J’vais vous expliquer comment j’suis passé de gamin qui échappe de peu à la prison pour mineurs a drogué SDF qui dort dans un parking jusqu’à l’homme le plus heureux du monde. Servez vous un bon thé.
J’ai 15 ans, j’obtiens mon brevet des collèges par miracle complètement déchiré à l’herbe le jour de l’examen. La chance le talent, les deux ? Personne ne saura jamais sauf Dieu.
L’été arrive, je vis seul avec mon père depuis ma naissance, il rentre tard du travail donc naturellement je commence à traîner dehors avec des gosses du quartier peu recommandables.
Je m’enfonce de plus en plus dans les conneries jusqu’au jour où je reçois une convocation chez les gendarmes un beau matin ensoleillé de vacances avec le légendaire : Affaire vous concernant. Le karma il m’attendait comme ça au poste.
Arrivé là bas je suis auditionné suite à une très grosse embrouille et le gendarme constate qu’une plainte a été déposée contre moi pour coups et blessures. Je passe au tribunal pour mineurs.
Le jour du jugement, mon père n’a pas dit un seul mot. Je suis placé dans une maison de redressement au lieu d’une prison pour mineurs n’ayant pas l’air d’être un cas désespéré d’après la juge malgré mon petit casier. Je peux arrêter de transpirer.
L’audience terminée on rentre à la maison, mon père part raconter l’audience à ma belle mère ( qu’il a rencontré vers mes 7 ans, c’était ma nourrice, puis ils sont tombés amoureux et se sont mariés ). Ouais c’est cute.
Je l’entends fondre en larmes pendant que je sort discrètement, et je pars annoncer la nouvelle à ma copine de l’époque et mon meilleur pote qui était aussi le sien.
Je me fait traiter d’imbécile, taper dessus et j’en passe par la miss, elle avais raison pour une fois, je la console comme je peux puis je pars en parler à mon meilleur pote dans la foulée.
Qui s’est mit à pleurer également conscient qu’il était seul dans l’histoire à ne pas être tombé n’étant pas connu des services de police. De la s’en suit une soirée mémorable en alcool et drogues.
Le lendemain je rentre vers midi, j’suis surpris par la voix de mon père dans le salon qui travaille habituellement et me demande de venir m’assoir à côté de lui.
J’étais l’enfant type que je veux absolument pas avoir, bordel avec un cross sur la route, bagarres sur bagarres je partais des 4 jours sans donner de nouvelles des fois pour traîner dehors et j’en passe.
Une fois assis mon père me dit " Ange dis moi ou j’ai merdé " j’étais incapable de répondre, encore dans les vapes de la veille j’ai juste poussé un soupir et il a fondu en larmes.
J’avais jamais vu mon père pleurer jusqu’à maintenant, quand je faisais de la merde je prenais des gifles généralement mais là j’ai bien vu qu’il était à bout de nerfs de mes conneries.
Le lendemain départ pour cette fameuse maison de redressement, j’avais préparé des affaires dans un sac, arrivé devant le portail de l’adresse on descend de la voiture.
Mon père me demande de faire attention à moi et de me donner à fond dans ce que j’allais entreprendre à partir de maintenant, car mon avenir était en jeu pour lui.
On se pleure dans les bras donc, et j’met mon sac sur le dos puis rentre dans la maison qui ressemble plus à une villa de gros bourges. J’entends la voiture partir sans me retourner. J’suis au bout d’ma vie
C’était la première fois que j’étais réellement séparé de lui. Pas de téléphone pas de Facebook rien pour communiquer excepté des lettres tel une prison.
J’arrive dans une chambre on me fait vider mon sac me jette une serviette et me demande de baisser mon caleçon pour voir si j’ai pas de la drogue sur moi ou des trucs dangereux.
En fouillant mon sac il trouve une vielle boulette, mais n’appelle pas la police clairement conscient à la vue de ma tête c’était qu’un oubli. Sinon c’était prison pour mineurs direct. J’avais chaud.
Ensuite je vais m’installer avec les autres dans le salon, j’étais le dernier arrivé. T’avais déjà 5 autres gars j’étais le 6eme et dernier de l’équipe du coup.
Je m’assois à côté du seul noir que j’ai vu, j’me suis toujours sentit plus proches des plus noirs que moi va savoir pourquoi, on va l’appeler Renoi. Grand costaud, avec des tresses plaquées.
En face de nous y’a Sofyan, un Dz d’une cité qui s’appelle Boulevard de Metz à Lille, ils sont connus pour bien foutre la merde et c’était le plus gros casier judiciaire de nous 6. Petite bouboule.
