. Il n'y a de fin que lorsque la fille de ménage tombe enceinte ou que le crime est découvert par un membre de la famille.
Souvent (et c'est horrible à dire), la maîtresse de maison découvre le pot-aux-roses et incrimine la victime. On la traite alors de "briseuse de foyer", de dépravée, de sorcière... Elle est alors battue et mise à la rue sans que l'agresseur ne soit inquiété.
Le problème est bien là, certaines femmes se rendent complices des crimes commis par les hommes de leur famille. Ils peuvent alors continuer leur sale besogne avec la prochaine employée, et ainsi de suite...
Le terme chat noir à été volontairement choisi pour banaliser le viol. Il nest pas rare d'entendre les jeunes garçons se vanter d'avoir fait :"chat noir" sur la femme de ménage. Leurs amis les félicitent comme si c'était un exploit. C'EST POURTANT BEL ET BIEN UN VIOL.
Certains diront :"mais elles peuvent être consentantes". Je répondrai : quel besoin d'utiliser la menace si elles sont consentantes ? La menace économique et l'intimidation sont les armes de ces violeurs.
Ces jeunes filles viennent souvent des zones rurales, leur niveau scolaire est moindre ou inexistant, elles sont payées parfois moins de 20.000 fcfa/mois soit moins de 30 €/mois. Elles quittent leurs villages pour venir chercher du travail en ville afin de nourrir leur famille.
Évidemment lorsqu'on menace de les renvoyer si elles dénoncent les violences, elles ont peur. Ou iraient-elles ? Comment nourrir leur famille ? Comment retourner chez elles si on les jette à la porte sans un sou ? Biensur les agresseurs se servent de leur vulnérabilité.
Lorsqu'il arrive que le viol soit découvert, le mari confronté rejette évidemment la faute sur la jeune fille :"elle m'a séduit", "elle m'a gbassé (ensorcelé) etc...
Ce besoin d'incriminer la victime en plus des menaces montre bien que l'agresseur est CONSCIENT que la fille n'est pas consentante et que ce qu'il fait est MAL ! Pourtant ce phénomène est toujours aussi banalisé. Depuis bien avant ma naissance et jusqu'aujourd'hui.
Ce problème est connu et ignoré de tous, les agresseurs sont parfois de la petite bourgeoisie ivoirienne, ils se sentent invincibles. La plupart ne seront jamais inquiétés par leur famille encore moins par la police.
Les victimes n'ont parfois pas conscience de la gravité de ces agressions. Elle ne pensent pas avoir le droit de dénoncer leurs agresseurs parce qu'ils sont riches ou simplement parce qu'elles ont déja été victimes de violences par le passé au point de les considérer "normales".
Il existe en Côte d'Ivoire un ministère de la solidarité, de la famille, de la femme et de l'enfant. Il ne condamne pas ces actes et aucune mesure n'est prise pour dénoncer ce phénomène.
Le salaire minimum a été revalorisé à 60.000 francs en 2018. Mais c'est comme si ça ne s'appliquait pas aux employées de maison. Comme si la précarité permettait de conserver une emprise définitive sur elles. Rien n'est fait pour améliorer leurs conditions de vie ou de travail.
Évidemment, on peut comprendre que certaines familles n'aient pas les moyens de payer leurs employées à ce prix. Mais le respect, la protection de leur intégrité, la bienveillance... C'est inestimable !
Améliorer la façon dont elles sont traitées permettrait de leur redonner leur dignité d'être humain et de réduire les violences. Les agresseurs oseront moins s'attaquer à une fille que la maitresse de maison traite comme sa fille ou au moins un membre de la famille !
Alors que si elles sont insultées par les enfants et battues par la mère , elles sont d'autant plus vulnérables car n'ayant aucun soutien et aucune crédibilité si elles décident de dénoncer les violences.
Voilà. J'espère que je vous ai permis de voir le "chat noir" comme ce qu'il est vraiment : UN CRIME. Il est temps de dénoncer la banalisation du VIOL dans la culture ivoirienne et africaine. PROTÉGEONS NOS JEUNES FILLES ET NOS FEMMES ! ✊🏾✊🏾✊🏾

#FinDuThread
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