Ma famille a été sauvée par un bœuf têtu. Il était couché sur la cache d’armes et de faux papiers, il n’a jamais voulu bouger, la gestapo est repartie bredouille de la ferme. J’existe aujourd’hui grâce à un bovin borné. https://twitter.com/shettyshet/status/1004763240285507591
Il existe une photo de ce bœuf, prise juste après la guerre, façon photo de famille. Cette photo est encore encadrée chez certains de mes oncles et tantes encore vivants.
Bon après, dite comme ça l’histoire est pleine de mignonnitude mais pour ce que j’en sais ça a pas été la super fête à la ferme ce jour là. Les allemands étaient un peu vénères et comme ils pensaient tenir un « grosse terroriste » ils n’ont pas fait dans la dentelle.
La grand-mère était enceinte jusqu’aux dents du 3ème de mes oncles. Bizarrement ce dernier a débarqué le lendemain matin alors que le grand-père venait de se faire embarquer pour des explications de texte un peu particulières.
Au passage Twitter en profite pour se payer ma tronche avec ses liens sponsorisés. 🤨
Bon, revenons à nous moutons, enfin, notre bœuf. C'était quand même un peu la guerre et les grand-parents avaient moyen apprécié les cours d'allemand à domicile sur fond de bruits de bottes. Alors, systématiquement, tout ce qui portait du vert de gris était tourné en bourrique.
J'étais trop jeune pour avoir entendu toutes les histoires et je ne connais que les plus "sympas", genre la même bouteille vendue deux fois au même soldat ou les tonneaux remplis de pisse en lieu et place du vin escompté... En tant qu'occupant il y avait de quoi être chagriné.
Alors forcément, quand ils ont eu l'info permettant de relier ces blagounettes, du déraillement de train, de l'attaque ce convoi et autres joyeusetés à une seule personne, ils ont bien déballé toute leur rancœur dans la ferme familiale.
D'ailleurs, un de mes oncles m'a raconté une fois, qu'un des souvenirs marquants de ce moment c'était l'accordéon d'un ouvrier agricole qui avait dévalé tout l'escalier produisant une note à chaque marche pendant qu'ils étaient tous contre le mur.
Au final, comme ils n'avaient rien trouvé, ils ont embarqué le grand-père. Mais malgré certaines méthodes un peu poussées (ça par contre, j'ai entendu des trucs, c'est pas mignon du tout), il n'a pas craché le morceau.
Au final, ils se sont lassé et ils se sont dit, on relâche le franzose, on le fait suivre et il nous emmène direct aux autres terroristes. Le truc c'est que Helmut et Hans ont pas du être super discrets avec leurs manteaux noirs et leurs chapeaux mous.
Le grand-père les a grillé, a soupçonné un truc ou a simplement appliqué les consignes, mais il est allé boire un coup dans un café-hotel-restaurant qu'il connaissait. Entré comme il fallait par la porte d'entrée, sorti dans le linge sale par la porte de derrière.
Pendant ce temps, le lendemain de l'arrestation et malgré l'accouchement, la grand-mère gérait l'évacuation de tout le merdier compromettant. Et à priori, c'était un peu plus que deux cartes de rationnement et un tromblon.
Après ça, le grand-père s'est cogné deux ans de maquis, je sais qu'au moins un de mes oncles l'a rejoint. Les autres enfants faisaient la liaison.
Après la guerre, certains esprits malins ont fait le rapprochement entre l'arrestation et le fait que le curé se soit fait éclater la tronche par le grand-père sur un prétexte un peu futile, d'autant que le curé n'a jamais porté plainte et qu'il a demandé à partir après ça.
Seuls mes oncles et tantes d'avant 42 ont été baptisés et aussi loin que je m'en souvienne, le "show-biz des curés" avait une fâcheuse tendance à bien vriller les nerfs du grand-père.
J'ai une boite, avec quelques objets, trésors, de cette époque, un brassard FTP, un petit drapeau rouge et un petit drapeau français. J'ai aussi récupéré le couteau du grand-père, celui qui rythmait le début et la fin du repas, donné de son vivant. :)
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