À côté de lui Tarek, c’était le plus jeune lui, il avais 14 ans je crois il avais brûlé des poubelles c’était un mec de Toulon, tout fin, des longs pieds comme un flamand rose.
Ensuite Quentin, je me demandais ce qu’il foutait là lui, c’était un gars de La Valette, fan d’Edith Piaf a 15 ans, petit et blond il était grave inoffensif.
Et enfin Jordy, 16 ans, fumait clope sur clope, il venais d’un village pommé dans le Var, la fausse délinquance pure et dure à fumer des joints à l’arrêt de bus.
On nous explique donc le programme et dès demain on pars dans le vercors pour une semaine " d’oxygénation " au programme randonnée, course d’orientation, circuit training cardio ??????
Arrivés on plante les tentes dans un espèce de bosquet bizarre semblable à une scène d’un film d’horreur low coast j’me met avec Renoi, on a déjà bien sympathisé et on voit la vie de la même façon.
Lendemain, course d’orientation, tout le monde s’est perdu, j’ai qu’une envie c’est de rentrer au quartier, j’suis avec des fils de putes dont j’ai absolument rien à foutre et mon père me manque comme jamais.
Surlendemain on fait une " randonnée " toute la journée avec Christophe, c’était un ancien chasseur alpin lui tête de moniteur de ski des cuisses grosses comme un culturiste. Tête de moniteur qui t’apprends le chasse neige.
A la fin de la journée on sentait les ténèbres, j’étais à -91 d’hygiène ils nous disent que si on veut se laver il y’a une rivière là, c’était en plein mois d’octobre l’eau était clairement gelée.
Mais j’me suis jeté comme Shy’m l’a fait à son concert sois disant l’eau froide raffermit la peau et j’me suis lavé, à poil, dans cette rivière de merde, sans rien dire. Mon penis a rétrécit c’était devenu un nombril.
Le lendemain matin on se lève tout le monde constate que Sofyan a disparu. On a vite écarté la thèse de l’esprit malfaisant qui enlève des gens pour les donner en offrande à une entité démoniaque donc ils appellent la police.
voulais déjà rentrer à Lille chez lui mais il s’est fait péter au train, on le récupère, il s’en battait les couilles. C’était pas la première fois qu’il finissait au poste.
Du coup la semaine est annulée, on rentre au centre de redressement, on a un briefing ou on nous explique qu’on va conduire un voilier de 33 mètres avec des escales à droite à gauche seuls mdr j’savais juste conduire des cross moi.
Du coup c’était par binôme, j’me suis mit avec Renoi naturellement, Sofyan avec Tarek il me semble et Jordy avec Quentin. C’était 4h de barre chacun, toute la journée, toute la nuit.
Un soir j’suis avec Renoi on discute et d’un coup sans raison il me demande " Renoi pourquoi tu parles jamais de ta mère ? " On s’appelait tout les deux Renoi oui.
Y’a eu un long blanc, du coup je lui ai expliqué, que ma mère avais essayé d’avorter de moi en cachette quand elle s’est rendue compte qu’elle aurait pas nécessairement les papiers si je venais au monde, que j’avais grandis avec mon père à cause de ça, lui au moins me voulait.
Il a soupiré puis a commencé à me raconter son histoire aussi, c’était un enfant adopté né à Sao Paulo au Brésil, ses parents il les a jamais connus. L’ambiance était chargée d’émotion il devait être 3h du matin.
Et je racontais ma vie à un gosse dans la même merde que moi allongé sur un bateau à mater les étoiles et à fumer des clopes déphasé du monde. Je pensais plus à ma famille, ni mon quartier ni ma meuf de l’époque.
Un beau matin on arrive en corse, on avait un " travail d’intérêt général " à faire dans une ferme. Construire un enclos pour des cochons ( pour la mafia corse qui fait disparaître les corps ???? )
Il faisait un soleil d’enculé, j’avais la tête qui tournait comme jamais mon père faisait ça tout les jours de la maçonnerie, moi au bout d’un jour j’étais déjà knock out.
A un moment je demande un outil à Renoi et il m’envoie chier il me semble on commence à s’embrouiller le ton monte puis Flo nous sépare. J’me retourne puis je le vois au sol avec un educ sur son dos genou entre les omoplates.
Il comptais me défoncer le crâne à coups de pelle dans mon dos, son problème c’était ça. Il était super calme, mais une fois énervé ça devenait un malade. Par respect pour lui j’vais pas vous dire pourquoi il était là mais c’était la raison la plus grave de nous 6.
Une fois le camp terminé on rentre au bateau le soir Renoi et moi on s’adressait plus un seul mot, ça a duré des semaines jusqu’à ce qu’on arrive en Tunisie. Pour faire une marche dans le désert.
Ça se passe mal, forcément le désert c’est chiant. Y’a aucun bruit, on croise personne, pendant une semaine entière on s’est pas douchés, on avait des " lingettes hygiéniques " pour ça, le sable collait à ma peau je petais des câbles.
Puis d’un coup j’me suis mit à penser à mon père, en plein milieu du désert à des kilomètres de mon quartier. Et j’ai pleuré, comme jamais, comme la dernière des fiottes. J’avais mal aux pieds, mal à la tête le groupe m’attendais devant.
Je passe devant tout le monde les larmes se voyaient sur mon visage Renoi me tape sur l’épaule. Ensuite rien de spécial, Tarek se fait piquer par deux scorpions deux jours d’affilé, c’est qu’une pauvre merde et on arrive enfin à destination.
Ensuite on rentre au centre, je me remet avec Renoi pour les quarts, une fois arrivés en France on est surexcités comme des meufs de 17 ans sous coke en soirée. J’allais revoir mon père ma copine retour à la civilisation quoi.
Le lendemain matin j’suis dans ma chambre je nettoie avant de partir, Flo viens me voir en me disant que y’a quelqu’un pour moi dehors, je sors et là j’vois qui ? Mon daron, bras croisés lunettes de soleil tel un thug égal à lui même.
On arrive au quartier ma belle mère avait fait des macroutes cornes de gazelle chorba couscous eh c’était le feu mon petit frère avait appris plein de nouveaux mots j’ai ouvert Facebook j’avais une soixantaine de messages des potes des daronnes qui me disaient que j’leur manquait
J’étais en vacances deux semaines j’suis allé voir ma copine la deuxième et resté mon père là première. J’ai vu mon meilleur pote aussi, on s’est fait le genre de soirée qu’on faisait d’habitude. Call Of Dutty black Ops 1, Nuketown alcool drogues et drogues dans le sang.
Ces deux semaines passées je retourne la bas, les aurevoirs furent moins durs que la première fois, j’étais décidé à me sortir de cette merde et de rendre mon père fier de moi. Je partais au Sénégal là, faire de l’humanitaire. J’avais envie même carrément.
Le lendemain on prends les mêmes et on recommence, meme bateau, on avais nos habitudes c’était devenu le nôtre presque, inutile de vous dire qui était avec moi pendant mes quarts. Direction la casamance au Sénégal.
Ah entre temps j’ai appris que ma copine m’a quitté pour mon meilleur ami, sur Facebook, aux Îles Canaries dans un cybercafé, J’ai déchiré toutes les lettres d’un carnet qu’elle m’avais écrit pour que je lise ça quand je me sentirais seul en les jetant unes par unes à la mer.
On a construit des maison en terre cuite là bas, aider sur un chantier en gros de la maçonnerie africaine mdr c’était génial, on mangeait mafé yassa tout les soirs Renoi et moi on voulait plus rentrer.
Les petits du village m’appelaient Tarzan à cause de mes dreads, et parce que je courrait super vite un jour ou il a fallu que j’attrape une chèvre qui se barrait du village j’ai plaqué cette pute dans la boue comme un rugbyman.
Un mois plus tard on repart du Sénégal, j’avais donné plein de maillots de basket NFL la bas survêts Lacoste Sergio des TN j’en avais plus rien à foutre de tout ça tellement j’en avais pas eu besoin là bas.
Après être journée pleine d’émotions on repart sur Dakar. On avait pris un hôtel bien sympa au bord de la mer t’avait des types qui jouaient au tam tam, ils étaient très détendus on a passé l’après midi avec eux.
On a compris pourquoi ils étaient détendus et nous on fait goûter le produit local afin de nous détendre également. La bas la beuh ils appellent ça le tabac noir, et elle te fracasse mdr, on a passé une très bonne fin de séjour.
On arrive donc à l’aéroport de Marseille pour retourner au camp, une fois arrivé un nouveau débriefing puis rebelote, le lendemain petit papa d’amour viens me chercher c’est encore le premier.
Sur le chemin du retour avant de partir Samir ( un éducateur ) me prend à pars de mon père pour me dire qu’en gros toute l’équipe était super fière de moi, que j’allais pouvoir attaquer le programme de réinsertion, et qu’il fallait que j’continue, des fleurs en gros.
J’ai inondé mon père de mes récits sur la route, j’rentrais pour deux semaines mais javais des mois et des mois à lui raconter.
Papa il connaît bien l’Afrique du coup lui aussi m’a raconté un peu sa vie, première fois d’ailleurs qu’il m’en parlait.
On rentre à la maison donc, j’dis bonjour à ma belle mère et au sac à merde sur pieds ( Mon petit frère ) et j’avais de l’argent de poche sur moi, j’décide de payer pizza pour tout le monde. En arrivant au camion de pizza je passe les commandes et j’attends y’avait 15 20 minutes
J’pète une clope et au loin j’aperçois la maison de mon ancien meilleur pote, et j’me suis rendu compte que j’avais complètement zappé que j’avais une histoire à régler en rentrant tellement j’avais mit mes problèmes de côté pour vivre au Max cette aventure.
J’ai réfléchis un petit moment avant d’y aller je savais pas sur qui j’allais tomber, sa mère, son père, mon ex a poil, puis j’y suis allé. Je sonne, il ouvre, j’ai lâché le même " Bien ou quoi ? " que je lâche quand je croise quelqu’un, il m’a pas répondu.
De là j’ai commencé à sentir mon coeur battre de partout dans mon corps c’était un truc de ouf, j’avais envie d’lui faire des trucs de fou malade et d’un autre côté c’était mon meilleur pote. Il a commencé à avoir les larmes aux yeux, à lâcher des " putain merde putain "
Ensuite je lui ai dit soyez juste heureux, si un jour j’apprends que vous êtes plus ensemble j’vous tue, tout les deux. Oui c’est pas malin de menacer de mort quelqu’un devant chez lui mais l’émotion avait pris le dessus.
La menace a portée ses fruits puisque à l’heure actuelle ils sont encore ensemble, on eu un enfant et en attendent peut être un deuxième ou alors elle se laisse grave aller. Bref, j’suis partit récupérer les pizzas et j’suis rentré à la maison.
Mon année en maison de redressement se termine, pas aussi bien que je l’avais souhaité puisque j’me fais virer, on avait une dernière période de navigation ou je commençais à être à bouts de nerfs.
Sofyan s’est fait virer, la bac de Toulon est venue le chercher carrément, ils l’ont remplacé par un mec de Boulogne sur mer. J’me rappelle avoir coursé ce dernier pieds nus sur le vieux port j’voulais le déchirer psk il esquivait toujours les taches de nettoyages du bateau.
On part direction Hyères, et j’ai trouvé ça sur internet, c’est Renoi qui l’avait écrit.
Suite à ça, j’me fait virer, ils ont estimé que je devenais dangereux pour le groupe le jour où j’ai tabassé Jordy pour qu’ils me rendent mes écouteurs alors qu’ils étaient dans ma poche.
Mon père viens me chercher deux jours plus tard, il est resté dans le bureau du directeur, ils ont parlé super longtemps moi j’étais dans sa voiture j’attendais, en montant il m’a absolument pas dit un seul mot.
Sur la route au bout d’une bonne heure il me dit " Tu comptes faire quoi Ange maintenant ? "
J’lui ai dit j’sais pas j’vais trouver du boulot, en rentrant ma belle mère était plus que déçue, ca se lisait en majuscules sur son visage.
Le lendemain j’suis partit chercher du taff, j’ai tout fait agence intérim mission locale pole emploi j’avais les crocs de fou malade alors que j’étais à peine mineur, personne voulait me prendre donc j’ai commencé à taffer au black dans un grec.
Ça m’a vite saoulé, c’était le grec du quartier en plus, sans cesse j’croisais des gars qui me taillaient ou d’autres qui me montaient le cerveau pour faire des conneries avec eux, qui me disaient Ange met toi au charbon t’es un niqué de faire ça etc
J’refusais à chaque fois en sachant pertinemment qu’ils avaient complètement raison, ça me laissais des pourboires de 40e quand j’encaissais 2 grecs et tout bref, de là j’ai commencé à y penser même si c’était pas ce que je j’voulais.
J’voyais mon père vraiment galerer pour les factures ma belle mère était en France depuis pas longtemps elle arrivait d’Alger, et elle avais du mal à trouver du travail aussi.
Un jour ou je travaille pas j’vais faire un saut au mourillon sur une plage de Toulon, avec ces fameux potes justement et dans la voiture on en parle beaucoup plus sérieusement.
De là ça me chauffe de fou, mais j’pensais a mon père si jamais il l’apprenais, je voulais pas le décevoir encore plus. Les vacances d’été ma belle mère part avec mon petit frère en Algérie en vacances chez sa famille et j’me retrouve seul avec mon père.
J’allais plus bosser au grec moi, il me payait une misère j’faisais le taff d’un salarié clairement pour 50 e par semaines. Un soir il est rentré du travail complètement ivre, j’vous dirais pas pourquoi. Mon père a eu la plus compliquée des vies.
Grandir avec un parent qui bois c’est dur, beaucoup le savent, parce qu’on s’y habitue, seulement la façon qu’il avait de garer sa voiture ou même d’ouvrir et fermer la porte de la maison me suiffaisait à savoir dans quel état il était.
Et j’avais une boule au ventre sans cesse, d’à nouveau me faire défoncer la tronche. Il monte, j’lui dit bonjour j’vois clairement dans ses yeux que j’allais passer une très très mauvaise soirée donc j’esquivais au maximum la conversation.
A un moment donné il me pose une question j’osais pas répondre, je savais ce qui allait se passer, et il m’a mit une droite, j’ai pas réfléchis sur le coup, je lui ai rendu le coup. Il est tombé par terre, et m’a hurlé de foutre le camp qu’il voulait plus jamais me voir.
J’avais fait un sac en furie et j’ai commencé à dormir de chez potes en potes, c’était jamais plus de 2 nuits d’affilés et ça a vite commencé à me saouler, puis est venu un jour ou j’me suis retrouvé avec nul part ou dormir.
C’était impossible pour moi d’appeler mon père pour lui expliquer que je voulais pas dormir dehors. Puis j’suis quelqu’un de très très très têtu, ça me faisait aussi beaucoup de mal de voir que mon père ne cherchait même pas à savoir où j’étais.
Si j’allais bien etc, donc j’me suis fait à l’idée que j’allais vivre dehors désormais. Ce soir là donc j’ai traîné pendant un long moment en ville avant de trouver un parking où j’me suis rendu compte qu’il faisait pas si froid que ça justement.
J’avais pris un ceintre en métal sans faire exprès en prenant une veste dans mon armoire avec la précipitation et il est très bien tombé. J’ai ouvert une 205 pour y passer la nuit, en tendant le ceintre à fond sur le bref j’vais pas vous apprendre à ouvrir des voitures non plus
Dormir dans la rue c’est quelque chose que je souhaite vraiment à personne. Personne ne mérite ça. Y a un sentiment d’insécurité qui vous quitte pas. Le moindre bruit, la moindre lumière qui s’allume, le moindre chat qui se bat, tu vas te réveiller.
C’est vraiment infernal c’était les pires nuits de ma vie, d’ailleurs elles m’ont traumatisé c’est depuis cette époque que j’ai le sommeil ultra léger. Le lendemain j’me demerdais pour prendre des douches chez des potes, laver mes fringues j’revenais à la voiture pour dormir.
Je commençais à avoir de moins en moins de thunes, ça me prenait de plus en plus la tête. Quand j’me suis retrouvé à sec d’argent, j’ai commencé à voler pour manger. J’pensais deja a trouver une arme pour me foutre en l’air
J’me voyais clairement pas faire la manche, au début j’ai commencé à faire ça avec des fruits, j’passais devant les primeurs je prenait 4 ou 5 pommes devant un autre des bananes j’avais un sac eastpack la journée avec tout mes papiers importants dedans.
Des fois j’me faisais serrer dans des Casino Super U, j’volais souvent des conserves que j’mangeais froides, j’disais droit dans les yeux au vigile que j’crevais la dalle, et ça se voyais, j’avais un survêtement blanc il était devenu noir plein de crasse.
J’me suis fait interdire de je ne sais combien de supermarchés. J’avais la chance d’avoir une voiture mais faut savoir que quand t’es un sdf une carte vitale d’identité un passeport ou une mutuelle c’est de l’or. J’ai vu des types se faire fracasser pour ça
J’avais quelques bon gars à qui je m’était confié qui hésitaient pas à m’accueillir de temps en temps ou même à m’inviter à des soirées me changer au moins les idées. Mais c’était pas évident j’ai eu vraiment beaucoup de chances d’avoir des amis comme ça
J’vous cache pas que c’est une période où j’ai sombré sévèrement dans la drogue, au début c’était de l’herbe du shit c’était sympa puis j’ai commencé à chercher plus fort genre Kétamine, j’y suis carrément devenu dépendant.
J’vous déconseille d’essayer ce genre de trucs, c’est un anesthésiant utilisé sur des animaux style chevaux etc des fois. Risques d’AVC, Bad Trips( que j’ai faits ), troubles de la personnalité buvez une bonne bière plutôt.
Mes joues se sont creusées à mort, j’ai perdu facile 7 - 8 kilos aussi. J’ai décidé d’arrêter le jour ou j’me suis rendu compte que je devenais un vrai déchet. J’faisais des cauchemars abominables presque tout les soirs
Ça faisait un bon mois que j’avais plus eu de nouvelles de mon père ni même de ma famille donc j’ai décidé d’en prendre. Il m’a proposé qu’on se voit dans un bar pour sortir du contexte de la maison.
Je m’habille j’arrive au bar il était a une table à l’écart, j’le vois qu’il se lève de la j’sourris j’y vais on s’assoit. Et j’me dis autant arrêter d’le cacher il commande un pastis j’en commande un avec lui.
Je m’étais toujours interdit de consommer de l’alcool devant lui. J’voulais pas qu’il ait peur que je suive ses traces bien que j’ai fait réussis à faire pire l’année d’après.
Ensuite on à parlé de ce qu’il s’était passé, lui était désolé de tout depuis que j’avais l’âge d’avoir des souvenirs, qu’il s’en voulait d’être comme ça, mais qu’il avait conscience que c’était une maladie et que ça lui faisait plus mal socialement et physiquement que de bien
Moi de mon côté j’ai expliqué à mon mon père que je dormais juste chez des potes. J’voulais pas qu’il se rende compte que je préférais dormir dans une épave dans un parking plutôt que de lui demander de l’aide.
De là il me dit que j’peux revenir à la maison, qu’il allait faire en sorte de trouver l’aide nécessaire pour lui permettre d’arrêter de boire, décision qui est toujours d’actualité à l’heure d’aujourd’hui. ( c’est le meilleur j’vous assure )
J’ai dit que j’allais y réfléchir, on a passé l’après midi sur la terrasse comme si aucun de nous deux ne voulait rentrer. Le barman c’est le père d’un gars avec qui je trainais donc il nous a pas cassé les couilles.
Puis on décide de rentrer chez nous, enfin lui chez nous moi chez ma voiture. Le soir j’ai vachement réfléchis à cette journée puis j’ai pris la pire décision de ma vie, la facilité, dont me parlait tout les gars à qui je servais des grecs quelques semaines avant.
J’ai donc commencé à traîner avec ce genre de personnes, à travailler avec ce genre de personnes, dans un quartier y’a toujours un groupe de tête hyper mal vu etc, ben c’était exactement ces types là avec qui je restais toute la journée.
Je dormais chez ces potes là du coup, on était une famille carrément, mais mon père me manquait trop. Un jour j’ai décidé de rentrer, mon père m’ouvre, j’avais même pas pris les clefs. Ma chambre était retournée dans tout les sens
J’ai tout rangé, j’me suis dit que ça serait la dernière fois tout ça. Les jours passèrent, je sortais souvent je prétextais que j’allais chercher du travail, un jour mon père m’appelle, en me disant qu’il sait que je suis pas en train de chercher du travail du tout.
Qu’il sait exactement dans quel bâtiment du quartier je suis à quel étage et ce que j’y fais, c’est ça le problème des cités tout le monde voit tout, connais tout le monde, tout le monde sait tout.
De la j’me suis dit que j’allais vraiment commencer à chercher du travail même si j’en avait absolument pas envie, si j’savais que j’allais écrire 584949 lettres de motivations pour rien etc.
Mon père a été cool pour ça, j’pense qu’il aurait fait la même chose à ma place voilà pourquoi il a réagis aussi calmement. Je travaillais en intérim du coup, j’me faisait 400 e par ci. 600 e par la, mais c’était pas un emploi stable ça me soûlait.
Fallait les appeler tout les matins, et la secrétaire faisait trop la meuf saoulée, j’ai toujours fait avec. Quelques mois et mois plus tard, je fête mes 19 ans, et dans la foulée ma mère me contacte.
Par téléphone, en me disant qu’elle désire me voir et que maintenant que j’suis majeur je suis assez grand pour comprendre certaines choses. J’en parle à mon père il était pas trop chaud pour que j’y aille, il avait peur que je décide de rester là bas, donc je pars pour Paris.
Elle habitait à Poissy dans le 78, une cité qui s’appelle Beauregard. Elle ressemblait à la mienne à part que le boulevard au milieu coupait le quartier en 2. Je sonne à la porte elle m’ouvre, elle habite au dernier étage, y’en avait 6. J’arrive comme ça.
Ascenseur cassé la cité banale quoi, j’arrive devant la porte je toque, et une grande femme m’ouvre avec le sourire. C’est là que j’ai compris que si je faisais 1m91 c’était pas grâce à mon père.
Donc je rentre elle me montre ma chambre, que j’en ai une depuis toutes ces années y’avait une télé, une bonne vingtaine de cadeaux de partout, des habits pour enfants qu’elle m’a acheté à chaque fois mais qu’elle m’à jamais envoyé parce qu’elle avait pas mon adresse.
Tout les courriers pour noël etc que j’ai jamais reçu étaient dans cette chambre. J’ai tout lu, toute la soirée, elle faisait que de venir me voir me faisait des grands sourires, elle avait les mêmes dents que Kanté. Une fois que j’ai tout lu j’me suis posé 5749 questions
Alors j’ai préféré aller dormir. Le lendemain ma mère était déterminée pour que je vive avec elle en fait. Elle m’a poussé à mort à trouver du travail à la base je devais rester juste une semaine, au final j’suis resté presque 2 mois.
J’avais trouvé du taff dans une boîte d’électriciens, tout les matins j’tapais rer a ligne 1 jusqu’à l’hôpital Necker a l’époque où il était encore en construction . Jusqu’à ce que j’en vienne à parler un soir de l’histoire avec mon père.
pourquoi elle était partie comme ça. Et était une histoire qui divergeait absolument de la version de mon père. Je savais qu’un des deux disait pas la vérité. Suite à ça j’ai décidé de retourner chez mon père. J’avais rencontré une meuf sur Paris on sortait ensemble depuis peu
J’en avais marre de faire des Paris - Marseille pour voir ma meuf et en plus de ça elle allait enmenager en Bretagne donc des mois plus tard j’ai décidé de la suivre et d’enmenager avec eux. À la maison y’a un fossé de creusé entre moi et mon père, ma belle mère encore pire
J’ai refusé une promesse d’embauche à la mairie pour y aller. J’me sentais pas le bienvenu. Donc me voilà en Bretagne on vivais avec sa mère au début le temps de se trouver un appartement et du travail moi j’ai trouvé du taff dans une usine de préparateurs de commandes
On s’est pris un appartement, ça se passait plutôt bien jusqu’au jour où elle a commencée à se détacher de moi je ne sais pour quelle raison. Et là où j’me suis fait baiser c’est que elle avait sa famille en Bretagne, moi personne.
J’savais pas qu’une relation pouvait autant changer en enmenageant avec une personne. C’est allé crescendo, a la fin j’me sentait carrément à l’écart quand on allait chez sa famille. C’était infernal, alors j’ai commencé à boire de plus en plus, à fumer de plus en plus.
j’avais appelé mon père pour lui expliquer que ça se passait mal et que j’savais vraiment pas quoi faire il m’a dit qu’il fallait que j’y réfléchisse avant, que maintenant que j’avais mis mes pieds dans la merde c’était à moi de nettoyer mes pompes.
J’ai commencé à sortir le soir juste pour ne plus être avec elle, j’avais un bail à mon nom, j’me sentait niqué j’savais plus quoi faire du tout.
A part mon père j’avais personne, et y’a un soir où j’me suis mit à marcher dans le village où on était, j’ai marché marché j’avais une bouteille de Poliakov à la main j’ai commencé à la descendre pure en pleine rue.
Parler tout seul à écouter du son, comme un soulard en fait et a un moment j’voyais des lumières partout j’savais même pas où j’étais c’était juste une nationale alors j’ai marché à côté, j’avais des mega tendances suicidaires à cette période de ma vie j’vous cache pas.
Au point que j’me pose devant la route sur une bute et que j’regarde les bagnoles passer pendant 10 bonnes minutes. Puis j’decide de rentrer. Elle avait dormit chez sa mère j’étais seul à l’appartement, un jour ma cousine m’a contacté sur Facebook et j’ai vidé mon sac cette fois.
elle m’a cash appelé en me disant de faire une demande pour intégrer un centre EPIDE, j’savais pas du tout ce que c’était donc j’suis allé voir sur internet.
Elle est éducatrice spécialisé pour les jeunes de cité dans celui des quartiers nords de Marseille. Jamais j’aurais cru la voir dans ces circonstances. C’est un genre d’école de la deuxième chance en gros, c’était plein de jeunes meufs comme gars qui voulaient s’en sortir.
J’passe 4 ou 5 entretiens là bas, ma candidature est retenue j’ai le profil qu’il leur faut ( J’ai pas hésité à raconter ma vie comme vous l’avez lue, j’aime que les gens sachent qui ils ont en face d’eux, et c’que je veux pour l’avenir ).
On avait des tenues pour porter un genre d’uniforme, j’avais une belle dégaine de prof de maths, jugez en par vous mêmes le soir on mangeait à la cantine midi pareil c’était vraiment sympa, ensuite j’me suis rendu compte que c’était inutile que j’reste en Bretagne.
J’me suis fait transférer mon dossier dans un centre dans les quartiers nords à Marseille. Mdr c’était le feu j’avais jamais vu autant de cassos réunis au même endroit. Félix Pyat, la Castelanne, les oliviers les rosiers t’en avais de partout.
J’me suis fait au taquet de potes que je croise sans cesse sur Marseille, et c’est de là que j’ai voulu rentrer dans l’armée pour m’en sortir parce que j’ai vu que ce cadre me plaisait. O faisait du sport on marchait au pas etc
Que j’avais besoin de discipline, que j’aimais bien la vie en collectivité parce que j’me suis rendu compte que des gens qui ont galeré comme toi sont bien plus compréhensibles et réfléchis que des " Amis " de longue date.
En terminant mon programme d’insertion, après mes rendez vous au cirfa j’explique à mon père tout fier que mon dossier a été accepté pour l’armée, j’étais aux anges, je m’enculais au sport pour réussir les tests que j’ai réussi.
En rentrant du centre d’examen à Lyon, j’annonce la nouvelle à tout les gars qui m’ont hébergé quand j’étais à la rue. Mon foie a jamais autant morflé c’était une semaine de débauche pour pas dire un enterrement de vie de p’tit con. Ils étaient même plus heureux que moi
La veille je prépare mon sac pour aller faire mes classes etc, c’était la libération, à chaque fois que je croisais le regard de mon père t’avait un petit sourire sur son visage, j’voyais la fierté dans ses yeux.
Que il me racontait ses années pendant son service je marchais sur ses pas, " tu verras quand tu iras au camps des garrigues (j’ai bien vu d’ailleurs) " etc mon petit frère avait 13 ans il arrêtait pas d’me dire que j’allais tuer des méchants comme dans Battlefield ce zguegue
Pour prendre les bonnes habitudes la veille j’me rase le visage et j’vais me faire un dégradé bien court pour la première fois, en terminant j’étais méconnaissable, lisse comme un dauphin mdr a la base je ressemblais à ça. ( j’ai aussi arrêté définitivement de fumer )
Je m’inspecte pendant 10 bonnes minutes puis ma belle mère rentre dans la salle de bain, j’me retourne, c’est assez marrant en plus quand ma belle mère me parle parce qu’elle doit faire un truc comme 1m53, moi j’fais 1m91.
Puis elle me dit, " Tu sais Ange je t’ai toujours élevée comme mon fils, t’as toujours laissé un fossé entre nous deux mais j’veux que tu saches qu’aujourd’hui je suis vraiment fière de toi et j’espère qu’un jour on aura la complicité que t’as pas eu avec ta mère "
Sa voix est partie en couilles et elle s’est mise à pleurer en me tendant un billet de 50e. Je l’ai serrée dans mes bras, moi aussi j’avais les larmes aux yeux mais j’ai fait en sorte qu’elles ne coulent pas.
Et quelque part, j’vous en ai pas parlé parce que j’avais 8 ans mais si j’étais aussi bon à l’école sans en branler une en cours c’était grâce à elle. Si j’connais aussi bien mes tables de multiplications elle y est aussi pour quelque chose.
J’ai pas voulu de ses 50 euros parce que je savais qu’elle en avait bien plus besoin que moi du coup je les ai pris pour les cacher dans un tiroir de la cuisine, j’ai dit au revoir à tout le monde le soir et j’suis partit me prendre un hôtel à côté de ma base pour le lendemain.
Et désormais voilà, j’ai une femme géniale qui me soutient dans absolument tout ce que j’fais, avec qui je vais me marier, j’marche sur les traces de mon père, j’ai un toit, un bien beau salaire, mais surtout j’suis l’homme le plus heureux du monde vraiment.
Je peux pas répondre à tout le monde je suis désolé mais vos messages me vont droit au coeur merci l’équipe, prenez soin de vous. ( Je désactive les notifications )
You can follow @tontonyams.
Tip: mention @twtextapp on a Twitter thread with the keyword “unroll” to get a link to it.

Latest Threads Unrolled: